Deux jours depuis l'attentat contre O'Neill. Ça faisait donc, tout naturellement, deux jours que je n'avais pas dormi. Mes seules pauses avaient consisté à prendre une douche, je mangeais devant les rapports que je recevais et me reposais en faisant des micro-siestes dans la salle de brief entre deux briefing avec un fond musical. Ma tenue restait somme toute assez classique puisqu'elle se composait d'un treillis noir et d'une veste de la même couleur dont j'avais retroussée les manches, la gauche contenait d'ailleurs les écussons de FoxHound et des Black Eagle. L'aigle représentant mon grade était discrètement affiché de chaque coté de mon col et je portais tout naturellement mon SOCOM contre ma jambe droite -ainsi qu'un couteau de combat à la ceinture mais il était caché par ma veste. Je n'avais pas pris le temps de raser ma barbe laissée en friche et me contentais de laisser libre ma tignasse qui ne me gênait pas encore trop. Des cernes s'étaient formées tout autour de mes yeux et mes traits s'étaient étirées, trahissant ma fatigue nerveuse.
En parlant de nerf... J'm'en grillerais bien une, bordel ! Bah ouais, j'avais pas fumé depuis deux jours non plus, j'avais pas le temps de remonter ni même d'aller m'installer dans la Tanière pour m'en griller une et le manque commençait à me titiller. Harriman semblait l'avoir compris et s'arrangeait pour qu'on m'apporte régulièrement une tasse de café, même quand il n'était pas de service. Putain ! J'espère qu'O'Neill se remettra vite de ses blessures, qu'il puisse récupérer sa place à la tête de la base, la paperasse me rendait fou... D'ailleurs, j'allais bientôt avoir une « pause » vu l'heure. J'avais convoqué Becker ici même, dans la salle de briefing, à seize heure pile pour lui poser quelques questions sur Scorzi et son rôle de pilote. C'était presque une récréation.
…
Bordel ! Pour en arriver là, je suis vraiment au fond. Un soupir plus tard et je referme le dossier devant moi, m'enfonce dans le siège et me frotte les yeux, mon pied tape régulièrement le sol lustré, signe de ma nervosité du moment du à la charge de travail et aux questions me taraudant : que faire du Prisonnier 0 ? Comment protéger efficacement O'Neill ? Que faire de Scorzi ? Comment gérer le Pentagone, l’État-major, le CIS et le NID ? Bon, concernant le NID, j'avais bien une idée, mais le nucléaire c'était apparemment too much. Je jette un œil à ma montre et me lève pour aller vers la machine à café que j'avais emprunté au mess pour me ravitailler plus vite et c'est tout en me servant que j'entendis des pas réguliers s'approcher. Je tendis l'oreille mais le bruit ambiant de la salle de contrôle m'empêchait d'en savoir plus.