Jack gara son 4x4 à cheval sur le trottoir, rangeant ses rétros le long de la vitre histoire des le protéger d’un éventuel abruti de conducteur. Heureusement la route était plutôt large et le coin tranquille. C’était le genre de quartier qui habitait des retraités, des jeunes couples fortunés, ou bien des gens qui travaillaient à leur domicile. Car l’entretient des maisons, avec garage et véranda pour la plupart, ainsi que le jardin, demandait à certain temps de présence afin d’y consacrer son amour et sa passion. Une partie de sa vie, même.
Il fut donc étonné quand Jason lui donna cette adresse. Son ami Colonel vivait seul et n’était pas du genre à passer beaucoup de temps chez lui, surtout cette année où il avait passé pas moins de six mois sur une planète à l’autre bout de la galaxie.
O’Neill arriva devant la porte et appuya sur la sonnette. Il avait en main un pack de bière, petit cadeau de bienvenue pour fêter son retour à la vie réelle. Son ami avait fini par sortir du coma, et la satisfaction de Jack put se lire sur ses traits fatigués quand il vit la tête de Jason apparaître au carreau, avant d’ouvrir la porte.

« J’ai fais du shopping ! » Jack lança presque le pack dans les bras de Jason, avant de rire et de passer son bras derrière sa tête chauve et de le rapprocher de lui, appréciant cette étreinte amicale durant quelques secondes.

« T’a l’air d’être en forme. » Finit-il par dire, reculant de peu pour pouvoir l’observer plus distinctement.

Les rapports entre Jack et Jason n’avaient cessé de changer depuis qu’ils se connaissaient, à leur arrivée au SGC. Respectueux au départ, ils ne pouvaient plus se blairer à partir du moment où Turner jouait les têtes brûlées arrogantes. Quand il avait pris du galon, ils avaient laissé leur différent de côté et avaient fait un effort pour s’apprécier. La bonne entente entre officier ne faisait pas de mal, pour les hommes comme pour eux-mêmes. Et puis il y eut la période où Jason avait eu l’étiquette du NID sur le front, et pendant laquelle Jack l’avait détesté et l’aurait presque pendu sur la porte des étoiles si ça n’avait tenu qu’à lui.
Cependant, la vérité avait fini par éclater et Jason avait eu maintes occasions de prouver sa valeur en tant qu’officier du SGC. Leurs rapports s’étaient améliorés, tandis que Turner prenait les commandes du Prométhée et que Jack était promu à la tête de la base. Ils avaient fini par s’apprécier dans la douleur et la résistance face aux multiples problèmes rencontrés. Chacun d’eux avait failli mourir au moins une dizaine de fois mais ils étaient toujours là.
La présence de Turner était non seulement amicale mais aussi rassurante. Elle rappelait à Jack qu’il n’était pas le seul vétéran amoché par des années de services plus folles les unes que les autres.

« Ca fait du bien de te revoir marcher parmi nous, crapule. »

O’Neill franchi le pas de la porte, aidé par sa béquille pour donner l’impulsion nécessaire à sa prothèse jambière pour faire le premier pas. Il jeta un œil à l’entrée et essaya de se souvenir quand était-ce la dernière fois qu’il avait mis les pieds ici.
Mais en fin de compte, c’était la première.

La maison de Turner était spacieuse, avec un grand jardin derrière. Jack y fut invité, une bière à la main. Son œil valide scrutait les environs, à la recherche de quelques espions ou micros du NID, peut être. C’était une sorte de paranoïa naturelle chez lui, surtout depuis que son ancien foyer avait été détruit par cette organisation de connards. Il voyait le mal partout, interprétait le silence comme le calme avant la tempête, et le moindre regard de biais à son égard le rendait tendu, presque sur le point de dégainer.
Si ça venait à arriver, il ne pouvait dégainer qu’une bouteille de bières, n’ayant aucune autre arme sur lui. Mais il se souvint que c’était déjà arrivé une fois pour se défendre face à une armoire à glace, et il pouvait le refaire si c’était nécessaire, à condition d’avoir bu son contenu avant de passer à l’action. Jack détestait le gâchis. Dans une autre vie, il aurait pu être écolo. Mais maintenant qu’il avait passé plus d’un demi-siècle d’existence, il s’autorisait quelques caprices comme conduire un 4x4 par exemple, polluant quotidiennement telle une mini-centrale nucléaire.

« T’inquiète pas j’ai vite trouvé ! » Répondit le Général. « J’ai un grand sens de l’orientation. Je ne me perds jamais, sauf dans ma poche. »

Des coups résonnèrent apparemment à la porte car Jason partit pour aller ouvrir. Du jardin, Jack n’avait rien entendu. Une diminution de l’audition due à la vieillesse probablement. Ou peut être que cela datait de cette fois où un tir de canon goa’uld avait pété juste à ses pieds, le jour même où il avait du se séparer de sa jambe gauche. Il se souvint avoir été sonné, le regard perdu dans les nuages grisâtres de Nebek, pendant que ses oreilles sifflaient et son ouïe s’adaptait à un changement de pression. Des heures durant cela avait duré et toujours ce même sifflement, comme pour lui rappeler qu’il avait frôlé la mort.
Du bruit incita Jack à se retourner et à découvrir un invité de marque : Menchu Narah, la racaille du SGC. C’était rare de le voir en dehors de la base, et encore plus sans armes sous la main. O’Neill imaginait d’ailleurs que ce n’était pas le cas et qu’un couteau ou une arme de poing se trouvait quelque part sous sa veste, ou dans ses chaussettes. Il l’observa donc de haut en bas avant de parler.

« Menchu ? » Il se tourna vers Jason. « T’as réussi à le faire sortir de sa taverne ? J’y crois pas… » Puis il revint vers le chef des Black Eagles, un sourire aux lèvres.

« Dis moi, ça fait quoi de sortir et de vivre un peu dans le monde extérieur ? Ca doit te faire tout bizarre. »

Il ria de bon cœur face à cette légère provocation et fit une accolade à son vieux frère d’armes. Jack n’avait jamais été le plus subtil des hommes. Son humour avait bien changé depuis un certain nombre d’années. Sa façon de voir les choses était plus claire, plus directe, plus sombre aussi. Ses sarcasmes étaient devenus son passe temps, mais son honnêteté une qualité qu’on pouvait encore louer chez lui. Il fallait faire avec, ou l’éviter. Cela avait sûrement un lien au fait que Jack n’avait plus beaucoup d‘amis.

« Alors Jack, quoi de neuf depuis tout ce temps ? Tu tiens toujours bon à la tête de la base avec autant d’pression sur les épaules ? »

« Oh tu sais ce que c’est. » répliqua-t-il entre deux gorgées de bières. « J’envoie des hommes au mission, certains n’en reviennent pas. Je dois donner ma signature sur des papiers, ou subir la colère de mes supérieurs. Sans parler de nos alliés, qui ne nous aiment plus… Quand j’étais Colonel je me fichais un peu de tout ça. Je faisais un peu n’importe quoi, selon mon instinct et ma conscience. Je prenais mes responsabilités et je les assumais. Mais depuis que je donne le ton, c’est différent… Si je savais qu’un gars comme moi contrôle la base la plus importante de la planète, j’aurais la trouille. La vie de mes hommes dépend de mes décisions et de mes actes, et j’espère faire les choix les plus justes pour nos intérêts. Est-ce que je suis le candidat idéal ? Sûrement pas. Hammond était un bon, lui. Et même cet imbécile de Peterson était mieux. Est-ce que je me débrouille bien malgré tout ? Est-ce que je tiens le cap ? Seule l’avenir nous le dira. Quand le programme sera mentionné dans les bouquins d’histoire. Quand tout ceci sera révélé aux yeux du monde entier… J’espère ne plus être là pour voir ce jour arriver. »

Il se rendit compte qu’il avait perdu l’attention de ses interlocuteurs, après ce long monologue où il avait pensé à voix haute. Il fit ses excuses, tout en précisant que sa place était derrière un bureau maintenant, et que c’était le seul endroit où on pouvait foutre un type comme lui sans qu’il ne gêne son monde. Il aimait ce qu’il faisait, ne vivait que pour son travail. La retraite n’était pas pour demain.

« J’veux bien une bonne cuisse de poulet, et une merguez. Je meurs de faim ! »

Jack fit quelques pas dans le jardin, écoutant ses camarades parler. Cela faisait si longtemps qu’il n’avait plus profité d’un peu de temps avec ses amis. Paul Davis n’était plus au SGC, muté à un autre poste moins sensationnel et avec des responsabilités moindres. En même temps, vu tout ce qu’il avait traversé lui aussi, un peu de repos ne lui ferait pas de mal. Mais cet éloignement faisait qu’il ne le voyait plus tant que ça. Boba aussi, cela faisait longtemps qu’ils ne se voyaient plus en dehors de la base. Leur trio d’amis avec fini par éclater avec le temps, mais un autre était toujours là grâce au ciel. Turner avait survécu à la dernière mission du Dédale. Narah avait vaincu Svarog, et Jack n’était toujours pas mort de vieillesse.
Bref, c’était le jour idéal pour se retrouver.

Une étreinte brève et sincère entre deux frères, voilà comment furent les retrouvailles avec Jason. Ce vieux loup m'avait manqué et même si je n'ai jamais cru à la mort de l'équipage du Dédale, j'ai toujours eut une crainte au plus profond de moi, la peur qu'il se soit sacrifié pour ses hommes et qu'il ai coulé avec son vaisseau mais la réalité fut pire encore. Six longs mois d'un Exil au condition difficile que le Colonel ne connu pas à cause d'une maladie qui le mit au bord de la mort, dans un profond et pesant coma. Et en un sens, je suis plutôt heureux de ne pas avoir été avec eux, juste pour ça : je n'aurai pas supporté de voir jour après jour mon vieil ami dans un tel état, ça m'aurait rendu complètement fou.
Mais assez pensé à tout ça, aujourd'hui c'était journée détente ! Je suivis alors Jason qui ne prit pas la peine de me faire faire le tour du propriétaire, m’emmenant directement dans le vif du sujet, là ou c'était intéressant...
Une fois la porte fenêtre de derrière passée, je vis le Général O'Neill assit dans un fauteuil, une bière à la main et un large sourire sur le visage. Je ne pu empêcher mes lèvres de s'étirer pour former un sourire.

-A dire vrai, le soleil à tendance à m'agresser les yeux.

Je répondis avec plaisir à l'accolade de mon supérieur qui, le temps d'une journée, était redevenu le Colonel avec qui j'avais connu tout les fronts, on avait versé beaucoup de sang côté à côté, celui de l'ennemi comme le nôtre. Mais tout cela avait payé, enfin je crois... Difficile de s'y retrouver maintenant, avec les intrigues politiques qui s'entremêlaient au SGC et pompait une grande partie de notre force vive. Je m'installais aux côtés de Jack posant mon sac à mes pieds. J'enleva aussi ma veste de motard qui se trouva une place sur le dossier de la chaise

-Mais bon, pour un barbeuc entre vieux baroudeur, j'peux bien prendre un peu l'air !

Je pris ma bière et la dirigea vers celle de Jack pour trinquer avant de boire quelques gorgées d'un air tranquille, mes lunettes de soleil sur le nez, depuis quelques temps je supportais moins bien qu'avant la lumière, faudrait que je prenne le temps d'en parler à Naomi, ouais... Quand j'aurais le temps.
Jason s’enquit alors du moral de Jack, voulant savoir comment ça se passait, à la tête du SGC et le vieux soldat répondit, la voix alourdie par son fardeau et à la fin, je ne pu m'empêcher de prendre aussi la parole.

-Le temps n'a pas son mot à dire sur nos actes. La base est restée imprenable, nos hommes se battent et les Goa'ulds se pissent dessus en entendant ton nom. T'as fait les bons choix Boss et peu importe ce qu'en pense les politicards et les ronds d'cuirs, ils n'ont pas la moindre idée de nos sacrifices, à tous.

Je lança un regard vers la jambe gauche de Jack qu'il avait perdu lors de la mission sur Nebek, l'une des pires missions que le SGC ai connu... Détente !

-Un peu d'tout, j'ai pas encore mangé aujourd'hui et j'pense que j'avalerais un bœuf complet là.

L'équilibre alimentaire n'était pas mon fort je ne prenais jamais le temps de manger convenablement et le métier de soldat n'était pas pour m'aider alors je faisais avec, mangeant comme je le pouvais quand je le pouvais, sachant pertinemment que je ne risquais pas de prendre du poids avec mes journées surchargées. Pis franchement, la viande avait l'air trop bonne pour ne pas s'en remplir la panse.

-Oh que ouais ! J'leur en ai fait voir de toutes les couleurs pendant les entraînements et notre première mission à vu la mort de Svarog... Silence. Et de deux hommes du SGC. Je bus une gorgée de bière pour me redonner contenance. Là je prépare une mission pour qu'on établisse une base extérieur sur un monde officiellement neutre, mais la population nous soutient officieusement. J'prend mon temps, le Pentagone risque de se montrer peu enthousiaste, même si notre premier triomphe nous donne d'office un certain crédit.

Je reposa ma bière, sortant un paquet de cigarette de mes poches ainsi que des allumettes, j'en allume une et en propose à mes frères d'armes avant de jeter négligemment le paquet sur la table.

-Et toi, comment tu vas vieille canaille ? Quand est-ce qu'on te revoit dans les couloirs du SGC ? Ou sur un vaisseau...

(Pour imager, la maison est dans ce style : http://44.img.v4.skyrock.net/6964/48656964/pics/1970372891_small_1.jpg )

Ca faisait longtemps que je n’avais pas profité de mon temps comme ça. Un beau début d’aprem, le soleil était présent, il ne faisait pas très chaud mais juste assez pour ne pas devoir se foutre à poil et retirer tous ses fringues se sauter dans une piscine à la recherche de fraicheur. J’avais mes deux meilleurs amis avec moi, quoi demander de plus ?

J’étais aux fourneaux. J’avais jamais réellement été un cordon bleu, mais là il suffisait pas d’avoir fait les grandes écoles pour faire cuir des bouts de viande. Tout en préparant le repas, j’écoutais Jack répondre à ma question concernant le commandement du SGC. C’était vrai qu’il s’était passé tellement de choses durant ces dernières années qu’il sera impossible de tout nommer en une après-midi. Cependant, plusieurs souvenirs majeurs faisaient surface dans ma mémoire ; l’attaque d’Apophis au SGC, le secourisme de SG-2 sur une mission qui avait finalement tourné au fiasco, les dimensions parallèles et j’en passais. Si c’était à refaire, il était bien évident que je le referais avec plaisir, mais les choix seraient peut-être différents.

« En tout cas les gars, faut rien regretter. Même si on a fait des erreurs, qui n’en a pas fait ? Au moins on pourra dire qu’on aura fait quelque chose pour contribuer à la défaite des Goa’ulds, un jour on pourra le dire. C’est pas le cas de tous. Je suis fier d’avoir fait partie du SGC. »

En parallèle de mes paroles, je servais déjà les premiers morceaux de viande, une dizaine de minutes après avoir commencé à les cuirs. D’autres viendraient très vite.
Buvant une gorgée de bière, je la rabaissai et écouta Menchu répondre à son tour à la question que je lui avais posé. Lui aussi en avait vu des vertes et des pas mûres durant les années au SGC et en dehors. Jack avait été handicapé physiquement à plusieurs endroit, pour Menchu c’était plus l’aspect psychologique. Une torture mentale, mais il n’en restait pas moins le type le plus coriace avec qui il m’avait été donné de bosser.

« J’doute pas qu’ils doivent en chier avec toi ! Au moins ils sont formés à la bonne école. » ajoutais je avec un large sourire avant de me retourner vers le barbecue pour bouger un peu la viande.

Puis, vint la question de Menchu. Je fixais la cuisson en la bougeant inutilement, retournant trois fois le même morceau de viande. Je me tournais alors vers eux, après avoir posé la pince du barbuc’. J’me posai contre la petite table à côté du grill ou j’avais la viande cru après l’avoir un peu poussée. Je bus un gorgée de bière et croisa les bras. Je les fixais avec un petit sourire.
Vu d’ailleurs, ma réaction devait paraître étrange, mais elle n’était pas vraiment volontaire. Je n’avais pas prévu que l’un d’eux me pose cette question, et j’étais un peu prit au dépourvu. Je baissai la tête avant de me la gratter d’un air gêné. Enfin, je décroisai les bras et m’avança vers Menchu et Jack.

« Des.. types du CIS et du Pentagone sont venus me voir quand j’étais à l’hôpital. J’ai fait un premier rapport. Un dénommé Rasmussen est ensuite venu, me proposant plusieurs options, et la reprise d’un vaisseau n’en faisait pas partit. Enfin je.. j’m’y attendais. J’ai bousillé le Prométhée, et là le Dédale s’est planté sur une planète avec prêt de 70% de son équipage. A quoi j’devais m’attendre ? Enfin bref. J’ai pas trente milles options. Ils m’offrent un poste de Général au Pentagone comme consultant des futurs projets Terriens concernant tout ce qui touche au SGC et à la défense de la planète etc, et.. c’est tout. Enfin c'est déjà pas mal vous m'direz, mais je sais pas si ça peu me convenir. Plus de vaisseaux, plus de missions... Ils me veulent plus en première ligne ces enfoirés.
Pour tout vous dire, si je vous ai invité à venir manger chez moi c’était pour vous revoir et aussi vous annoncer un peu tout ça. Je sais plus vraiment ou j’en suis ni quoi faire, j’voulais avoir votre avis pour espérer prendre une décision… » Une dernière gorgée acheva le contenu de ma bière que je posais sur la table devant laquelle étaient assis mes deux amis.

« Enfaîte, un autre choix s’offre à moi… La retraite. »

(Désolé d’enchaîner que maintenant les gars !! Avec le design j'étais super prit et après c'était plus tendu lol :p)

Jack était toujours étonné de voir à quel point la détermination de Menchu n’avait pas diminué d’un poil après toutes ses années. Trop occupé à la base pour vraiment penser au Colonel, il avait écouté la conversation en réalisant qu’effectivement, ce dur à cuir n’était pas encore à ranger dans les carcasses du SGC. Il avait fait un long et épuisant chemin jusqu'ici mais l’avenir s’ouvrait toujours à lui. Il n’y avait qu’à penser aux Black Eagles, ou au fameux projet d’établir un poste avancé sur une autre planète autre que le Site Alpha. Il n’était pas évident de négocier ce genre de chose avec les têtes de mules du Pentagone et du CIS, et il fallait bien faire attention aux moyens et aux termes utilisés pour une telle requête. Et pourtant Narah jouait bien le jeu, maniant sa demande avec diplomatie, ce qui était assez rare pour le souligner. Bref, il avait encore de longues années devant lui, ce qui était moins sûr pour Jack, et bien moins certain encore pour Turner.

« Tu as été un grand chef, Jason. Je suis sûr que tu as fais ton maximum en tant que navigateur de l’espace. Commander la base la plus importante de la planète, c’pas évident… Mais diriger le seul vaisseau qu’on a, ça l’est encore moins ! »

Celui-ci expliqua la suite de ses aventures après son retour sur Terre, alors qu’il sortait du coma. Cela rappelait à Jack ce vilain accident où il avait perdu son œil gauche. La reprise n’avait pas été facile, physiquement et mentalement. Quand on sortait d’une grande blessure, l’égo en prenait un sacré coup car on paraissait plus faible, presque honteux de s'être trouvé dans un tel sale état. Jack se souvenait qu’à son réveil, il aurait préféré mourir plutôt que de vivre ça. Mais maintenant après toutes ses années, ce moment de sa vie était derrière lui et il avait tout fait pour rattraper le coup en travaillant à nouveau et essayant de regagner son honneur.
Jason Turner avait connu autre chose car non seulement il avait frôlé la mort, mais il avait aussi perdu son vaisseau et presque le trois quart de son équipage. Ce tournant avait du résonner comme un coup de couteau dans ses tripes. On disait qu’un capitaine ne quittait jamais son navire et qu’il coulait avec lui en cas de défaite. Jason n’avait pas eu la chance de choisir vu son état comateux durant cette période mais Jack n’en doutait pas qu’il avait du garder quelques séquelles psychologiques, que son honneur avait du être sérieusement touché et remis en question, et que les visages des hommes morts sous son commandement devaient le tourmenter dans ses cauchemars. C’était et cela serait toujours le cas pour O’Neill en tout cas.

« Général au Pentagone ? Décidément, ils mettent n’importe qui là-bas ! » Dit-il d’un ton rieur, avant de cesser tout commentaire en voyant que son ami était perdu et dans le flou total, concernant l’avenir de sa carrière militaire. Il parla même de la retraite, un mot qui faillit donner le fou rire à Jack, lui qui avait plongé dedans à deux reprises par le passé mais qui avait toujours repris le service actif au bout de quelques mois à peine.

« Tu penses qu’il est temps de raccrocher les crampons ? » Il attendit qu’il réponde avant d’ajouter : « Sache quand même que ça me rassurerait un peu de te savoir là-bas, certes en tant que consultant seulement, mais ta présence pourra peut être faire bouger certaines choses. Peut être que tu leur feras comprendre ce qu’on peut vivre et la pression inutile qu’ils nous mettent sur les épaules depuis toutes ces années. En tout cas, sache que tu ne peux pas rêver mieux, surtout venant de ce chien de Rasmussen et de ses supérieurs… Les vaisseaux et la porte des étoiles, tu pourras toujours observer ça de loin... De toute façon, qu’est-ce tu peux faire d’autre ? Planter des choux dans ton jardin ? J’crois pas que ça soit ton activité favorite… Par contre, si tu pouvais profiter d’ton temps libre pour trouver une jolie demoiselle bien fertile, histoire de peupler un peu plus cette belle maison, je pense que ça pourrait te faire le plus grand bien ! On arrive à un stade où faut se changer les idées et profiter un peu de nos vies qu’on a si longtemps mises de côté. Pour ce qui en reste... »

Puis, à force de trop parler, Jack prit un bonne et longue gorgée de bière pour se dessécher le gosier, avant de ronger sa cuisse de poulet jusqu’à l’os. Il s'attendait à entendre le point de vue de Narah après ça, mais au final, seul Turner déciderait de son propre avenir.