Nous sommes le jeudi dans la nuit. La rue était calme, quelques voitures allaient et venaient sans s'arrêter. Probablement des travailleurs tardifs ou bien des gens qui allaient faire la fête dans un autre coin de la ville.

Sur le trottoir, on entendait des pas lourds d'un homme. Les lourdes bottes indiquaient que l'homme devait peser au moins dans le 80 kg. L'obscurité cachait le visage de l'homme. On le vit sortir une main de sa poche pour regarder l'heure pour ensuite la remettre dans sa poche: minuit, il était minuit passé. Officiellement, nous étions maintenant le vendredi matin.

L'homme tourna le coin de la rue. Il toussota deux fois avant de renifler légèrement à cause de la tiédeur de la nuit. Au loin, il y avait quelques lumières de publicité de commerces situés sur la rue. Parmi ceux-ci, se trouvait un bar. Un homme seul qui marchait dans la nuit se dirigeait forcément vers un établissement du genre. L'homme parcourut la distance sous les quelques lumières des lampadaires de la rue. Lorsqu'il se trouvait sous un de ceux-ci, on distinguait quelques traits sur le visage de l'homme.

Il s'agissait du soldat John K. Clark, nouveau soldat du SGC. Il était maintenant nouvellement affecté à l'unité de combat d'élite spatial. Du moins, officieusement. Officiellement, il s'occupait de la surveillance d'un silo de missile situé tout près de la ville.

En entrant dans le bar, John jeta un coup d'oeil rapide à la pièce. Il s'agissait d'un bar ordinaire: environ une vingtaine de tables pour consommer de l'alcool, deux tables de billard situées au fond de la pièce, un long comptoir au centre de la pièce qui faisait un carré pour accueillir les gens un peu plus seul. Il y avait quand même pas mal de monde, soit une quarantaine. Pour la plupart, il s'agissait d'hommes et de quelques militaires. Cela était logique puisqu'il y avait une base non loin d'ici. Cependant, l'alcool déliait des langues. John savait très bien où aller s'il voulait soutirer de l'information au cours de ses missions.

Sans attendre, John bifurqua une table pour se diriger vers une table près des fenêtres ouvertes vers la rues. On pouvait voir les gens qui y passaient mais la teinte des vitres empêchaient les passants de l'extérieur de voir dans le bar. Il entendit la musique qui animait l'ambiance. John ne connaissait pas beaucoup les titres des chansons, mais il savait qu'il s'agissait de rock et qu'elle datait de quelques années. Par miracle, le son n'était pas trop fort, ce qui permit à John d'entendre à quelques mètres de lui.

Une fois assis, John garda sa veste qui le protégeait du froid. Il plongea sa main gauche dans la poche de sa veste et il la laissa. Il regarda vers l'extérieur. Il était tellement concentré qu'il n'entendit pas la première fois que la serveuse lui parla:

- Allez-vous prendre quelque chose à boire monsieur

John ne tourna pas la tête. Devant cette situation, la femme renchérit un ton plus fort:

- Monsieur, c'est à vous que je m'adresse.

John tourna la tête tout de même sans paraître surpris. Il remarqua qu'il portait toujours sa casquette. Par politesse, il l'enleva pour l'accrocher au barreau de sa chaise. Il regarda la jeune femme, environ la mi-vingtaine, cheveu brun jusqu'au milieu du dos. Son maquillage ne parvenait pas à lui dissimuler les poches sous les yeux qui indiquaient la fatigue auquel elle était soumise. Aucune bague à son doigt, aucun bijou d'ailleurs si ce n'est que le crucifix au cou. Elle portait un T-shirt blanc portant le nom du bar et une jupe noire qui lui arrive à la mi-cuisse, probablement la tenue réglementaire du personnel. Dans l'ensemble, cette femme était une beauté qui devait probablement se taper un travail de nuit pour subvenir au besoin de se payer des études.

Le soldat se passa une main dans les cheveux et s'éclaircit la voix avant de répondre:

-  Oui, si je pouvais avoir une bière, ça serait bien merci

Le serveuse se retourna et John remarqua une cicatrice derrière son coude droit. Ensuite, il n'était pas certain si c'était à cause de l'obscurité, mais il y avait une partie sombre à la base de son cou. John suivait le trajet de la femme avec le reflet qu'elle faisait dans la fenêtre à côté de lui. Cette dernière, qui était sur le chemin du retour avec la commande de John, lui adressa un sourire. Probablement le même que tous les hommes avait droit.

Quand elle déposa son verre sur la table, John sortit rapidement la main de sa poche pour saisir le poignet de la femme. Au début, elle eut un geste de recul avec un gémissement de panique. Mais quand elle sentit aucune tension dans la poigne de John, elle se calma rapidement.

John regardait la main de la jeune femme. Deux de ses doigts avaient déjà été fracturées. Ensuite, de son autre main, John toucha le poignet de la serveuse et cette dernière étouffa un cri. John regarda dans les yeux de cette jeune femme et il lâcha son poignet. La jeune femme ne semblait pas avoir peur. Ni l'un, ni l'autre ne parlait mais John comprit aussitôt. Le regard de cette serveuse était bien connu du soldat. Elle commença à avoir les yeux qui s'emplissaient d'eau quand on entendit:

- Anna, Anna, il y a des clients qui veulent à boire

- Euh quoi?!?! Oui, oui oui, j'arrive tout de suite

Anna, la serveuse, mit son cabaret sous son bras et s'essuya les yeux en se dirigeant vers une autre table. De son côté, John se recala dans sa chaise, replongea sa main gauche dans sa poche de veste, se frotta les deux yeux avec son pouce et son index de sa main droite avant de prendre une gorgée de bière. Il regarda à nouveau vers l'extérieur

John était toujours assis à sa chaise. Il n'écoutait pas vraiment la musique qui passait tout en l'écoutant. Les doigts de John était humide à cause de sa bouteille de bière qui condensait dû à la différence de température entre le liquide et la pièce. Le sous verre devrait d'ailleurs être changé.

Sa main était toujours dans sa poche. En fait, elle ne l'avait pas quittée de la soirée. Ses pensées erraient quand son regard croisait celui d'une autre femme. Cependant, dans sa façon de regarder John, dans la façon dont elle marchait vers lui, il était clair qu'elle le connaissait ou elle voulait s'en prendre à lui. Cependant, John reconnu ce visage, il l'aurait reconnu parmi mille semblables.

Il fallait dire que, la dernière fois que John l'avait rencontré, elle avait son arme braqué sur lui tandis que celui de John était sur l'ex-mari de sa femme. L'agente du FBI tentait de dissuadé John de faire feu sur l'assassin de sa femme. Elle lui avait également dit qu'à cause du passé de John et de son métier, il serait considéré comme extrêmement dangereux et il ne pourrait probablement jamais avoir de liberté, était-ce qu'il voulait pour Elyzabeth et Mary? Elles vivraient avec une mère assassinée et un père meurtrier?

C'est bête, parce que John est déjà un meurtrier. La seule raison pourquoi il n'était pas arrêté était que c'était le gouvernement qui lui disait de tuer. C'était la seule chose qui différenciait un meurtrier d'un soldat: tuer pour la bonne cause, tuer selon un code... alors, après avoir vidé son chargeur sur un mur plutôt que dans la tête du meurtrier de sa femme, il a remit son arme à l'agente. Cependant, avec le recul, John sait qu'il a prit, encore une fois, une mauvaise décision. Car tuer le meurtrier de sa femme aurait été de tuer un homme pour la bonne cause. Le nom cette femme qui avait assisté au cauchemar de John: l'agente Cara Mallory.

John ne savait pas trop comment réagir face à elle. Oui elle avait empêché à John de devenir un criminel, mais elle l'avait tout de même accusé durant toute l'enquête du meurtre de sa femme. Des interrogatoires interminables durant la période la plus fragile de la vie de John, des fouilles dans sa maison à la recherche de preuves... La vie de John avait été un cauchemar encore plus. Maintenant, l'agent Mallory était ici et elle semblait bien heureuse de voir John.

Le soldat se leva par politesse et étudiait la jeune femme. Bien habillé et bien coiffé, elle sortait de son travail. Aucune bague au doigt, toujours pas mariée mais rien n'excluait la possibilité d'un petit ami. Son sourire indiquait qu'elle ne gardait aucune rancoeur de la dernière rencontre avec John et qu'elle avait sûrement bien comprit ce qu'il vivait. John lui répondit:

- Bonsoir à vous aussi agent Mallory.

Il indiqua à l'aide de sa main un siège libre à côté de lui pour que la femme s'assoit. John se rassit et il prit un gorgée de bière pour se donner du courage. Il ajouta:

- Mary semble avoir oublié qui lui a donné la vie. Pour elle, c'est ma soeur Helen qui est sa mère. Pour ce qui est d'Elyzabeth, elle...

John resta les yeux vides, regardant devant lui. En se regardant de cette façon, c'était le visage de sa fille qu'il voyait et non le sien. Il se regardait lui-même, ne sachant pas quoi dire au sujet de la plus vieille de ses deux filles. Le psychiatre ne parvenait pas à la percer, probablement une caractéristiques des Clark. John se tourna vers Cara et lui dit:

- Elyzabeth n'a pas oublié sa mère.

Une autre gorgée de pour faire passer le mal. Sans avoir à demander, la serveuse, qui semblait un peu nerveuse, revint pour lui servir une deuxième consommation. Étrange, John ne lui avait rien demandé. Cependant, il comprit pourquoi. Elle avait remit subtilement un mot à John. Il le lit avant de le plier pour le ranger dans sa poche. Il fit un signe de oui de la tête et la serveuse lui sourit avant de partir sans la bouteille vide de John. Remarquant son erreur, elle fit volte-face pour ramasser la bouteille vide en s'excusant et repartit aussitôt.

John se gratta la tête et il regarda Cara avant de lui demandé:

- Et vous, toujours pour le FBI? Vous semblez loin de votre quartier général. Une affaire dans le coin?

On entendit une voiture de police avec la sirène qui fonctionnait qui passait dans la rue. Le bar s'éclairait pendant quelques secondes d'une lumière bleue et rouge.