Au plus les heures passaient, au plus je me demandais ce que je faisais là. Je n'avais pas eut la moindre idée pour sauver la planète mais quoi de plus normal sachant que j'étais linguiste? A part déchiffrer d'anciens textes, je ne servais pas à grand chose. Le doute m'avait envahi et je ne parvenais plus à m'en défaire. Cela ajouter à mon ex-mari qui, depuis qu'il avait retrouvé ma trace, ne cessait de me harceler, j'étais vraiment à bout de nerf.

Heureusement, les brillants cerveaux de cette base avaient fini par trouver un plan pour sauver la planète et nous prions tous pour qu'il réussisse sans quoi, nous ne savions pas ce qu'il allait advenir de la planète et de tous ses habitants.
Finalement, il ne nous restait plus qu'à attendre.

Le docteur Anderson nous félicita pour notre travail et déclara qu'il allait voir si les chefs de cette base avaient encore besoin de nos lumières. Je décidais de le suivre même si je doutais très sérieusement de pouvoir les aider dans quoi que ce soit. Nous dirigeant droit vers la salle de briefing, le sergent Mish nous arrêta ce qui n'était visiblement pas au gout du docteur.

Le sergent nous informa que nous ne pouvions monter parce que soit disant nous n'avions pas assez d’accréditation. Aussitôt je vis rouge et allais remettre ce militaire de pacotille à sa place que le docteur Anderson me devança montant un peu plus encore dans mon estime si cela était possible.
Nous commencions à créer un bouchon et le monde commençait à me donner le tournis. Il fallait au plus vite trouver une solution d'autant que le sergent, d'un ton des plus condescendant demanda au docteur de prendre ses dispositions pour éviter que les aliens n'entrent en possession de nos travaux.

-Comme si nous ni avions pas déjà penser! Murmurais-je entre mes dents.

Et une fois de plus, montant encore un peu plus dans mon estime, le docteur Anderson lui répondit exactement ce que je pensais. Pourtant le sergent ne nous laissa pas pour autant passer et je sentis que je ne pouvais plus me taire.
De plus en plus de monde s’agglutinait autour de nous et je sentais que je commençais à sérieusement étouffer.

- De toute façon, comme l'a dit le Docteur Anderson, ce sont les scientifiques de cette base qui ont trouvé une solution à notre problème et pas vous alors nous avons beaucoup plus notre place là-bas que n'importe qui! Donc soit vous nous laissez passer, soit vous allez cherchez le colonel Narah pour qu'il nous donne l'ordre lui-même de repartir parce que comme vous l'a si bien dit mon collègue, nous ne prenons nos ordres que de lui et pas de vous!

Je n'avais pas parlé doucement et je n'avais pas put me taire, une fois de plus. J'avais croisé les bras d'un air de défi et attendait de voir la réaction du sergent alors que le silence s'était un peu fait autour de nous. Je savais bien que pour avoir parlé ainsi à un officier de l'armée, je risquais de me faire arrêter mais je m'en fichais après tout, nous allions peut-être tous mourir.

Mish était complètement désarçonné par cette masse de scientifiques. Il y avait trop de pression sur ses épaulettes de sergent, si bien qu'il remonta d'une marche pour prendre un peu plus de distance. Il était hors de question que tout ce monde accède à la salle de briefing, mais il ne pouvait pas les en empêcher sinon l'homme à lunette, le dénommé Anderson, responsable des scientifiques d'après ce qu'il affirmait, risquait de piquer une violente crise d'autorité et le Sergent Mish n'était pas un habitué des lieux pour savoir si l'autorité de cet homme était justifiée ou si au contraire, il n'avait rien à craindre de ses menaces.
Malgré tout, il décida de le laisser passer, voyant tous les regards noirs de la salle de contrôle posés sur sa personne. Il suivit Michael, Elizabeth et les autres jusqu'en salle de briefing. Celle-ci était baignée dans une obscurité voulue, plongeant l'endroit dans une ambiance de confidentialité militaire pré-opération. Le Colonel Narah était assis en bout de table et à sa droite, le Lieutenant-Général Kimsey regardait dans la même direction. Dans un coin, l'équipe de Pentagone était toujours postée sur des ordinateurs. Des moniteurs plus longs et plus larges avaient été installés dans les quatre coins de la pièce. On avait baissé l'intensité lumineuse pour qu'aucun halo ne vienne refléter sur ces écrans. Et pourtant, deux sources lumineuses étaient tournées de manière directive sur Narah et Kimsey pour qu'on puisse voir à travers la petite caméra posée devant eux, au milieu de la table.
Rapidement et discrètement, Anderson et Hash s'installèrent contre un mur et purent apercevoir qu'il s'agissait d'une vidéo conférence. En plus des responsables du SGC se trouvaient réunis ici le Président des États-Unis d'Amérique, caché dans un bunker en lieu inconnu, et la webcam qui transmettait son image ne révélait aucune information qui aurait pu dévoiler sa localisation. De même, il y avait les hommes d'états ou des hauts responsables des plus grands pays de cette planète. La France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, le Japon... Seule la Chine n'avait pas encore répondu dans les délais à cette réunion improvisée.
Celle-ci avait débuté il y a cinq minutes maintenant et actuellement, c'était la voix du Colonel Chekov et non celle du Président russe qui résonnait de manière tonitruante dans la salle de briefing, non intimidé à l'idée d'être écouté par les plus grands de ce monde.

« … avec tout le respect que je vous dois, nous vous avions demandé très clairement de manière légitime, il y a deux ans maintenant, à pouvoir prendre en main la construction du nouveau prototype de vaisseau DSC-304, à le garder sous notre juridiction et notre commandement. Où est-il aujourd'hui, celui que vous appelez si fièrement l'Odyssée ? C'est vous, qui avez ordonné son envoi à l'autre bout de la galaxie pour vaincre Sokar. Aujourd'hui, non seulement il n'est pas là pour assurer la défendre de la Terre mais en plus, notre ennemi extraterrestre est à nos portes. »

« Colonel Chekov... » Commença à dire Kimsey, ne voulant pas perdre la face devant son Président qui écoutait attentivement. Il fut vite ignoré par son homologue officier russe.

« Si la Russie avait eu la responsabilité de cet appareil de combat, soyez sûr qu'il aurait été en première position pour défendre notre planète ! A cet instant, la Russie sait quelles sont les forces dont elle dispose mais qu'en est-il de votre côté ? Assumez-vous la responsabilité qui est la votre de devoir défendre la planète entière ?! »

« Veuillez-vous calmer, Colonel. Nous devons tout mettre en œuvre pour éviter la pire des catastrophes. Nous sommes en guerre, je vous rappel. »

Cette voix, c'était celle du Président des États-Unis d'Amérique. Ce n'était ni une voix embarrassée, ni déterminée, ni douteuse ou ferme. Le signal sonore qui était sorti de la connexion satellite avait été comme un murmure profond de réflexion, de conscience... ou d'impuissance. Pour autant, Chekov ne décolera pas.

« Je vais en avertir mon Président dès qu'il sera possible. Mais je parle en son nom quand je vous dis que je suis extrêmement déçu de la gestion de votre pays concernant la sécurité de la Terre, votre gouvernement et votre base à vous, Colonel Narah, a fais preuve d'irresponsabilité... Ne soyez plus surpris si dorénavant, la Russie fera cavalier seul concernant les décisions de sécurité nationale et internationale! »

Toute personne dans la pièce pouvait sentir la pression qui montait. Certes, ils s'adressaient à des écrans et les personnes qui s'exprimaient n'étaient pas vraiment présente. Et pourtant, personne n'osait bouger le moindre petit doigt.
Personne sauf le Sergent Walter Harriman, qui remonta à toute allure les marches. Voyant le Colonel Narah occupé, il se rapprocha de Michael et d'Elizabeth, restés en retrait par rapport à la conférence.

« Docteur Anderson, Docteur Hash... Euh, vous devriez venir voir ça. »

Les deux personnes repartirent en salle de briefing, suivant le Sergent qui reprit place devant son poste de travail favori. Il montra plusieurs choses sur les écrans d'ordinateur. L'une d'entre elle était une modélisation 3D de la surface de la Terre.

« Nous avons été pris de cour... La flotte de Sokar ne sera pas là avant plusieurs heures mais nous avons déjà repéré un appareil non identifié. Il... Il est apparu à toute vitesse avant de stationner en orbite basse... Du moins, c'est ce qu'on a cru quand j'ai commencé à tracer sa trajectoire. »

Une animation sur l'écran montra l'objet en question, faire des mouvements circulaires autour de la Terre, beaucoup plus rapide que ne l'aurait fait la lune, et donc beaucoup moins naturel. Harriman désigna un écran encore à côté et agrandit la reproduction 3D de cet OVNI, devant les yeux de Michael et d'Elizabeth.

« Je vais appeler la NASA, peut être qu'ils ont plus d'infos. » Ajouta Walter sans lâcher des yeux ses écrans.

Cet OVNI, il s'agissait d'un petit appareil sans pilote, bien plus petit qu'un chasseur goa'uld, qui tourna autour du globe pendant plusieurs dizaines de minutes avant de s'immobiliser. En son centre, on pouvait observer une pointe semblable à celle d'une petite pyramide, dirigée vers la Terre... et plus précisément vers le continent américain.
Les sens de l'observation de Michael et Elizabeth remarquèrent même qu'il s'agissait du nord des États-Unis...

« La NASA fait une étude là dessus, ils ont réussi à localiser l'objet. » Déclara Walter en mettant le combiné téléphonique dans le creux de son épaule. « Devons-nous en avertir le Colonel tout de suite malgré sa... réunion ? »

J’avais bluffé bien évidemment. Mais mon bluff porta et le sergent Mish nous laissa passer la porte. A l’intérieur de la salle de briefing la lumière avait été tamisée. Une vidéo conférence avait été organisée entre les grands de ce monde et il semblait que la conversation s’éloignait des préoccupations immédiates qui auraient dû faire l’objet d’une telle rencontre à distance entre les grandes puissances de notre planète. Bien évidemment le colonel Narah participait à cette vidéo conférence étant le commandant de la seule armée apte à défendre notre petite planète des envahisseurs reptiliens.

A peine entré et je voulais déjà ressortir. Ces petites discussions politiciennes m’écœuraient et j’aurais payé cher pour avoir l’occasion de leur rappeler ce pourquoi ils avaient tous été élus et ce que les électeurs attendaient d’eux. Le temps des guéguerres était terminé il était temps de s’allier  face à un ennemi commun. Qu’apporterait une énième discussion stérile ?  A ce rythme-là si les goa’uld décidaient d’attendre quelques jours supplémentaires pour arriver, ils trouveraient une Terre ravagée par une guerre nucléaire… Après tout nous n’avions besoin d’aucune aide extérieure pour nous détruire.

Je secouai la tête. Les politiques étaient tellement loin des préoccupations de monsieur tout le monde que cela en devenait risible. S’ils voulaient aider les goa’uld en ralentissant les opérations de défense de la Terre ils ne s’y prendraient pas mieux.

- Elizabeth, je pense que nous avons fait une erreur de venir ici. Ces gens sont bien loin de nos priorités. Nous sommes venu pour aider, mais veulent-ils de notre aide ? … veulent-ils d’une aide tout court  ?  Quand je vois ces petites querelles politiciennes ayant toujours pour départ la recherche de davantage de pouvoir j’ai soudain envie de démissionner et de revenir à mes fouilles égyptiennes.

Je tournai les talons pour sortir de cette salle à l’air vicié par les paroles toxiques de nos politiques lorsque je tombai sur Walter.

- Docteur Anderson, Docteur Hash... Euh, vous devriez venir voir ça.

Nous accompagnâmes le technicien en salle de commande. Walter avait découvert quelque chose. C’était sur des personnes comme lui que dépendait l’avenir de la Terre et non sur des politiciens, j’en étais persuadé. Il nous montra un petit objet qui tournait en orbite autour de la Terre et qui s’était fixé sur le Nord des Etats-Unis… L’endroit le plus sensible concernant la défense terrestre.

- Je n’aime pas ça… J’ai un mauvais pressentiment Walter.

- La NASA fait une étude là-dessus, ils ont réussi à localiser l'objet. Devons-nous en avertir le Colonel tout de suite malgré sa... réunion ?

Je hochais la tête, l’air grave.

- Je prends sur moi d’aller prévenir le colonel. Walter, fournis les détails à Elizabeth je te prie et contacte les scientifiques restés au labo. Elizabeth je te laisse étudier l’objet, le colonel voudra des précisions concernant cette menace.

En salle de briefing rien n’avait changé depuis 5 minutes. Les discussions étaient toujours aussi tendus et sans aucun intérêt pour La Terre et ses habitants. Aussi c’est sans aucun remord  que m’approchais en catimini du colonel et lui murmurais ces quelques mots à l’oreille :

- Désolé de vous déranger colonel, mais Walter à découvert un satellite alien qui tourne autour de la Terre.

Je commençais à fatiguer, nerveusement. Mes pensées, bien que logiques et construites comme à mon habitude avaient tendances à dérailler sur des sujets sans importance. C'était surtout du à ma présence prolongée dans la salle de briefing, j'avais vu tout mes frères d'armes dans cette pièce, et ce à plusieurs reprises. Les disparus me hantaient et par moment, je voyais l'ombre des uns et des autres derrière mes collaborateurs du moment. Juste après le départ de l'équipe d'assaut, Kimsey se rapprocha de moi pour me dire que l'ensemble des dirigeants voulaient une réunion avec moi pour discuter de la situation. Je poussai un long soupir et lui dit que j'avais besoin de cinq minutes avant de commencer. Il semblait penser que la fatigue me prenait trop d'esprit et ça m'allait parfaitement ! Deux jours sans dormir à la tête de la seule défense de la planète alors qu'une flotte complète se dirigeait vers nous... Il y avait de quoi être épuisé.
Je referme la porte du bureau du Général derrière moi et m'adosse contre, je ferme le store et les yeux en même temps. Progressivement, ma respiration se ralentit, devenant plus profonde, je détend mes épaules et l'obscurité au fin fond de mes entrailles semble se calmer, cessant de harceler ma raison.

-J'ai jamais cru que tu prendrais la place de Hammond.

Mes yeux s'ouvrent d'un coup, je détaille la femme qui me fait face. Sa blouse de médecin ouverte laisse entrevoir un jean bleu et un pull à col roulé rouge, elle est montée sur des petits talons. La peau halée, les pommettes légèrement saillantes, les joues délicatement creusées. Ses cheveux d'un noir profond sont attachés en une queue de cheval, ses yeux noisettes soutiennent mon regard sans ciller, elle est l'une des rares personnes à m'avoir peu craint, malgré notre opposition élémentaire : militaire/médecin. Du haut de son mètre soixante-cinq elle ne semble pas le moins intimidé par ma présence physique impressionnante.

-C'est la place d'O'Neill maintenant.

Un fin sourire se dessine sur ses lèvres, la doc se rapproche à pas lent, ses talons impriment un rythme dans mon esprit sans que je sache pourquoi, elle s’assoit sur le coin du bureau, tout proche de moi. Un picotement naît à la base de ma nuque. Cette sensation de mal-être diffus ne me fait que peu réagir, je me contente de fixer un peu plus la femme qui me fait face, ce qui serait pertinent si elle n'était pas une hallucination mais dans le cas présent, ça ne fait que m'enfoncer un peu plus.

-Et je n'y resterai pas, c'est temporaire. Le sourire qui étirait ses lèvres n'est alors plus qu'un souvenir.
-Tout est éphémère avec toi, Menchu. Elle confirme son assise avant de remettre une mèche de cheveux rebelle derrière son oreille. Les muscles de ma nuque se contracte sous cette pique et ma mâchoire se serre mais avant que je trouve de quoi lui répondre, elle reprend la parole : Moi, Frasier, Nyphus, Almie...
-Silence ! Ma voix s'est faite plus puissante que je ne l'aurais voulu mais je suis heureusement couvert par les murs épais du bureau. Je ferme les poings et baisse le menton pour regarder un peu mieux cette femme qui ose me faire face.
-La seule chose qui persiste autour de toi, c'est la mort. Je fais un pas en avant.
-Tu es partie ! Sans me donner la moindre explication ou des coordonnées pour te contacter, qu'est ce que j'devais faire ?! Un air faussement étonné se dessine sur le visage de la doc.
-Serais-tu en train de me dire que tu ne pouvais pas me retrouver ? Toi, qui a été formé pour être le soldat parfait... Tu a pu trouver les meilleurs soldats pour le programme, tu a infiltré les positions les plus fortifiés de la planète et de la galaxie et j'en passe. Ses yeux se rétrécirent pour appuyer sa prochaine phrase : Regarde moi droit dans les yeux et dit moi que ça ne t'arrangeais pas. Devant mon silence, elle se redresse et pose une de ses mains sur mon torse. Ce qui t'emmerde, c'est que tu n'ai rien vu venir, pas que je sois partie.
-C'est...

Trois coups sonores résonnent contre la porte, l'image disparaît, je reviens dans le monde des vivants. Je me tourne et ouvre d'un geste abrupte la cloison me séparant de la salle de briefing. Devant moi se tient le Général Kimsey, il m'indique que la réunion va commencer. Je le remercie d'un signe de tête et prend place dans le fauteuil du Général. Je me sens pas à ma place. Je vérifie la liste des participants et cette sensation se renforce : des chefs d’États, des Généraux et quelques hauts gradés sûrement là en guise d'agent de liaison. Et moi je suis coincé au milieu de tout ça... Putain de bordel ! Je devrais être avec mes hommes, à préparer mon équipement pour cette mission suicide. C'est là-bas qu'est ma place, pas ici, pas à palabrer avec un tas de brailleur qui ne trouveront aucune solution.

-Colonel Narah, merci de nous rejoindre.
-Monsieur le Président.
-Pouvons-nous commencer par un état des lieux, Colonel ?
-Bien entendu. Un des aides de camp du Général Kimsey m'apporta un dossier complet que je lui fit signe de poser à coté, j'étais assez compétent pour savoir ce dont je disposais pour me battre. Actuellement le SGC est en état d'alerte, l'ensemble de nos forces sont rappelées, nos effectifs seront de l'ordre de 95% quand l'ennemi arrivera en orbite. Le Dédale est toujours inactif, l'Odyssée est sur le chemin du retour mais ne sera pas là avant au moins deux jours. Un commando principalement composé des Black Eagle va bientôt décoller pour éliminer Sokar, malheureusement leur mission ne pourra débuter qu'une fois que l'ennemi sera en orbite. Les technologies les plus sensibles ont déjà été évacuée sur le Site Alpha, l'autodestruction de la base est prête à être activée mais nous ne nous en servirons qu'en dernier recours. Je pense même que tout va se jouer ici, si Sokar a le temps d'envoyer des troupes.
-Puis-je savoir pourquoi ? La question venait du chancelier allemand.
-Sokar sait que la plus grosse menace pour sa flotte est au SGC : chacun des hommes de la base. Nous avons l'expérience, les défenses et la Porte. Il cherchera très certainement à nous faire tomber avant de s'attaquer pleinement au reste de la Terre.
-Puisque vous parlez d'expérience Colonel Narah, pouvez-vous nous expliquer comment se fait-il qu'aucun vaisseau ne soit en orbite pour nous défendre ? Cette voix agressive venait du Colonel Chekov, je savais que ce moment arriverait.
-Même si nos trois vaisseaux étaient en orbite, ils ne seraient pas suffisants pour défendre la Terre contre la flotte qui va nous tomber dessus.
-Avec tout le respect que je vous dois, nous vous avions demandé très clairement de manière légitime, il y a deux ans maintenant, à pouvoir prendre en main la construction du nouveau prototype de vaisseau DSC-304, à le garder sous notre juridiction et notre commandement. Où est-il aujourd'hui, celui que vous appelez si fièrement l'Odyssée ? C'est vous, qui avez ordonné son envoi à l'autre bout de la galaxie pour vaincre Sokar. Aujourd'hui, non seulement il n'est pas là pour assurer la défendre de la Terre mais en plus, notre ennemi extraterrestre est à nos portes.
-Colonel Chekov... Commença à dire Kimsey.
-Si la Russie avait eu la responsabilité de cet appareil de combat, soyez sûr qu'il aurait été en première position pour défendre notre planète ! A cet instant, la Russie sait quelles sont les forces dont elle dispose mais qu'en est-il de votre côté ? Assumez-vous la responsabilité qui est la votre de devoir défendre la planète entière ?!
-Veuillez-vous calmer, Colonel. Nous devons tout mettre en œuvre pour éviter la pire des catastrophes. Nous sommes en guerre, je vous rappel.

Cette voix, c'était celle du Président des États-Unis d'Amérique. Ce n'était ni une voix embarrassée, ni déterminée, ni douteuse ou ferme. Le signal sonore qui était sorti de la connexion satellite avait été comme un murmure profond de réflexion, de conscience... ou d'impuissance. Pour autant, Chekov ne décollera pas. 

-Je vais en avertir mon Président dès qu'il sera possible. Mais je parle en son nom quand je vous dis que je suis extrêmement déçu de la gestion de votre pays concernant la sécurité de la Terre, votre gouvernement et votre base à vous, Colonel Narah, a fais preuve d'irresponsabilité... Ne soyez plus surpris si dorénavant, la Russie fera cavalier seul concernant les décisions de sécurité nationale et internationale! Je fis signe à Kimsey de se taire alors que ma voix résonnait dans les écouteurs de tout les participants.
-Colonel Chekov... Si jusqu'à maintenant j'avais employé un ton tout à fait neutre, cette fois il se trouva bien plus abrupte. Je vais être tout a fait clair, et franc avec vous. La Russie est sur le déclin depuis la guerre froide, l'ensemble de vos forces se compose pour plus de la moitié de chars à l'abandon dans des champs et de troupes plus proches des mercenaires que de l'armée régulière dont chaque pays ici présent peut se targuer d'avoir. Votre nation a perdu sa fierté lorsque les États-Unis vous ont fait passer pour une bande d'imbécile crédule.
-Co... !
-Taisez-vous ! Le silence se fit de nouveau et que ce soit le Président français ou celui de ma nation d'accueil, aucun ne m’interrompit. Après tout, c'est pour ce genre de moment que j'avais été nommé, pour ma force de caractère comparable à celle d'O'Neill. Cette bataille sera peut-être notre dernière, à tous. Si la Russie souhait se battre de son coté, sans aucune assistance quel qu'elle soit de la part des pays alliés au programme Porte des Étoiles, libre à vous de quitter cette réunion dès à présent. Je me redressais dans mon siège. Si vous n'êtes pas avec nous, nous vous considérerons comme une menace potentielle et les informations qui vont être échangées dans cette conversation à huit-clos ne vous concerneront donc plus. Aussi, je vous laisse cinq minutes pour vous reconnecter, avec le bon esprit, sinon les conséquences de mes actes s'abattront sur vous. Je levais une main pour l'officier com afin qu'il se tienne prêt à couper la connexion de la Russie à mon signal. Mais sachez le bien Chekov, quoi qu'il se passe dans les jours qui viennent, si vous nous faites perdre cette bataille, aucune flotte, aucune armée, aucun bunker sur-protégé ni aucun faux-dieu ne sera assez puissant pour vous protéger de moi. Je vous retrouverai. J'abaissai le bras et ma cible fut éliminé... de la conversation bien entendu. Je poussais un long soupir en m'enfonçant dans mon siège. Le premier à briser le silence fut mon Président.
-Narah, vous n'avez pas changé.
-Merci monsieur.
-C'était particulièrement dangereux, l'aide de la Russie nous sera indispensable en cas de bataille.
-Seulement si nous essayons de défendre leur territoire, en cas de combat en sol, on en fera un no man's land pour nos troupes.
-Cela ne risque t-il pas de donner une tête de pont à l'ennemi ?
-Nous avons encore notre arsenal nucléaire.

Le silence qui suivit ma déclaration fut l'un des plus pesant de ma vie. Je venais de conseiller l'utilisation de l'arme nucléaire sur notre propre planète en cas de pépin. Il n'y avait aucun doute à avoir sur le principe : si la bataille pour la Terre tournait mal, les puissances n'hésiteraient pas bien longtemps pour se servir de leur arsenal nucléaire mais ça faisait partie des sujets tabous, de ceux dont personne ne devait faire la moindre mention, c'était comme les actes de torture ou les assassinats. Il y avait des mots à ne pas utiliser et pourtant...

-Utiliser notre arsenal nucléaire ne fait pas partie de notre plan d'action Colonel. Le fort accent du chancelier allemand me tira de mes pensées.
-Un jour, Napoléon a dit : « Les règlements sont faits pour les Soldats et non pour les Guerriers ; la bataille se rit du code, elle en exige un nouveau, innové par elle et pour elle et qui disparaît dès qu’elle est terminée. » Il avait parfaitement compris la guerre. Je me raclais la gorge. Je n'ai pas le temps de jouer au jeu des faux-semblants et des intrigues politiques, ma seule arme dans ce domaine c'est mon agressivité. Vous allez devoir faire avec, parce que je n'ai pas de temps à perdre.

Le silence qui suivit fut tout aussi lourd que le précédent, c'était le moment de vérité, j'allais savoir si les dirigeants allaient m'accepter comme meneur ou me rejeter pour mettre un pantin à ma place. La tension était palpable dans la pièce et je savais qu'elle était du même acabit de l'autre coté de chaque micro. Je passais une main dans ma barbe laissée en friche quand des pas s'approchèrent de moi, je vis Anderson s'approcher. Je me redressais en tendant légèrement mon corps vers lui. Lorsqu'il prit la parole, je coupais mon micro.

-Un satellite ? Je hochais pensivement la tête. Amenez moi des clichés de l'engin, dites à la NASA de réorienter un de leur satellite pour nous donner des informations plus précises et faites savoir à la base de Houston qu'un des F-302 devra se tenir prêt à faire un détour pour l'abattre dès qu'on aura plus d'infos. En attendant qu'ils restent à une distance raisonnable de cette merde, on sait pas c'que c'est, je veux pas prendre de risque. Je plongeais mon regard émeraude dans celui d'Anderson. Merci pour l'info, je tentais un sourire, et croyez moi quand je vous dis que vous n'avez pas à vous excusez de me "déranger", la présence d'un membre du programme me fait du bien, comparé à tout ses politicards.

Il y a des jours comme ça, où l'urgence était telle qu'un Colonel de l'armée pouvait capter toutes les attentions et les craintes de ces hommes politiques désignés aux plus hautes fonctions de leur pays. Mais être au pouvoir ne signifie pas toujours en avoir. Et leur influence ne leur était d'aucune utilité quand ce jour-ci, ils avaient affaire à un ennemi hors du commun venu de l'autre bout de la galaxie.  Car Sokar venait pour transformer leurs frontières et leur petit confort en un champ de ruines. Ainsi, le Colonel Menchu Narah était la concentration de leur espoir pour vaincre ce grand mal. Un plan avait été mis en œuvre déjà et il n'attendait plus qu'à se concrétiser. Mais cela ne suffisait pas à cacher les doutes venant du vieux continent. Ce fut le Premier Ministre britannique qui prit la parole ensuite.

« Colonel Narah... Je vous fais confiance... Parce que vous êtes la personne la mieux placée et aussi parce que nous n'avons pas le choix. Mais à quel pourcentage estimez-vous la réussite de la mission de vos dénommés Black Eagles ? »

« Pas de beaucoup, s'il pense à utiliser l'arme atomique... » Commenta le Président français dans un murmure pensif.

« Hors de question d'utiliser l'arme nucléaire. » Monta au créneau un haut responsable japonais. « Il doit sûrement y avoir un autre moyen... Différent. »

Cet homme là, non seulement il avait des mauvais souvenirs historiques qui avaient eu pour conséquence de lui hérisser les poils à la simple mention d'une telle arme, mais il avait aussi été irrité par le comportement de Narah quelques instants plus tôt, quand il leur avait fait la morale avec la politique, et quand il avait cité Napoléon, le gourmand conquérant français à qui on pouvait assimiler la même soif de territoires et de massacres que ces fameux goa'ulds.
Du moins, c'était la façon de penser du japonais.

Mais aucune réponse ne vint tout de suite, laissant les plus hauts responsables dans un silence profond, complètement impuissants et dans l'attente d'une réaction du Colonel Narah. Ce dernier avait éteint son micro et parlait avec un homme qui était entré dans le champ de la webcam. Apparemment, la situation changeait au fur et à mesure. Que pouvait bien préparer Sokar ? Alors que Kimsey essayait de réconforter et de faire patienter les interlocuteurs situés aux quatre coins de la planète, Menchu donna ses directives et Michael redescendit pour voir Walter, lui répétant les ordres du commandant du SGC. La NASA était au bout de la ligne. Les spécialistes étaient aussi abasourdis qu'eux. La flotte de Sokar ne devrait pas arriver avant plusieurs heures et pourtant, un petit module allant beaucoup plus vite s'était rapproché dangereusement de la Terre.

« Vous croyez que c'est une sorte.... d'avant garde ? Ou un leurre pour tester nos défenses ? » Walter était nerveux. Deux jours plus tôt, on l'avait pris en otage ici même. Et aujourd'hui, il était la base angulaire de l'information entre la NASA, la sécurité spatiale et la base la plus importante de la planète, et tout ça à l'aube d'une invasion goa'uld de grande envergure.
En bref, le Sergent vivait la semaine la plus compliquée de sa carrière et jamais son front n'avait été aussi moite. Il ajouta :

« La NASA a mis un satellite sur le coup. On aura un visuel vidéo et des clichés approfondis d'ici quelques minutes... »

A côté du Sergent, Elizabeth avait pu s'installer sur un des ordinateurs et avait remarqué que l'OVNI n'avait toujours pas bougé depuis son arrêt quelques minutes auparavant, après avoir fais le tour de la Terre trois fois dans des axes de rotation différents, mais à une vitesse ahurissante. En étudiant l'appareil avec les radars, les premières analyses confirmaient qu'il s'agissait d'un petit objet, sûrement un satellite, avec aucun pilote à bord. Ni armes, d'ailleurs. Elizabeth n'avait jamais rien vu de tel et ses soupçons eurent un début de réponse quand un bruit d'impression sonna l'arrivée des premiers clichés satellites envoyés par la NASA. S'il y avait bien une chose qu'il fallait avouer, c'est que grâce aux moyens extravagants mis dans le programme spatial, toute urgence était gérée assez rapidement.
Seulement, ces moyens ne garantissaient qu'une couverture d'environ 7% de l'espace global alentour et n'avaient pas suffi à détecter l'OVNI avant qu'il ne se soit stoppé, au dessus du continent américain. 

« Les premiers clichés arrivent. La vidéo, ça prendra un peu de temps... Pardon, vous pouvez répéter ? » Walter avait le combiné téléphonique solidement accroché à son oreille, avec les spécialistes de l'espace au bout du fil. Il se retourna, son siège tournant avec lui, et leva les yeux vers Anderson. « La NASA me signale qu'ils ont pu détecter des rayonnements inconnus provenant de l'appareil, jusqu'à la surface terrestre. Ce n'est pas dangereux... les rayons sont invisibles... C'est plus une sorte de moyen de télédétection apparemment, comme s'ils nous avaient scanné... C'est possible, ça ? »

Cette histoire donnait des frissons à Walter, qui se sentait impuissant face aux actions de l'objet extraterrestre. Soudain, ils furent coupés par Elizabeth qui, à côté d'eux, signala que l'OVNI bougeait. Rapidement, il se désengagea de l'orbite basse, prenant de la distance par rapport à la Terre pour repartir vers là d'où il venait...

Quelques minutes plus tard, les derniers clichés arrivèrent et même une vidéo, montrant en basse qualité un objet petit et mobile. Les clichés étaient plus clair et montraient clairement la structure de la chose : un satellite goa'uld avec une armature noire et en son centre, une petite pyramide dont la pointe avait été dirigée vers la Terre. Et les calculs de trajectoire prouvaient que cette pointe avait été dirigée vers l'état du Colorado. En zoomant sur l'ordinateur sur les clichés, Elizabeth put voir sur  le côté de l'objet le symbole suivant :

-Un satellite ? Amenez moi des clichés de l'engin, dites à la NASA de réorienter un de leur satellite pour nous donner des informations plus précises et faites savoir à la base de Houston qu'un des F-302 devra se tenir prêt à faire un détour pour l'abattre dès qu'on aura plus d'infos. En attendant qu'ils restent à une distance raisonnable de cette merde, on sait pas c'que c'est, je veux pas prendre de risque. Merci pour l'info, et croyez moi quand je vous dis que vous n'avez pas à vous excusez de me "déranger", la présence d'un membre du programme me fait du bien, comparé à tout ses politicards.

Je ne le comprenais que trop bien. Je me dépêchai de sortir de la salle avant qu’on ai trouvé moyen de m’y retenir. C’était  une énième conférence qui avait pour but de trouver des responsables et quelque chose me disait que cela allait retomber sur le seul homme qui ne soit pas un politicien de cette assemblée. Les politiques ne sont jamais d‘accord entre eux, sauf quand il s’agit de sauver leurs miches.

Une fois de retour à la salle de commande, je donnai les ordres de Narah à Walter puis me tournai vers Elizabeth.

- Désolé de t’avoir réquisitionnée pour ce travail qui ne dépend pas de tes compétences mais il nous reste peu de scientifiques disponibles dans cette base et j’ai confiance en ta capacité de travail.

A peine Elizabeth m’avait répondu que Walter, scrutant toujours le curieux satellite en quête d’un quelconque indice, avança une théorie.

« Vous croyez que c'est une sorte.... d'avant garde ? Ou un leurre pour tester nos défenses ? »

- Je crois que quoi qu’il arrive ce n’est pas un cadeau de bienvenue. Quand est-ce qu’on aura d’avantages d’informations concernant ce tas de ferraille ?

« La NASA a mis un satellite sur le coup. On aura un visuel vidéo et des clichés approfondis d'ici quelques minutes... »

Il ne fallut pas davantage pour récupérer les informations suivantes.  La NASA était diablement efficace.

« Les premiers clichés arrivent. La vidéo, ça prendra un peu de temps... Pardon, vous pouvez répéter ? » Il se retourna et leva les yeux vers moi. « La NASA me signale qu'ils ont pu détecter des rayonnements inconnus provenant de l'appareil, jusqu'à la surface terrestre. Ce n'est pas dangereux... les rayons sont invisibles... C'est plus une sorte de moyen de télédétection apparemment, comme s'ils nous avaient scanné... C'est possible, ça ? »

- D’après ce que je sais de la technologie goa’uld  c’est probable… mais je n’ai aucune certitude. Un scientifique tel que Rodney pourrait certainement vous répondre plus précisément… et exhaustivement à votre plus grand dam.

Quelques minutes plus tard une vidéo accompagnée d’autres clichés arrivèrent sur les écrans de la salle de commande. Je regardai par-dessus l’épaule d’Elizabeth et captai des yeux un emblème… je soupirai, enlevai mes lunettes et me frottai les yeux.

- Bon… Si quelqu’un avait encore le moindre doute concernant l’expéditeur du satellite je pense que ce n’est désormais plus le cas. Vu que le satellite est maintenant reparti et si je prends en compte vos observations éclairées, nous pouvons raisonnablement en conclure que cette technologie nous a scannés. Par conséquent Sokar  une fois en orbite autour de la Terre n’aura plus qu’à bombarder tranquillement les zones les plus sensibles de notre défense. Et mon petit doigt me dit que Cheyenne Mountain sera aux premières loges de ce feu d’artifice d’anthologie.

Perdu dans mes pensées, je tournai de long en large en salle de commande pendant près d’une minute essayant de faire le point sur la situation avant d’en rendre compte au colonel Narah. Je parlai à haute voix pour faire part de mes réflexions à mes camarades en salle de commande.

- Il faut que nous nous servions de cette information pour nous préparer. Je vois trois possibilités. La première : nous essayons de récupérer ce satellite et nous y implantons de fausses données pour tromper l’ennemi. Problème : comment retrouver le satellite et comment le reprogrammer dans les temps ? Même avec un effectif scientifique complet, ce qui est loin d’être le cas, cela semble infaisable. La deuxième : on donne l’ordre tout de suite de déplacer tous nos équipements (chars, avions, missiles etc.) et nos forces au sol pour que l’ennemi fasse le moins possible de dégâts et que nous puissions ensuite répliquer.  La troisième… je n’ai hélas pas de troisième,  j’attends que l’un de vous deux en propose une et accouche ainsi d’une brillante idée.

Une petite discussion s’en suivit puis je récupérai les informations et suggestions que nous avions et retournai en salle de briefing. Je fus accueilli par quelques regards noirs alors que je déposai mon rapport devant le colonel Narah.

- Mon colonel, voici les nouvelles.

La panique commençait à sérieusement se faire sentir d’autant que rien dans ce dossier ne me permettait d’identifier ce que pouvait être cet objet. La seule chose que je pouvais faire c’était emmètre des hypothèses.
Un satellite ? Oui mais allié ou ennemi ? Une arme ? Et pour notre malchance... Ou notre chance, l'objet s'éloignait à présent à grande vitesse.
Les idées tourbillonnaient dans mon esprit sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit.

- Désolé de t’avoir réquisitionnée pour ce travail qui ne dépend pas de tes compétences mais il nous reste peu de scientifiques disponibles dans cette base et j’ai confiance en ta capacité de travail.

C’était Michael Anderson qui venait de me parler. J’avais sursauté mais vite réagit en lui répondant :

-C’est gentil mais… J’ai bien peur de ne pas être à la hauteur !

Mais qu’est-ce que je racontais ? Il ne fallait pas que je dise ce genre de chose. Il comptait sur moi, je devais faire face à la situation et être aussi efficace que possible.
Quelques instants plus tard, on nous révéla que l’engin semblait nous « scanner ». Tout ceci était étrange et encore plus inquiétant. Michael approuva l’hypothèse de Walter.


-Si c’est un appareil ennemi, il ne fait aucun doute qu’il cherche nos failles ! Déclarai-je.

Rapidement, une vidéo suivit de clichés de l’appareil nous parvinrent.

-Ho non !

Fut tout ce que je pus dire en contemplant le symbole que j’avais sous les yeux. C’était bel et bien la marque de notre ennemi, cela ne faisait aucun doute.

- Bon… Si quelqu’un avait encore le moindre doute concernant l’expéditeur du satellite je pense que ce n’est désormais plus le cas. Vu que le satellite est maintenant reparti et si je prends en compte vos observations éclairées, nous pouvons raisonnablement en conclure que cette technologie nous a scannés. Par conséquent Sokar une fois en orbite autour de la Terre n’aura plus qu’à bombarder tranquillement les zones les plus sensibles de notre défense. Et mon petit doigt me dit que Cheyenne Mountain sera aux premières loges de ce feu d’artifice d’anthologie.

Mon collègue semblait très anxieux et il n’était pas le seul.

-Et je suppose que nous n’avons pas un genre de super bouclier gardé secret en attendant un cas d’extrême urgence ? Parce que là, c’est un cas d’extrême urgence et ça serait le bon moment pour en révéler l’existence !

Je savais bien que ça ne devait pas être le cas mais ça ne coutait rien de demander. Pendant ce temps, le docteur Anderson continuait de faire les cent pas dans la salle jusqu’à ce qu’il s’arrête pour déclarer :

- Il faut que nous nous servions de cette information pour nous préparer. Je vois trois possibilités. La première : nous essayons de récupérer ce satellite et nous y implantons de fausses données pour tromper l’ennemi. Problème : comment retrouver le satellite et comment le reprogrammer dans les temps ? Même avec un effectif scientifique complet, ce qui est loin d’être le cas, cela semble infaisable. La deuxième : on donne l’ordre tout de suite de déplacer tous nos équipements (chars, avions, missiles etc.) et nos forces au sol pour que l’ennemi fasse le moins possible de dégâts et que nous puissions ensuite répliquer. La troisième… je n’ai hélas pas de troisième, j’attends que l’un de vous deux en propose une et accouche ainsi d’une brillante idée.

Mon regard était fixé sur Michael mais je ne le voyais pas vraiment. Je réfléchissais à une solution. Reprendre l’appareil était mission impossible et déplacer toute nos forces étaient certes faisable mais était-ce possible avant que l’ennemi arrive ?

-Et si on lui faisait croire que nous avons un puissant système de défense en place ? Je veux dire, on pourrait procéder à une évacuation mais en même temps… Je ne sais pas moi… Nous n’avons pas de supers alliés qui pourraient faire ça ?

Nous échangeâmes encore un instant sur la situation et les éventuelles solutions avant que mon collègue ne s’éclipse pour aller parler au colonel.

Malheureusement, l'OVNI envoyé par Sokar était déjà loin et les terriens ne pouvaient rien faire pour le rattraper ou le détruire. Ils ne pouvaient que ruser, et même là, tout n'était qu'hypothèse se basant sur le rôle éventuel de l'objet qui s'était présenté en orbite. Elizabeth et Walter n'eurent pas plus de précisions sur ce phénomène.
Quant à Michael, il déposa son rapport et attendit la fin de la réunion pour en parler de vive voix à son supérieur. La vidéo conférence ne dura pas plus longtemps que quelques minutes. Petit à petit, les dirigeants et responsables se déconnectèrent, plongeant la salle de briefing dans une obscurité angoissante.
Du travail restait encore à faire avant la réception de l'ennemi...

QUELQUES HEURES PLUS TARD

Le SGC était en alerte maximale. La cohue avait gagné les couloirs à l'heure où le grand ennemi, Sokar, avait été repéré aux portes de la Terre. Les vaisseaux de sa flotte venaient d'entrer en orbite haute et les Black Eagles postés dans leur module de transport sur la lune, attendaient le signal pour attaquer. Pour cela, il fallait faire diversion en lançant les derniers F-302 restés sur Terrre sur la flotte ennemie.

Rodney Mckay était rentré au SGC. Il n'avait plus rien à faire à Houston et avait reprit l'avion avec le Docteur Lee, direction le SGC. Les deux heures de vol furent bien longues et angoissantes, une nouvelle fois. Quand ils revinrent, ils allèrent directement en salle de contrôle où Anderson et Hash les mirent au courant à propos de l'appareil goa'uld qui était venu les scanner. Depuis, ils n'avaient plus eu de nouvelles de l'ennemi...

Plus tard, le Colonel Menchu Narah, le Lieutenant-Général Kimsey, Michael Anderson, Rodney Mckay et Elizabeth J. Hash étaient debout derrière Walter Harriman, qui tripotait des commandes sur les machines qui lui faisaient face. Tous avaient les regards fixés un peu partout sur les écrans de contrôle en hauteur ou sur les côtés. Grâce à une compatibilité des systèmes du SGC avec ceux de détection utilisés par la NASA, des signaux verts représentants les vaisseaux de la flotte ennemie étaient visibles sur les radas, avançant lentement vers une face précise de la Terre : le continent américain leur faisait face, tellement impuissant et fragile vu de l'espace.

« A votre signal, les F-302 décolleront mon Colonel. »

Walter était nerveux mais tenait son rôle à merveille. Quand le moment fut venu, Menchu donna l'ordre et la manœuvre de diversion commença. Des F-302 partirent affronter l'ennemi avec des bombes nucléaires, provoquant des nuages radioactifs et semant la pagaille dans les systèmes de détection ennemis.

« Go go go ! Bonne chance Black Eagles. » Fit Walter dans son micro, sa voix retransmise aux pilotes qui menaient les modules des BE.

Les minutes qui défilèrent ensuite furent longues et les communications entre pilotes de F-302 étaient en même temps retransmises dans la salle de contrôle. L’intensité des combats était très bien ressentie et parfois, les signaux échos de certain F-302 disparaissaient, détruits par l'ennemi. Car même si les gros vaisseaux du style Ha'taks avaient été brouillés et sonnés par les impulsions nucléaires, ils avaient immédiatement répliqué en envoyant des chasseurs et des bombardiers, ce qui rendait la bataille spatiale très dure à mener.

« Il faut les faire rentrer. » Kimsey voulut donner l'ordre à Walter mais fut stoppé par Narah, qui voulait être sûr que tous les F-302 avaient bien utilisé la totalité de leurs missiles nucléaires. Ils pouvaient voir ça grâce à un écran spécial qui répertoriait, en live, le nombre de missiles encore inutilisés.

Il fallait mettre le maximum de chance du côté des Black Eagles et pour cela, leur donnait les meilleurs conditions d'abordage. Narah attendit donc que tous les missiles furent tirés pour donner l'ordre du repli.
La moitié des F-302 ne réussit pas à rentrer en un seul morceau, rattrapée par les chasseurs ennemis et descendus en plein vol.

« La moitié de nos hommes ne sont pas revenus... » Commenta Kimsey avec un goût amer.

Mais la mauvaise nouvelle vint quelques minutes plus tard. Non pas qu'ils reçurent un message des Black Eagles, le silence radio accompagnant ceux-ci depuis leur départ de la lune, mais c'est Walter qui reçut ce message de la part des hommes de la NASA.

« Mon Colonel ! » Il avait crié, oubliant presque la présence de son supérieur qui était en fait tout proche de lui.

« Sokar contre-attaque déjà... Une armada de chasseurs, d'al'kesh et de transports goa'ulds a pris de l'avance et pénètre dans l'orbite basse... Ils ont détruit la station spatiale internationale dans leur sillage. » Il avala difficilement sa salive en transmettant cette nouvelle. « Nous allons perdre leur signal. Ils entreront dans l'atmosphère dans quelques minutes ! »

En effet, peu de temps après, les échos des vaisseaux ennemis clignotèrent et disparurent des radars. Ils se trouvaient quelque part, dans l'espace aérien terrestre des États-Unis...

« M'sieur ! » S'alarma Walter. « La NASA a repéré les échos primaires des vaisseaux ennemis, et ils se dirigent droit vers notre position !! »

Sokar savait. Il avait reçu l'information grâce au satellite qu'il avait envoyé plus tôt dans la journée. Et avant de fondre sur ce monde avec ses Ha'taks pour l'envahir, il comptait bien s'emparer du sésame le plus précieux que pouvait posséder cette planète : sa Porte des Etoiles.

Je m'efforçais de ne laisser transparaître aucune émotion, mon visage restant tout à fait inexpressif -sauf le moment ou je m'en étais directement pris à Chekov- et ma voix restait égale. Ce masque d'indifférence j'avais eut tout le déplaisir de le travailler au long de mes nombreuses missions parmi les Fox. Il fallait se montrer sur de soi devant les hommes et ne laisser aucune possibilité d'analyse à ses ennemis. C'était là un art que les meneurs, quel que soit leur domaine, se devaient de maîtriser. Sur ce point, j'avais même un avantage certain sur les dirigeants puisque moi, j'étais habitué à ce genre de menace. Bien entendu, une telle invasion était une première mais les menaces pesant sur toute la planète, je commençais à connaître. Cela n'enlevait en rien le poids qui me retournait les tripes mais nous avions fait tout notre possible et nous étions aussi prêt que possible, même si c'était loin d'être suffisant. Je rallumais mon micro alors que les discussions reprenaient :

« Colonel Narah... Je vous fais confiance... Parce que vous êtes la personne la mieux placée et aussi parce que nous n'avons pas le choix. Mais à quel pourcentage estimez-vous la réussite de la mission de vos dénommés Black Eagles ? »
« Pas de beaucoup, s'il pense à utiliser l'arme atomique... » Commenta le Président français dans un murmure pensif.
« Hors de question d'utiliser l'arme nucléaire. » Monta au créneau un haut responsable japonais. « Il doit sûrement y avoir un autre moyen... Différent. » Je me redressais et saisit mon café, maintenant froid.
-Les Black Eagles réussiront, même s'ils doivent tous tomber au combat. Je repoussais la tasse d'un geste décidé. Il n'y a pas de groupe plus expérimenté pour ce genre de mission. Le Président américain reprit la parole :
-Contre les extraterrestres ? J'eus un sourire lugubre.
-Non, dans l'assassinat de faux Dieu. Je posais mes coudes sur la table et joignit les mains devant mon visage. J'ai craché sur toutes vos règles stupides et ai réunit l'élite mondiale quel que soit le parcours de chacun d'entre eux pour former l'unité au plus gros potentiel destructeur qui soit. Chacun des hommes composant l'équipe pourrait accomplir cette mission seul alors imaginez ce qu'ils vont pouvoir faire tous ensemble. La rage du combat commençait à prendre possession dans mon corps, mes mains se serraient. Sokar va mourir mais c'est pas pour autant que je négligerais la moindre option. Si, malgré sa mort, les Jaffas décident d'attaquer, on leur enverra tout c'qu'on à, les articulations de mes doigts commençaient à blanchir. On a pas l'temps pour les états d'âme messieurs, prenez vos responsabilités ou vous serez anéantis. Que serez vous ? Les sauveurs de l'humanité ou la cause de notre chute à tous ?

Du bruit m'interpella sur le coté, je tournais la tête vers Anderson qui approchait, mes yeux assassins se plantant dans son regard. Je coupais mon micro pour l'écouter. Il se montra précis et concis pour m'expliquer quelles informations la NASA avait pu glaner et ses propres conclusions. Ce mec était un atout pour l'humanité, même si son domaine n'était pas à proprement parler utile dans la situation actuelle. Ses connaissances et son mental solide était un appui sur pour moi et c'est bien ce dont j'avais besoin dans l'immédiat : des appuis pour asseoir mes décisions et mon autorité.

-Voyez si un F-302 peut le détruire, même si j'en doute. Je me grattais pensivement la barbe. La seule chose qui intéresse Sokar, c'est le SGC, il veut pouvoir nous prendre d'assaut dès qu'il sera en position. Dites à la NASA et se concentrer sur la flotte, qu'ils les suive à la trace et nous tiennent au courant de la moindre activité suspecte, vous ferez le relais avec eux. Que le reste de vos scientifiques se concentrent sur le traitement des données reçues. Je fis mine de rallumer mon micro avant de rajouter : Et si vous pouviez me trouver une arme cachée sur Terre suffisamment puissante pour détruire cette flotte, ça serait l'pied. Anderson me laissa retourner à la réunion et je ralluma donc une nouvelle fois mon micro. Sokar a envoyé une sonde pour scanner la planète. Il cherchait le SGC. Les chefs d’État se crispèrent. On a été dans...

Je m'arrêtais net en voyant une demande de connexion de la Russie, j'eus un sourire sans joie en faisant signe à l'officier com d'accepter la connexion. Lorsque l'écran afficha un Colonel Chekov encore rouge de colère, je jetai un œil à ma montre. L'ensemble des chefs d'Etat ne semblaient pas savoir sur quel pied danser et attendaient visiblement que je prenne l'initiative, ce qui m'allait très bien.

-Colonel, puis-je avoir votre réponse ? La tension, déjà étouffante montai encore d'un cran lorsque le porte parole Russe prit la parole :
-Vous nous avez manqué de respect Colonel Narah, et donc les États-Unis mais la menace qui pèse sur la planète toute entière nous oblige a passer outre, pour le moment. La mère Russie va montrer au monde entier, à la galaxie même ! Que nous sommes une superpuissance.

La tension se dissipa subitement, cette simple nouvelle semblait avoir redonné espoir aux politicards, pourquoi pas. J'hochais la tête et commençait à donner les dernière informations dont nous disposions aux Russes, omettant bien sur de parler de mon idée de tête nucléaire s'ils ne coopéraient pas. Et tout le monde eut la sagesse de se taire à ce sujet. Pendant tout ce temps, Kimsey était resté étonnement muet, se contentant de suivre la discussion. Voulait-il éviter de saper mon autorité devant les ronds de cuir, ou se sentait-il dépassé par les événements en cours ? La question restait entière mais tant qu'il restait muet, je me moquais bien d'avoir la réponse à cette question. Quelques minutes après la mise au niveau des Russes, les participants quittèrent progressivement la réunion pour se préparer à la bataille qui allait venir. Je fus le dernier connecté et lorsque le Premier ministre anglais quittais enfin la conversation, je me laissais aller au fond de mon siège dans un long soupir de dépit.

Les heures qui suivirent furent tout aussi éprouvantes : j'usais de chaque minute de mon temps à bon escient pour préparer au mieux le SGC à recevoir le gros de l'assaut et les ressources de la base semblait bien maigre, comparées à ce qui allait nous tomber dessus. Harriman me conseilla plusieurs fois d'aller m'allonger mais je refusais à chaque fois catégoriquement. Je n'avais pas dormi depuis la blessure d'O'Neill : j'étais donc dans mon troisième jour sans sommeil et mon visage portait les marques de ce manque cruel de repos. Le reste de mon corps commençait à accuser le coup mais c'était déjà moins visible. Malgré tout, mes jambes se faisaient lourdes, mes mains tremblaient -ce qui m'empêchait de prendre de la caféine avec la bataille qui s'annonçait- et ma vue me jouait des tours. Que du bonheur. J'avais brièvement songé à demander quelques substances à l'infirmerie pour me booster un peu mais vu l'équilibre précaire de mon organisme, c'était plus risqué qu'autre chose. Seul point positif, je ne sentais pas de crise arriver.

Je remontais les marche pour la salle de brief et une fois assit sur le bord de la table, sortit un paquet de cigarillo et m'en collait un dans la bouche. Je penchais la tête en arrière pour faire craquer ma nuque et lorsque je revins vers l'avant, Kimsey me fixait. Je sortit des allumette et très vite, un mince filet de fumée s'échappa de l'extrémité de mon cigarillo. Je rendis son regard au Général avant de prendre la parole :

-Un soucis ? Il fit le tour du bureau pour me tendre un rapport sur nos effectifs dans le Colorado.
-Vous pensiez vraiment ce que vous avez dit, sur les Black Eagle ? Je crachais ma fumée sur le coté, pour ne pas tout envoyer sur le visage carré de mon interlocuteur.
-S'ils n'y arrivent pas, on a perdu. Je tournais la tête vers le PC opérationnel ou les hommes de Kimsey s'affairaient. J'ai confiance en eux, ils y arriveront. Un sourire se dessina sur mes lèvres, l'étoilé fronça les sourcils.
-Comment vous pouvez en être sur ? C'est une mission suicide ! Je quittais mon assise lentement.
-Parce que pour être au SGC il faut être à moitié fou, et il faut l'être pour réussir ce genre de mission.


J'étais dans la salle de commande, Harriman se trouvait à son poste et les restes de mon cigarillo passait d'un coté à l'autre de ma bouche, me faisant un certain bien.

-Le Président insiste pour que les Marines se joignent aux forces de défense du SGC.
-Hors de question ! Qu'ils restent à garder le périmètre extérieur et les points d'accès secondaire. Je veux pas d'amateur dans ma base. Le silence se fit dans la salle et je sentis tout les regards posé sur moi. Humpf ! Quoi ? Le Sergent-chef eut un sourire.
-Vous avez dit « ma base » mon Colonel. J'arquais un sourcil.
-Ah ouais ? Il hocha la tête. Hum... La fatigue certainement. Je me frottais les yeux. Ou en sont nos propres effectifs ?
-Certains de nos éléments les plus éloignés ont fait merveille pour revenir à temps, on devrait atteindre les 98% lorsque Sokar sera en orbite. Les canadiens ont même dépêché un avion militaire spécifiquement pour trois des nôtres... J'eus un sourire.
-Sympa de leur part... On leur payera des donuts en retour. Harriman ne pu réprimer un rire nerveux.
-Je note Colonel.


Je me retrouvais dans le bureau d'O'Neill avec mon équipement de mission. Pour ne pas perdre de temps, j'avais demandé à un de mes hommes de m'apporter directement ce que je souhaitais avoir sur moi pour l'assaut. Je vérifiais soigneusement chaque pièce de mon équipement et alors que je déposais le gilet tactic sur le dossier de la chaise du Général, une voix me parvint :

-Ça avance bien ? Je ne pris même pas la peine de relever les yeux pour répondre :
-C'est quoi cette question d'merde ? T'es dans ma tête, tu le sais très bien. J'entends un rire.
-Tu change pas toi ! Ayant finit le contrôle du système d'alimentation de mon arme, j'entrepris d'engager un chargeur neuf dans son logement.
-J'ai besoin d'être seul avant un combat et tu le sais parfaitement, n'est-ce pas ? Cette fois je relevais les yeux pour regarder l’hallucination qui se tenait de l'autre coté du bureau.
-Comme tu veux, Boss.

Ce dernier mot était emprunt d'un mépris marqué. Je tirais un coup sec sur la culasse du PAPOP 2. L'ensemble de mon équipement avait était bourré d'électronique pour une utilisation optimale de mon arme mais aussi pour me permettre de suivre en direct ce qu'il se passera dans le SGC pendant la bataille et avec un peu de chance, me rendre plus réactif. Je me redresse pour enfiler mon gilet tactic, le casque pendouille dans mon dos, maintenu par une sangle. Par habitude, je vérifiais la présence de mon SOCOM à ma cuisse avant d'attraper mon PAPOP et de sortir du bureau.

-On en est où ?
-Arrivée de la flotte de Sokar en orbite haute dans moins de cinq minutes, les F-302 sont prêts.

Le temps passait tellement vite et partout si lentement... Le paradoxe de la situation résumait parfaitement bien le merdier dans le quel s'était mit la Terre. Puissante force capable d'infliger des dégâts énormes aux Goa'ulds en ayant, entre autre, tué plusieurs d'entre eux et se retrouvait aujourd'hui presque sans défense face à l'assaut direct de l'ennemi. Je posais mon arme contre un des super-ordinateur de la salle, gardant ma main droite proche de mon SOCOM et la gauche tapant un rythme imaginaire contre ma cuisse.

« A votre signal, les F-302 décolleront mon Colonel. »

Alors ça y est... C'était le moment. Je poussais un long soupir et levais la tête vers le plafond, comme pour tenter de discerner la position de mes hommes et celle de la flotte de Sokar. Mon visage s'abaissa pour ensuite regarder la Porte. Le nœud qui me nouait les tripes me donnait la gerbe et la pression sur mes épaules n'étaient pas du au poids de mon équipement. J'avais passé les trois derniers jours à préparer la Terre à cette bataille et maintenant qu'on y était, le doute m'envahissait. Et si j'avais merdé ? J'envoyais peut-être mes hommes à la mort dans cette mission... Je fermais les yeux.

-Faites les décoller.

Ma voix forte et claire ne laissa transparaître aucun doute. Je ne savais pas d'où m'était venue cette inspiration mais elle était la bienvenue. Pas comme la suite. Le combat ne tarda pas à s'engager et la petite escadrille de F-302 ne tiendrait pas longtemps face à toute l'armada déployée. Les communications radio résonnaient dans la salle de contrôle et je n'eus aucun mal à comprendre dans quel merdier était mes hommes et surtout, que je n'étais pas avec eux... Je m'appuyais discrètement sur une chaise proche alors que mes tripes se retournent en entendant un soldat faire dignement ses adieux aux Black Eagle. Comment tu fais Jack ? C'est horrible d'être ici et eux là-bas.

« Il faut les faire rentrer. »
-Non ! Mon ton était bien plus agressif que je ne l'aurais voulu. On doit donner le plus de chance possible aux Black Eagle. Tout les missiles doivent être tirés pour augmenter les chances de la mission.

J'avais beau employé un ton déterminé et serein, je ne l'étais pas. Déterminé, si bien entendu, mais serein ? Pas le moins du monde. Je brûlais d'envie d'être là-haut avec mes hommes, pour accomplir l'impossible, une fois de plus. Je jetais un œil à l'écran et vit que le dernier missile venait de partir.

-Harriman, faites les revenir, aller ! Les F-302 restants ne se firent pas prier mais les chasseurs de la mort leur donnèrent la traque et d'autres furent détruit, au final....
« La moitié de nos hommes ne sont pas revenus... »

Je ne répondis pas à Kimsey, il n'y avait rien à répondre. Je m'assis sur une chaise, gardant les yeux sur les divers écrans de la salle de contrôle. Je sentais l'ombre en moi qui ne me lâchait pas, mon instinct me criait que la situation allait empirer, que l'ennemi se rapprochait à chaque instant... Je grimaçais sous cette impression de malaise persistante et me sortit un cigarillo quand le couperet cassa net mon élan. Une avant-garde. Je fut sur mes pieds en un instant et appuyais sur le bouton du micro me liant aux hauts-parleurs de la base :

-Ici Narah, les Goa'ulds ont lancés l'offensive, une avant-garde se dirige droit sur le SGC, tous à vos postes de combat, alerte générale !

A peine ai-je finit de parler que je déclenchais l'alarme de la base. J'enfonçais mon casque sur ma tête, ajustais l'écran et récupérais mon PAPOP 2, la sangle fut vite à sa place et mon cigarillo resta dans ma bouche. Je me tournais vers le reste des occupants de la salle.

-Kimsey, vous et les scientifiques êtes considéré comme des VIP alors vous restez ici avec Harriman. La salle de commande est l'endroit le plus fortifié de la base. J’ôtais la sécurité de mon arme en fixant mon regard sur l'unique homme plus gradé que moi ici. Je compte sur vous pour servir de QG, donnez moi toutes les infos que vous aurez en temps réel sur mon ATH.

Sokar avait lancé une première vague de guerriers droit sur le SGC. Des planeurs de la mort survolèrent Cheyenne Mountain et tirèrent sur les postes de surveillance à la surface de la base. Les Al'kesh firent aussi une démonstration de force, réduisant en poussières les véhicules qui stationnaient à l'entrée et sur le parking extérieur. L'endroit était intenable et rapidement, le service de sécurité se replia à l'intérieur de la montagne, refermant les lourdes portes anti-souffle de 25 tonnes derrière eux. Celles-ci représentaient l'accès principal et ralentiraient l'avancée de l'ennemi.
Peu de temps après, un vaisseau de transport dix fois plus gros qu'un cargo goa'uld se posa sur la surface terreuse, écrasant des grilles de sécurité sur son passage. Autour, les débris enflammés s'envolèrent sous les houles de vent provoquées par l'atterrissage. La rampe de derrière s'abaissa et le prima de Sokar apparut.
Il fut le premier d'entre eux à poser les pieds sur Terre.
Il contempla le spectacle et le paysage qui s'offrait à lui. Puis il leva le poing et hurla.

« KREE ! SOKAR !! »

Le nom de leur Dieu fut repris en chœur par des centaines de jaffas qui se déversèrent sur les lieux tels des fanatiques en manque de massacre. Avec eux, ils sortirent plusieurs canons goa'ulds avec leur pied portatif et se ruèrent vers l'entrée principale de Cheyenne Mountain...

~~~~

Au SGC, c'était la pagaille. Mais une pagaille organisée. Ils avaient eu des heures pour se préparer à cette éventualité. Certes, il était difficile de s'attendre à recevoir un assaut aussi direct et brutal sur le SGC mais c'était bien la triste réalité. Sokar voulait la porte des étoiles au plus vite.
Menchu Narah devait donc guider ses hommes à la bataille. Avant de sortir de la salle de contrôle, il avait été d'accord avec Michael Anderson. Les scientifiques ne devaient pas subir la violence de cet assaut sans être capable de se défendre. Il fallait un maximum de monde et chacun avait la possibilité de choisir entre se battre ou rester en retrait, voire même se replier sur le Site Alpha. Des équipes de civils et scientifiques peu doués avec les armes commençaient à se réunir en salle d'embarquement avec leurs dernières affaires de valeur. La plupart des laboratoires avaient été vidés, les affaires déménagées pour être évacuées. Cela représentait peut être 40% à peine des secrets du SGC vu que la plupart d'entre eux étaient numérisés sur des ordinateurs, mais c'était déjà mieux que rien.
Ainsi, toute cette évacuation vers le Site Alpha fut orchestrée par Rodney Mckay, sous la responsabilité du Lieutenant-Général Kimsey qui avait une vue globale sur toutes les opérations en cours. Le Sergent Martin Mish était aussi dans la pièce et proposa son aide à Rodney, un peu pour se faire pardonner mais aussi parce qu'il avait la sensation de ne servir plus à rien dorénavant. Il espérait pouvoir aider le scientifique malgré le peu d'estime qu'ils avaient l'un pour l'autre.

Michael Anderson avait lui, décidé de s'équiper pour défendre les lieux avec les civils et scientifiques qui décidèrent de rester de plein grès. Une décision courageuse du responsable scientifique alors que la cohue dans les couloirs rendait les déplacements un peu chaotique parfois.

Menchu Narah était parti, son cigarillo dans la bouche qui avait valu un drôle de regard de Kimsey. Mais le haut gradé n'avait rien dit. Il y avait plus urgent à faire que de râler sur le commandant du SGC actuel. D'autant plus qu'il ne l'avait pas encore allumé.
Le Colonel français marcha dans les couloirs pour rejoindre les lieux chauds, là où ils pourraient attendre les jaffas, en nombre. Alors qu'il arpentait le niveau 28, le Colonel Devan se plaça à ses côtés pour lui faire un rapport de situation.

« Les troupes de Sokar ont posé le pied là-haut. Un contingent entier d'après nos dernières infos. Les portes blindées ont été fermées. »

Puis ce fut au tour du Colonel Thil de les rejoindre peu après. Malgré sa béquille et son bras dans le plâtre, il s'était équipé pour se battre. Des militaires marchaient au pas derrière l'italien. Ils avaient tous profité de ces dernières heures pour se préparer soigneusement.

« Nous sommes prêts à casser du jaffa, Narah. »

Plus ils avançaient vers leur destin et plus des hommes les rejoignaient, grossissant les rangs. Parmi eux, le Capitaine Lauten ou bien même le Soldat Guys, nerveux mais heureux de pouvoir être là, pris par la volonté collective de défendre coûte que coûte ces installations et surtout, la porte des étoiles. L'espace de quelques secondes, ses pensées se tournèrent vers l'un de ses amis, quelque part là haut, dont la mission représentait leur seule chance de succès à long terme.

« Putain Lang, foire pas... c'est pas le moment de nous laisser tomber. »

Au sein du mess, l’homme avait repéré un magnifique pigeon pour lui faire passer son whisky pur malt sous le manteau. Le service de sécurité du SGC était si efficace qu’il était pratiquement impossible d’apporter quelques « breuvages prohibés » par ce foutu règlement. Soudoyer chacun de ces fumiers aurait rendu le verre sacrément cher.
Mais ce type-là, il occupait le poste de magasinier par intérim et apportait son aide à la livraison des fournitures. C’était la passe rêvé pour ouvrir son petit réseau de contrebande au sein de l’organisme.
Imaginez tous ces pauvres soldats assignés à poste pour raison de service ?
Plus de clopes, pas d’alcool, pas de magasines cochons, ni de DVD du même goût et j’en passe : un véritable enfer.
Mais avec ce bon vieux Merl, tout deviendra possible. Il faudra simplement se montrer un peu généreux et peu curieux sur la provenance de ses miraculeux produits.
Le cantinier, d’ailleurs, commençait à mordre à l’hameçon en lui imposant un pourcentage sur la revente. Et Merl avait répondu de son air de gourou, du genre d’homme dangereux avec lequel il ne faut pas trop jouer, qu’il aurait un peu moins. Mais à la vérité, la marge qu’il se ferait grâce à ce petit projet serait suffisante pour remplir son matelas de billets en quelques mois.
Il ne semblait pas y avoir de concurrence, c’était un territoire vierge : un el dorado.

Hélas, avant de pouvoir conclure cet accord, on sonna l’alerte.
Merl jura violemment contre ce haut parleur mural qui mobilisait toutes « les forces militaires » pour la défense de la base puis promis de revenir. Il passa le reste de son temps à se préparer avec les autres soldats. Lorsqu’il eût l’occasion de pénétrer dans l’armurerie, il s’équipa d’un gilet tactique et prit un P90 avec sa série de chargeurs. Il n’eût aucun scrupules à bousculer quelques uns de ses camarades pour se frayer un chemin jusqu’à la case « explosif » où il récupéra une grenade à fragmentation et, surtout, une mine claymore.

"T'occupe !" Déclara-t-il en croisant le regard interrogateur de l’officier d’armurerie. "Je sens l’inspiration qui vient !"

En violation avec les règles élémentaires de sécurité, l’homme engagea une balle dans la chambre en tirant la culasse, exagérant sur le bruit que l’engin produisait pour appuyer ses paroles.

"Et voilà ! Je les attends tes pucelles de l’espace ! Je suis prêt à ouvrir les festivités !"

Derrière ces portes blindées, qui savait vraiment ce qui les attendait ? L'attente était synonyme de peur et d'appréhension. Les rapports venant de l'extérieur n'étaient pas optimistes et le Colonel Narah avait blindé la base avec tous les hommes, militaires et civils volontaires, qu'il avait en sa possession.
L'entrée principale était constituée d'un long couloir et de deux portes anti-souffles de 25 tonnes séparées par cinquante mètres de distance. Si les jaffas passaient par ce chemin, rien ne pourrait les empêcher d'envahir le SGC par de nombreux autres endroits, profitant de leur surnombre pour les submerger. Menchu Narah et la première ligne de défense du SGC s'étaient regroupés derrière la deuxième porte. Ils avaient rassemblés ceux qui avaient fui la surface sous la puissance de feu ennemie.
On ramena des caisses et des barricades, des boucliers anti-émeutes et des armes lourdes postées légèrement en hauteur par rapport aux défenseurs. Ainsi, sur le côté se trouvait une Browning M2 dont le canon était dirigé vers la porte. Autour, les hommes prenaient place, armes en main. Il y avait des M249, des M4, même des lances-grenades...

Dans ces situations là, le temps était un enjeu crucial. Le défunt Lieutenant David Finch, surnommé prisonnier 0, leur avait joué un mauvais tour plusieurs jours auparavant. Il était hors de question de commettre les mêmes erreurs. La base devait être un blocus défensif, pas du gruyère qu'on pouvait percer facilement.  
Menchu Narah était au milieu de ses hommes, en tenue de combat. Au bout de quelques minutes, ils purent entendre un grand bruit de l'autre côté et le Lieutenant-Général Kimsey avertit le Colonel par radio que les jaffas avaient percé la première porte blindée. Plus qu'une porte séparait maintenant les premières lignes du SGC des fanatiques de Sokar. D'ailleurs, ils commencèrent à entendre des bruits sourds derrière la lourde porte. Il n'y avait aucun doute qu'il s'agissait là de tirs de canons jaffas résonnant contre la coque.
Parmi les hommes postés ici se trouvaient le Capitaine Lauten et aussi le soldat Merl Finley. L'homme était nouveau ici et il allait connaître son baptême du feu.
Les coups contre la porte blindée se firent de plus en plus nombreux et une odeur de cramée commença à se faire sentir...

Vers les lignes arrières, le Colonel Giovanni Thil faisait le tour des rangs. Il y avait pas mal de volontaires civils regroupés ici, portant main forte aux unités militaires. Si la première ligne de défense commandée par Narah venait à tomber, ou si l'ennemi les contournait en passant par les issues secondaires, ils étaient là pour les recevoir. En boitillant, et avec son bras en écharpe depuis que Finch avait failli le tuer, il croisa le chef du département scientifique de la base.

« Docteur Anderson. » Le Colonel italien le toisa du regard, étonné de le voir sur le pied de guerre. Près de lui se trouvaient d'autres scientifiques armés, dont le Docteur Hash.

« Ravi de voir qu'un homme comme vous avec de telles responsabilités se soit porté volontaire pour défendre ce bloc de pierre. » Son regard se posa derrière l'homme, sur Elizabeth.

« Par contre, ça me chagrine de voir une aussi belle femme aussi proche de l'ennemi. Vous ne vous battez pas avec vos armes habituelles, madame. Permettez-moi de vous conseiller de reculer vers l'infirmerie ou la salle de contrôle, si vraiment vous ne voulez pas vous réfugier sur le Site Alpha. »

Voyant la jeune femme hésiter, il ajouta que ce n'était pas un ordre, évidemment. Juste un conseil. Mais Elizabeth n'avait pas fait tout ce chemin dans la base pour repartir en laissant ses collègues ici. Elle n'allait pas abandonner Anderson et les autres aux mains des fanatiques sans se battre. Et puis, que ce soit ici ou ailleurs...

Soudain, une explosion résonnant en bruit sourd secoua légèrement les fondations. La radio du Colonel Thil grésilla ensuite. Le Colonel Narah reçut aussi cet appel. C'était la voix du dernier Colonel présent dans cette base : Devan.

[Radio]: « Messieurs, la fête commence. On a piégé les issues secondaires et les ascenseurs. Quelques jaffas ont trouvé une écoutilles à l'extérieur mais quand ils ont voulu descendre, ça a piqué pour eux... Pour le moment, aucune autre intrusion n'a été signalée. »

[Radio]: « RAS ici. » Fit Giovani Thil. « Et les escaliers sont bien gardés. Les serpents devront nous passer sur le corps s'ils veulent atteindre la Porte des Etoiles. »

Tout le monde était à sa place. La base s'était transformée en un véritable bunker blindé de défenseurs et de pièges. En salle de contrôle, Rodney remarqua avec stupeur que les connexions téléphoniques avec l'extérieur étaient coupées. Les goa'ulds avaient attaqué et malgré la liste de personnalité triée sur le volet de manière rapide par l'ordinateur, il ne pouvait permettre à ces gens de venir à la base pour fuir par la porte des étoiles, alors que l'ennemi se trouvait là dehors, empêchant quiconque d'entrer ou de sortir. Le Sergent Mish du Pentagone se rapprocha alors de Rodney, mit une main son épaule, et l'obligea à se retourner. Derrière le Sergent se trouvaient deux autres hommes du Pentagone.

« Docteur, il est temps de partir... Vous n'avez plus votre place ici et il nous faut des gens comme vous sur le Site Alpha. »

Mckay protesta dans un premier temps. Mais quand c'était le Lieutenant-Général Kimsey qui mettait la pression, il était difficile de tenir tête, d'autant plus qu'il n'était pas un combattant et qu'ils avaient probablement raison. Sa place n'était-elle vraiment plus ici ?

« Mckay, assurez-vous qu'on ait plus aucun secret à fournir à l'ennemi, que nos bases de données et autres informations, trésors de mission, aient bien été évacuées sur le Site Alpha. Une fois ça fait, je vous conseille grandement de partir. Vous avez accompli votre rôle en permettant aux Black Eagles de partir là haut, vous ne pouvez rien de plus. »

Un peu plus haut, dans l'infirmerie, Annabel Spence veillait sur son Général favori. Elle était dans l'une des rare pièce où le calme prédominait, bercé par les bips et la respiration lente de Jack O'Neill. Dans le cœur de l'infirmerie, Fanny Mclaine et Alicia Becker Johansen regroupait tout le matériel qu'ils avaient récupéré de centre-ville quelques heures plus tôt.

Ils ne le savaient pas mais se doutaient bien d'une chose : l'ennemi essayait en ce moment même d'entrer dans la base et des hommes allaient mourir pour les en empêcher...

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Les yeux de Menchu Narah étaient fixés sur cette traces rouge qui se dessinaient au centre de la porte blindée, la matière se transformant en fusion brûlante à force d'encaisser, de l'autre côté, des tirs de canons et de lances-jaffas. Un véritable déluge s'abattait sur elle en un endroit précis au centre de celle-ci. Un nuage de fumée se propagea dans le couloir. Petit à petit, une faille donna vie à un ouverture, qui se détacha du reste et tomba au sol. La porte tombait encore en lambeaux quand un jaffa, puis deux et trois, osèrent s'engouffrer dans cette fracture. L'accueil des terriens ne fut ni chaleureux, ni nonchalant.
Les premières balles furent tirées, entraînant la mort des premiers envahisseurs jaffas sur Terre.

Les portes blindées n’en avaient plus pour longtemps. Le Colonel Giovanni Thil passait les troupes en revue et il s’arrêta sur moi, les yeux remplis d’étonnement. Je ne suis pas susceptible mais j’avoue que son attitude me vexa un peu. Je devais certes avoir une sacré dégaine, armé de pied en cape, mais cela n’était pas une raison pour se gausser de mon allure.

« Docteur Anderson. »
« Ravi de voir qu'un homme comme vous avec de telles responsabilités se soit porté volontaire pour défendre ce bloc de pierre. »

Etait-ce de l’ironie venant d’un militaire de métier qui ne voyait pas mon utilité en une telle situation ou juste l’acceptation de ma fonction de renfort entrainé à combattre (même si mon score au parcours du combattant en avait fait rire plus d’un, moi y compris) ? Je décidais de tout prendre au premier degré. Ce n’était pas le moment de se fâcher, mais au contraire celui de s’entraider.

- Merci monsieur. Mais je ne pouvais me résoudre à laisser les goa’ulds détruire l’humanité sans aider un tant soit peu à la défense de notre chère Terre. Il y a assez d’hommes de qualité sur le site Alpha pour continuer sans nous. Et c’est sans compter l’équipe des Black Eagles. Si nous tenons assez longtemps pour qu’ils remplissent leur mission,  je pense que la partie est gagnée.

A mon grand soulagement il passa ensuite à quelqu’un d’autre et me laissa tranquille. J’entendis les questions sexistes qu’il posa à Elizabeth et rit sous cape à la probable réponse à laquelle il aurait droit.

Une explosion retentie bientôt dans la base, faisant trembler les murs épais du complexe. La bataille était proche.
Lorsque les tirs des armes automatique retentirent bientôt suivies de ceux des lances jaffas nous savions que le moment de vérité était proche… et que nous allions y prendre part.

Je tirais en rafale au centre du couloir, à travers la fumée, tentant de ne pas toucher un de mes camarades par mégarde. Les cadavres de jaffas s’empilaient à l’autre bout du couloir en un tas informe et très bientôt tous mes chargeurs furent vides. Je savais qu’il fallait gérer ses munitions dans un combat, mais dans le feu de l’action certaines choses prennent le pas sur d’autres. Vous pensez d’avantage à votre survie et à celle de vos compagnons, qu’à la gestion des stocks de projectiles. Un militaire de métier n’aurait pas commis cette faute grossière. J’étais maintenant complètement désarmé.

Je me retournais pour demander des munitions aux militaires qui nous encadraient lorsque mon regard tomba sur une lance…

J’avisais la tête vers laquelle la lance pointait. La personne était accroupie, le dos tourné à l’ennemi. Je ne me posai pas de question. Je me projetai à une vitesse phénoménale vers le mur en face. Je pris la décharge en plein dans la poitrine. La force de l’impact me projeta en l’air et j’atterris un peu plus loin, en plein milieu du couloir.

Des tirs de lance jaffa pleuvaient tout autour de moi. La douleur à ma poitrine brulait avec force. Des cris retentissaient de parts et d’autres. Tous ces bruits faiblissaient dans mes oreilles alors que devant mes yeux dansait un fourmillement qui s’intensifiait de plus en plus. J’eus tout juste le temps de me dire que j’étais une proie facile, totalement à découvert avant que je ne perde connaissance…

Inspire. Expire. Calmement.
Je focalisais mes pensées sur ma respiration comme un débutant pour apaiser mon esprit, les vieux trucs sont parfois les meilleurs. Préparer notre ultime ligne de défense à l'attaque avait été une épreuve de tout les instants et maintenant, j'allais savoir si j'avais merdé quelque part. J'avais tourné et retourné le problème dans ma tête pour chercher des failles que l'ennemi pourrait exploiter et a un moment, plus rien ne m'était venu, il me semblait avoir pensé à tout. Même si on pense jamais à tout. Alors je m'étais attelé à faire appliquer toutes les mesures de sécurité qui m'étaient venus à l'esprit et aujourd'hui, le SGC était une forteresse imprenable. En tout cas je l'espérais vraiment. Et voilà que je me remet à avoir cette putain de peur d'avoir foiré un truc...
Inspire. Expire.
La base est prête, je dois l'être aussi et si physiquement je suis au top, c'est une autre histoire concernant le mental. Je dois me concentrer sur la bataille en elle-même : quand et comment tuer. Si je continue a éparpiller mes pensées, je vais me faire buter et ça sera pas bon. Pour moi déjà ! Parce que j'ai bien envie de me faire encore quelques nanas. Et aussi pour la base, ma mort serait un coup à l'organisation générale et certainement au moral. La perte -temporaire- d'O'Neill nous avait déjà largement handicapé, je me devais d'assurer la relève sans faiblir.
Une fois derrière la rangée de sac de sable, je m'arrêtai et posai le pied sur un bout dépassant, me permettant d'avoir le genou au niveau de l’aine. Avec mon PAPOP et ma tenue FELIN je ressortais particulièrement bien parmi les hommes. L'équipement me rendait encore plus massif qu'a l'accoutumée et me rendait de ce fait plus menaçant. Et d'un autre coté plus rassurant pour mes gars. J'observais les défenses de mon œil droit alors que le gauche voyait s'allumer l'écran relié à ma tenue et rapidement, des données s'affichèrent. Je fis signe aux hommes de relever encore un peu la barricade avant de m'en éloigner, je laissai pendouiller le PAPOP pour pianoter sur le clavier intégré à ma tenue dans mon avant-bras gauche pour ajuster les données qui s'affichaient et bientôt un plan détaillé du SGC apparu, me montrant la pièce dans laquelle je me trouvais avec un tas de petit point, un pour chaque soldat. Je me tournais vers les entrailles de la base pour faire quelques pas et la carte suivit le mouvement sans problème. Je m'autorisais un sourire de satisfaction avant de reprendre mon arme en main. J'allais pour tester la radio quand un son mat captiva tout le personnel présent. Sans attendre, tout les hommes se jetèrent contre la barricade, prêt à recevoir nos ennemis.

[Radio]-Narah pour Kimsey, les Jaffas toquent à la porte, préparez-vous.
-Bien reçu Colonel Narah.
-Faites évacuez ce qu'il nous reste de non-combattant, Narah terminé.[/Radio]

C'était plus l'heure de déconner. D'un pas délibérément lourd et mesuré, je rejoins la barricade aux côtés de mes hommes, prêt à défendre la Terre de ma vie, comme tout ceux présents ici. Je fis sauter la sécurité et mes hommes m'imitèrent sans attendre. Y avait deux lourdes portes blindées de 25 tonnes entre eux et nous et l'attente allait être interminable. Le silence n'était brisé que par le son mat des tirs à énergie contre le métal. La voix de Kimsey nous parvint par les hauts-parleurs pour nous prévenir que la première porte venait d'être percée. J'hochais la tête pour moi-même. L'adrénaline commençait à se diffuser dans mon corps et je sentais des fourmillements dans mes mains et mes jambes. Une pointe d'impatience perçait dans la brume d'inquiétude que formait mes pensées. C'était le moment de motiver mes troupes :

-C'est l'heure les gars ! Sokar veut s'la mettre avec nous, pas question de l'décevoir. Ce fils de pute à osé s'en prendre à O'Neill, il a torturé nos frères et aujourd'hui il vient sur Terre pour l'ajouter à son empire, vous allez le laisser faire ?! Des cris et autres insultes me répondirent, un sourire carnassier étira mes lèvres dans un rictus particulièrement malsain. Alors faites honneur à la Terre et à votre Général, butez moi tout c'qui essayera d'passer cette porte !

Une odeur de cramé remontait dans mes narines et les hommes ne pouvaient pas ne pas le sentir. Le métal de la porte blindée semblait aussi rougir de plus en plus, je sentais comme une vague chaleur sur le peu de peau que j'avais de découvert. Ils allaient percer la seconde porte dans très peu de temps. Je secouais les épaules et plaçais mon index sur la gâchette de mon PAPOP.

-Prêt à tirer ! Un morceau de métal s'écroula sur le sol, rougeoyant et fumant. Quelques instants plus tard, un lambeau assez grand pour laisser passer un homme bien bâti s'écroula, une silhouette... Feu a volonté !

Et comme un seul homme, nous ouvrîmes tous le feu. Du premier Jaffa posant un pied dans le SGC, il ne devait pas rester grand chose. Mais d'autres s'engouffraient déjà à sa place dans le trou qui continuait à s'agrandir et bientôt les Jaffas purent passer par trois. La puissance de feu de la Browning et des M249 suffisait amplement à les tenir à distance mais même les mitrailleuses doivent finir par recharger et les tirs commençaient déjà à siffler autour de nous. Ils étaient encore loin d'être menaçant du a un manque de précision flagrant mais un tir reste un tir et peut être mortel. Le recul de mon arme résonnait dans mon épaule qui avait l'habitude de ce mauvais traitement mais avec le poids de mon matériel, je ressentais le choc différemment, plus lourd, plus pesant. Je me risquais à observer la ligne et vit que mes hommes n'avaient pas encore bouger d'un millimètre, comme enracinés par l'envie coriace d'en découdre avec l'ennemi. C'est à ce moment qu'une explosion retentit, un léger vacillement dans mes jambes me confirma qu'elle était lointaine mais dans la base, elle fut suivit de près par la voix de Devans qui expliquait que des Jaffas avaient trouvés une trappe extérieure et avait tenté de s'y glisser. Je m'autorisais donc à reculer vers la seconde barricade, là ou l'entrée donnait sur un couloir avec les portiques de sécurité. Je m'agenouillais pour être bien à couvert et actionnais ma radio.

[Radio]-Ici Narah, on retient les Jaffas sur l'entrée principale pour le moment mais ça sera pas éternel. Thil tenez-vous prêt à nous voir débouler avec les invités. Devans, redéploie nos hommes dans les secteurs ou les Jaffas ont tenté d'entré pour répondre au mieux à la nouvelle configuration. Les deux Colonels me confirmèrent qu'ils avaient reçus mes ordres. Kimsey, verrouillez les niveaux 27 et 28 comme je vous l'ai dit, maintenant.
-Vous ne voulez pas attendre de...
-Négatif ! On prend pas le moindre risque, verrouillez la zone et tenez-vous prêt à les défendre de votre vie si on foire le coup. La réponse du Général tarda à arriver.
-Bien reçu Narah, les niveaux 27 et 28 sont hermétiques.
-Alors j'y retourne![/Radio]

Un coup d’œil vers la zone chaude m'apprit que les Jaffas commençaient à prendre pied, la Browning devait être rechargé. Je me relevais, actionnais le mécanisme de changement de projectile pour charger une grenade de 30mm et prit une grande bouffée d'air pour gueuler le plus fort possible :

-GRENADE !

Les hommes sur la barricade se baissèrent tous et j'appuyais deux fois sur la gâchette. Deux engins explosifs furent projetés à une vitesse impressionnante et foncèrent vers le coté opposé de la salle. La première grenade explosa en rencontrant l'armure d'un Jaffa qui n’eus pas le temps de souffrir, la seconde se contenta de percuter la porte encore chaude derrière le groupe. J'enclenchais le mécanisme inverse de mon PAPOP pour reprendre les projectifs de 5,56 en courant vers la position renforcée ou mes hommes s'étaient redressés pour ouvrir de nouveau le feu sur les envahisseurs.
Les minutes passaient et les douilles s'amassaient par terre, tout comme les cadavres de Jaffas en face de nous. L'odeur de poudre mêlée de sang emplissait mes poumons alors que le nombre d'envahisseurs me semblait infini. Les munitions commençaient à diminuer et les cadavres ennemis commençaient à créer une barricade protégeant les armures qui s'engouffraient par la porte défoncée.
Un cri de douleur résonne. Je jette un œil sur ma droite, puis sur ma gauche et voit un de mes gars au sol avec le bide fumant, ce pauvre type est mort. C'est le signal.

-Browning dégagez de là ! Je pointe du doigt les servants de la mitrailleuse et leur montre le couloir donnant sur la base. On se repli ! Première escouade, couvrez les autres ! Seconde escouade, guérilla !

Je lâche une rafale et me précipite vers la barricade secondaire, je met met à couvert et allume ma radio en restant attentif à l'écran devant mon œil gauche.

[Radio]-Ici Narah ! On lâche l'entrée, on fonce droit sur vous Thil, soyez prêt, on ramène des touristes.
-Bien reçu Narah, on est sur le pied de guerre.[/Radio]

Je me saisis d'un fumigène dans mon gilet tactic et l'envoyais vers l'entrée.

-Première section, dégagez d'là !

Chacun de mes ordres résonnaient grâce aux sous-officiers qui les répétaient pour s'assurer que chaque soldat avait bien entendu les instructions et pourrait donc s'y plier. C'était rassurant de voir des hommes aussi compétent. On avait une chance de défendre de trou à rat. Je me redresse et tir par de courtes rafales pour couvrir mes hommes qui détalent comme des lapins sous les tirs, l'un d'eux est touché dans le dos, je pousse un grognement et m'apprête à allez le chercher lorsqu'il me montre une grenade avec un sourire. Mon sang ne fait qu'un tour et je m'engage dans le couloir à toute allure, une explosion retentit quelques secondes après, me projetant en avant.
Je sens une vive chaleur sur ma nuque, je secoue la tête et tâte les fils reliant ma combinaison à mon casque : ils sont intacts. J'ouvre péniblement les yeux et une paire de bras m'aide à me relever, c'est un des nôtres. Je cligne plusieurs fois des yeux et avant d'avoir pu dire ou faire quoi que ce soit, une violente douleur sur le flanc m'arrache un grognement bestial alors que je tombe à genoux. Le soldat à mes cotés passe derrière moi et ouvre le feu. Je me secoue intérieurement et comprend que la grenade suicide n'a pas ralentit l'avancée ennemie. Je me saisi de mon SOCOM et pivote aussi vite que possible -relativement lentement donc- et n'ai pas le temps de tirer qu'un cadavre encore chaud s'écroule à coté de moi. Je ne m'y arrête pas et ouvre le feu sur les trois Jaffas qui me foncent dessus. Ils s'écroulent assez vite, leurs tirs ne m'ayant pas de nouveau touché. La porte blindée s'est fermée derrière eux et leurs frères tentent déjà de la percer. Je recharge, laissant mon chargeur vide percuter le sol dans un son bref et aigu. Je me redresse tant bien que mal et me traîne dans les couloirs. Les échanges de tirs commencent leur balai meurtrier et bientôt, je vois des petits points disparaître sur mon écran. Je plonge une main dans mon gilet et en sort une injection de morphine, j'hésite une seconde. Je m'arrête et m'adosse à une poutre en métal. J'ôte le capuchon et plante l'aiguille dans ma jambe pour injecter le stupéfiant. Je grogne quand mon épiderme est transpercée par le corps étranger mais le soulagement qui s'ensuit me tire un soupir d'aise. Je remue nonchalamment le bras gauche pour attester de la perte de douleur sur mon flanc. Je quitte mon appui et reprend mon PAPOP en main, prêt à en découdre. Je dois aller sur la ligne de Thil.

-Comment ça se passe ?
-Pas d'attaque coordonnée pour le moment, on tient correctement la ligne. Vos gars se battent dans tout les recoins du niveau et les portes se ferment une à une derrière eux comme prévu. On gagne beaucoup de temps. Le Colonel Italien est un homme solide, je suis heureux de l'avoir à mes côtés aujourd'hui.
-Excellent, mais restez aux aguets.

Son hochement de tête et son regard sont une promesse silencieuse. Un point de plus disparaît sur mon écran, je grimace et affiche une vue d'ensemble de l'étage. Les ordres sont parfaitement suivit, les gars échangent des tirs en se rabattant petit à petit vers la position fortifié secondaire -celle où je suis donc- nous donnant donc encore du temps et épuisant l'avant garde de Sokar. Son avant-garde... On galère déjà devant une infime partie de son armée, alors que pourrons-nous faire devant l'ensemble de ses forces ? Rien. Les Black Eagle sont notre seul espoir. Je soupir et reporte mon attention sur mon homologue Italien.

-D'ici peu, on va pouvoir comparé la bataille à Alamo ou aux Thermopyles...

Les hommes autour de moi redressent les épaules, visiblement impatient d'en découdre. Je me poste dans la ligne de défense, en prenant garde de ne pas trop exposer mon flanc déjà amoché mais un caporal tout proche de moi ne pu que remarquer ma blessure, il plonge alors une main dans une des poches de son gilet pour en sortir un briquet. J'ai un sourire en sortant le cigarillo que je voulais voulu fumer un peu plus tôt dans la journée. Il se justifie en me disant qu'il était souvent de garde à l'armurerie. Je le remercie d'un hochement de tête lorsque un nuage de fumée de dessine au-dessus de moi. Thil me lance un regard de biais mais s'abstient de tout commentaire. Je cale correctement le cigarillo entre mes dents, vérifie mon chargeur et rempli le logement à grenade de mon PAPOP avant de prendre ma place sur la ligne de défense. Les échanges de tirs se font de plus en plus pressant et distincts et mon écran m'indique que les gars sont effectivement de plus en plus proche de notre position. Les premiers a émerger sont menés par le Capitaine Lauten qui se réfugie bien vite derrière nos canons, il me fait un rapport rapide avant d'aller faire le plein de munition sur l'arrière de la ligne de défense. Le reste des hommes composant la première ligne de défense nous rejoignent peu après, mais bien peu... Trop sont déjà morts.
Et de nouveau l'attente, seulement meublée par le son résonnant des tirs d'armes Jaffas contre les parois blindées qui les séparent de nous. Et même une fois qu'un coté est débloqué, ils n'attaquent pas, ils attendent de pouvoir nous attaquer de toutes parts d'un coup. Les salauds. Mon cigarillo se consume et alors que je le retire de ma bouche, les tirs cessent dans un synchronisme tellement parfait qu'un mot apparaît dans mon esprit « destin » et j'expire la fumée encrassant mes poumons. Je cale la crosse de mon arme contre mon épaule et lance le mégot encore chaud dans le couloir. Il touche le sol, des bruits de pas résonnent. Cette fois, pas d'ordre. Les tirs fusent et les Jaffas tombent comme des mouches. Comme sur la première ligne de défense, les premières minutes sont largement à notre avantage, la pluie de métal clou sur place toute forme de vie qui pointe le bout de sa lance. Mais ça ne dur qu'un temps. Les premiers hommes tombent, la pression se fait plus importante, on commence à reculer. Le poids sur mes épaules se renforce à chaque instant, je fatigue. Je jette un œil vers Thil qui tire de son Zat avec une rage non feinte. D'un bond maîtrisé, je me trouve un abri derrière une colonne en métal, je recharge et ouvre de nouveau le feu. Un petit point en moins sur mon écran.

-Putain... J'enclenche le mécanisme de changement de munitions de mon PAPOP et sort de mon couvert tel un diable de sa boite. GRENADE !

Je tire deux projectiles et me remet derrière le métal protecteur, l'explosion me secoue le squelette et fait siffler mes oreilles alors que je fait faire marche arrière au mécanisme multi-projectile de mon arme, revenant sur les balles de 5,56. Une fois de plus je quitte mon couvert et alors que je lâche une rafale précise sur un Jaffa, je vois Anderson au sol, en plein milieu du couloir. Merde ! J'évalue les menaces et alors que je vais pour le récupérer, une scientifique est touchée par un tir direct. Je saisis un de mes couteaux de lancer et l'envoi de toutes mes forces vers l'ennemi l'ayant touché, la lame se plante dans sa gorge. Lauten se charge de récupérer Anderson, je me précipite vers la scientifique en jetant mon PAPOP dans mon dos. Ma main droite se saisit de mon SOCOM et abat deux Jaffas trop proche. Je finis par une glissade sur les genoux. Entre ma tenue extrêmement imposante, mon visage partiellement masqué par l'écran masquant mon œil gauche, ma barbe laissée en friche depuis de nombreux jours et ma respiration lourde, je ne dois pas paraître très rassurant. Peu importe.

-Reste consciente, j'vais t'sortir de là !

Une ombre surgit sur notre droite, je lève la main tire trois projectiles avec mon arme de poing : la boite crânienne du Jaffa explose et une gerbe de sang nous atteint tout les deux. Je ne m'en préoccupe pas le moins du monde et tire la civile vers moi en l'attrapant par le bras. Je crains qu'elle ne puisse marcher à cause de la douleur, je la hisse en travers de mes épaules, son flanc intact reposant contre mes épaules noueuses. Mon bras gauche bloque ses jambes pour ne pas qu'elle tombe et je me relève.

-Couvrez Narah !

Thil m'avait apparemment vu bougé et avait fait se positionner trois de nos gars de l'autre coté du couloir pour ouvrir le feu sur les Jaffas dans le meilleur angle possible pour me couvrir. Par longues enjambées je rejoignis la ligne de défense secondaire et lorsque je fus à couvert avec mon paquet, je mis un genou à terre pour qu'un soldat puisse l'aider à évacuer la zone de soin temporaire. Dès que son poids ne fut plus sur mes épaules, je me redressais d'un bond, sentant une faiblesse sur mon flanc blessé. J'y portais une main et y découvrit du sang. Un grognement plus tard et j'étais près de nouveau sur la brèche. J'avais pu voir le Capitaine Lauten évacuer le docteur Anderson vers l'infirmerie. La situation s'aggravait de minute en minute...

Anderson et Elizabeth furent immédiatement conduis vers l'infirmerie. Ils furent encadrés par le Colonel Thil et le reste de ses hommes. Des rapports de Devans faisaient part de diverses intrusions jaffas dans les 4 coins des niveaux supérieurs. Celui-ci était un peu isolé mais avait guidé son groupe de vétérans telle une escouade de guérilla semant la mort dans les rangs jaffas.
Plus de la moitié de l'infirmerie était occupée et le trafic de personnes ne cessaient d'aller en sens unique. Anderson était le plus gravement blessé. Il fut conduit au fond de la salle et déposé sur un lit. Immédiatement, il fut emmené au bloc chirurgical. Le Docteur White et le Lieutenant Johansen poussèrent son lit, ouvrant les portes sur son passage. Quant à Elizabeth, elle dut attendre, faute de place et de personnel. On l'aida à s'asseoir sur un lit et un infirmier vint prendre soin d'elle. Pour le moment, elle n'avait pas encore perdue connaissance et il fallait stopper l’hémorragie.
En regardant Anderson s'éloigner dans une autre pièce à travers une petite fenêtre, elle put aussi voir le lit du Général O'Neill, paisiblement endormi et surveillé par Annabel Spence.
Menchu Narah, qui était là lui aussi, put apercevoir la jeune femme. Il fut tenté d'aller la rejoindre mais il savait que la défense de la base allait demander encore beaucoup de travail. Les hommes qui étaient toujours en état de se battre avaient besoin de commandant valide sur les zones de combat.
Mais avant cela, peut être qu'un infirmier pouvait le soigner...

[Radio] : « Colonel, ici Kimsey. Vous devriez venir en salle de contrôle si vous pouvez. C'est important... Trois autres vaisseaux de type Ha'tak sont apparus en orbite. Il s'agit d'un dénommé Tolok. »

Oubliant comme il se peut sa blessure au flanc, il partit répondre à ses obligations de commandant de la base. Tolok, le chef de la rébellion jaffa, était en orbite. Voilà une nouvelle qui pouvait égayer un peu les défenseurs de la base. Quand il revint en salle de contrôle, il fut accueilli par Kimsey, le Sergent Harriman et Rodney Mckay, qui était toujours là. Sur haut-parleurs, Harriman diffusa le message sonore reçu quelques instants plus tôt.

« Tau'ris, si vous m'entendez, ici Tolok de la rébellion Jaffa... Je suis venus dès que j'ai su avec autant de frères disponibles... Nous ferons tout pour défendre votre monde. Sur Nebek, nous avons combattu et réussit, ensemble. Si aujourd'hui nous devons mourir, alors ça sera ensemble également. Bon courage. »

Harriman se retourna sur son siège, ignorant un téléphone qui sonnait bruyamment sur le bureau.

« Les trois Ha'taks se sont mis entre la Terre et la flotte de Sokar. »

Le téléphone sonnait toujours et Mckay en eut assez, il le décrocha. Au bout du fil, c'était la NASA. Ils les avaient oublié ceux-là ! Il entendit les informations suivantes : 5 planeurs de la mort allaient pénétrer dans l'atmosphère... Cela était assez étrange comme tactique de la part de Sokar, que d'envoyer au compte goutte ses forces. Il en avisa quand même Narah.
L'info changea quelques temps après : il n'y avait plus 5 planeurs mais 8, trois autres planeurs ayant un peu de retard par rapport aux cinq premiers.

Pendant ce temps, le SGC avait reçu un nouveau message. Les ordinateurs mirent un peu de temps à décoder le signal car celui-ci ne leur était pas directement transmis. Il était diffusé sur toutes les ondes à longues portées par le vaisseau des rebelles jaffas afin qu'il soit bien reçu par toute la flotte de Sokar. Ce message était le suivant.

« Jaffas ! Mes frères... Ce n'est pas votre ennemi qui vous parle. Ce n'est pas un chef, un jaffa seul, mais une communauté toute entière qui s'adresse à vous. » Il y a eut une pause, comme un silence spirituel. Étonnamment, le vaisseau mère de Sokar ni aucun autre Ha'tak ne bougea, comme s'ils attendaient un ordre du goa'uld qui ne viendrait jamais. Enfin, il reprit.

« Sokar n'est pas un Dieu. Aucun goa'uld ne l'est. La divinité est un mensonge qui nous ronge depuis trop d'années maintenant... Un mensonge qui a sacrifié tant de guerriers, tant de pères, tant d'époux, qui a brisé tant de familles pour satisfaire la cupidité et la soif de pouvoir des faux Dieux. Le goa'uld n'est fort QUE quand il parasite son hôte. Il n'est un Dieu que parce que nous les vénérons comme tel. Sans nous, il ne sont rien ! Sans hôte, ils ne sont rien ! Leur force est tirée de la répression que nous orchestrons, de la peur qu'ils provoquent. Il est TEMPS de ne plus avoir peur mes frères ! Nous, jaffas, sommes forts ! Nous sommes un peuple fier et nous souhaitons être libres ! Nous n'avons pas besoin d'eux, nous n'avons pas besoin de mourir pour eux. Vous êtes ici, loin de chez vous, pour vous battre contre un peuple qui a su s'affranchir et s'unir contre l'esclavage ! Voilà pourquoi Sokar vous a fait venir ici... Je vous en supplie, mes frères, brisez ces chaînes qui vous lient au mensonge.
Nos frères présents avec moi sommes prêt à mourir pour défendre notre cause. Nous mourrons la tête haute et le cœur apaisé, mais nous aurons eu la chance et l'honneur de vivre en tant que jaffas libres. »

Le message était terminé. Il y avait peu d'espoir mais il avait tout de même tenté.
Aucune réponse, aucune réaction, ne fut dévoilée dans les secondes qui suivirent. Le vaisseau de Sokar restait étrangement inerte, tout comme les vaisseaux commandés par Tolok qui se dressaient courageusement entre la Tau'ris et la Tyrannie.

Le colonel Narah m’avait sauvé la vie. Il avait délibérément pris des gros risques pour me sortir du pétrin. Je haletais le dos appuyé contre la cloison, la poitrine encore douloureuse. Fort heureusement le tir de la lance avait été en partie arrêté par mon gilet. Je n’aurai comme séquelles que quelques contusions. Je l’avais échappé belle.

- Merci colonel, je…

Je n’eus pas le temps de finir ma phrase. La radio grésilla. Les goa’ulds avaient trouvés un passage jusqu’en salle de contrôle. Ils y seraient bientôt. Et il n’était pas question de leur laisser la libre utilisation de la porte des étoiles

En moins de temps qu’il ne le faut pour l’écrire, nous étions dans la salle d’embarquement. Une étonnante vision nous y attendait. Outre les corps mutilés de dizaines de scientifiques de soldats de la base il y avait un goa’uld…  

- Sokar…

Le goa’uld sourit puis leva la main dans notre direction… pas assez vite pour lui. Sachant que le goa’uld avait forcément activé son bouclier personnel, le colonel se jeta sur lui, déviant par la même occasion le tir du goa’uld qui alla s’écraser sur le plafond. Mais le corps à corps fut inégal. La force d’un goa’uld étant sans commune mesure avec celle d’un terrien, même l’un des mieux entrainés. Le colonel fut propulsé en l’air et il alla s’écraser à quelques pas de là.

- Michael ! Maintenant !

Des coups de feu… un corps qui bascule…

En un rien de temps j’étais auprès du colonel. Il se releva avec peine mais il ne semblait pas être blessé.

- Bravo Michael, joli tir, nous sommes débarrassés de ce serpent.

- Merci colonel, mais si vous ne lui aviez pas subtilisé la commande de son bouclier personnel dans votre corps à corps, cela n’aurait pas servi à grand-chose.

- Nous avons réussi, sans leur chef ils…

Mais il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Le temps s’arrêta tout autour de nous. Nous venions d’apercevoir un dispositif devant la porte des étoiles. Je sus du premier coup d’œil que c’était une de nos propres bombes certainement enrichie d’une dose de naquadah. Le même dispositif que celui utilisé par Ra pour anéantir les terriens lors de la réouverture de la Porte des Etoiles il y a quelques années de cela. On pouvait clairement lire un compte à rebours qui défilait sur le haut de l’appareil.

5…

4…

3…

2…

1…

Je me réveillais en sursaut, couvert de sueur et me redressais d’un coup. Je reconnus tout de suite les murs de la base qui m’entouraient et les soldats qui m’escortaient.

- Il a repris connaissance ! Docteur Anderson rallongez-vous, on s’occupe de tout.

Je ne comptais pas obtempérer, encore choqué par le rêve que je venais de faire. Une forte poigne me fit recoucher sur mon brancard. Une violente douleur m’assaillit alors au niveau de la poitrine. Quelqu’un avait enlevé mon gilet et des compresses avaient été appliquées. Elles étaient rubicondes. On m'avait bel et bien tiré dessus. Cette partie-là du moins je ne l’avais pas rêvée. Mes paupières devinrent de plus en plus lourdes, je savais que je retomberai bientôt dans l’inconscience. J’essayais de balbutier quelques mots mais l’information n’atteint jamais mes cordes vocales.

- Dépêchez-vous, on le perd !