[Radio] : « Dites au Colonel Narah que la sécurité est renforcée auprès du patient. Si le traitre vient par ici, on l’attend de pied ferme. »

[Radio] : « Très bien tenez vos positions et attendez instructions. »

Longeant le mur du couloir adjacent, le prisonnier 0 décolla son oreille de la structure et recula de plusieurs pas. Un nombre incalculable de soldats s’étaient regroupés autour du Général O’Neill, immobilisé dans son lit d’opération. Bien qu’il soit doté d’une forme surnaturelle, il ne pourrait rien pour contrer la vague de balles qui l’accueillerait dès qu’il se montrerait dans le service de l’infirmerie. Il fit donc marche arrière et abandonna cet objectif. Si une bonne partie du personnel militaire se mobilisait à cet endroit, alors le niveau de la salle de contrôle et de la salle d’embarquement devait être moins gardé. C’était ce qu’il espérait du moins, car bien que sa détermination était forte, au fond de lui, l’ancien Lieutenant Finch avait terriblement peur…

Il avait peur sur la façon dont tout ça pouvait bien se terminer. Il avait franchi le point de non-retour en commettant cet attentat. Tout ce qui faisait de lui un officier de l’armée avait été évincé à partir de cet instant. Plus personne ne l’appelait par son nom, ni même son prénom. David avait été remplacé par le prisonnier 0. Son cœur soliste agissait à l’instinct, telle une bête hors de contrôle. Un instinct de survie qui le poussait à s’enfuir le plus loin possible de ce lieu où l’on souhaitait sa mort, un lieu où le mot hospitalité s’était changé en hostilité. Un lieu qui était autrefois sa maison, son foyer, sa planète, et qu’il priait en son for intérieur pour le quitter. C’était devenu son cauchemar, son malaise éternel qui le consumerait toute sa vie s’il venait à s’échapper.
La trahison avait cette particularité de ne pas être aussi absolue que ce que l’on pouvait croire. Finch avait fait quelque chose d’impardonnable mais derrière toute cette haine et cette violence se cachait toujours une partie de l’homme, celui qui avait servi tant d’année au SGC et au site Alpha. Cette partie n’avait pas peur de mourir, elle.

Elle savait l’ignobilité de ses actes et ne demandait qu’à recevoir une balle en pleine tête pour stopper cette culpabilité, cette douleur qui lui rongeait les tripes, qui le dévorait de l’intérieur et qui se battait en duel avec sa conscience actuelle, celle qui guidait ses malheureux pas vers le dénouement de cette histoire.

« Faites le tour par le niveau 22. Le niveau 19 va être bouclé. » Entendit-il de la bouche d’un officier en pleine course.

Il attendit dans l’angle mort d’une caméra de surveillance, ses pensées imaginant le piège auquel on pouvait bien lui tendre. On essayait de lui bloquer les passages vers les niveaux inférieurs, les plus importants du complexe. Prenant son courage à deux mains, il décida de sortir enfin de l’ombre, la tête baissée, l’arme rangée.

Vêtu d’une tenue militaire qu’il avait récupérée sur un officier qu’il avait éliminé sur la route, il passa dans les couloirs criblés de caméras et atteignit la cage à escalier. Quand il referma la porte derrière lui, il rencontra trois militaires équipés de la tête aux pieds et armés de fusil d’assaut, qui ne s’attendaient pas à ce que le traître arrive par ce côté. Leur regard était pointé vers les escaliers du haut, l’incompréhension traductible sur leurs traits quand ils aperçurent le visage de l’homme qui venait d'entrer par cette issue.
D’un revers de la main, le prisonnier 0 assomma violemment le premier soldat. Les deux autres abaissèrent leurs armes en sachant pertinemment qu’ils avaient déjà un temps de retard.
Avec son autre main, Finch fit feu de plusieurs balles et toucha celui de droite, son gilet par balle encaissant les coups mais son corps s’affaissant au sol comme un poids lourd en chute libre. Le dernier tira une rafale qui se logea d’abord dans le bras de Finch, avant de lui emporter un bout d’oreille sur la trajectoire d’une balle et de finalement trouer le mur derrière lui.
L’instant d’hésitation qui avait habité le traître quant au fait de tuer encore plus d’hommes, se vaporisa quand il sentit la douleur et la brutalité de cette attaque sur sa personne. Il pivota à une vitesse surhumaine et vida son chargeur sur le dernier soldat, prenant soin de viser les parties non protégées par du kevlar cette fois-ci.

Jetant un œil à ses blessures, il sut qu’il risquait fortement de mourir sur cette terre qui ne voulait plus de lui, mais il ferait tout pour tenter sa chance sur un monde qui prendrait soin de sa personne. Un monde qu’il pourrait appeler maison, où il pourrait retrouver l’amabilité, l’hospitalité, l’amour, le bien être d’un chez soit…
Il jeta son 9mm pour prendre le fusil d’assaut de son agresseur, avant de descendre les escaliers vers son nouvel objectif. Vers là où tous ses espoirs étaient dorénavant tournés...

Julia et son équipe campait sur leurs positions depuis une dizaine de minutes déjà quand du bruit se fit entendre dans l’un des couloirs. Walker arrêta de retirer l’une de ses grottes de nez pour se concentrer sur sa mission. Le périmètre devait être bouclé et quiconque tentait d’y pénétrer de force serait stoppé dans son avancée. Seulement voilà, l’alerte générale sonnait toujours et toutes les équipes n’avaient pas encore trouvé leur position. L’une d’elle composée de quatre hommes arriva par la porte et ils faillirent tomber dans le piège, un peu naïf mais osé, mis en place par le Sergent-Maître Becker.

« Foudre ! » Gueula l’un de nouveaux venus après l’ouverture de la porte.

Un « Tonnerre ! » lui fut répondue. Un langage codé qui voulait signifier l’approché d’alliés, utilisé dans des conditions plutôt spéciales ne serait-ce que par le lieu, qui étant sensé être l’endroit le plus sécurisé du monde, et surtout qui était connu de l’ennemi, du traître, qui était un ancien militaire connaissant très bien les codes et tactiques militaires de base.

« On doit rallier la salle de contrôle. On vient du niveau 19. On a croisé des soldats à terre l’infirmerie a été prévenue. Mais aucune trace de notre homme. »

L’officier salua ensuite Becker et continua son chemin avec son équipe. Le dernier militaire qui fermait la marche semblait un peu moins rapide, comme gêné par son équipement. Il était vêtu de la tête aux pieds, avec casque, gilet et fusil d’assaut. L’homme, dont elle ne vit pas le visage, disparut à la suite des autres dans une démarche boitillante.
A croire que tout le monde avait eu un réveil difficile cette nuit… Et malgré un étrange mauvais pressentiment, elle revint à son poste et resta là, ne réalisant pas qu’elle venait en réalité de laisser passer parmi le groupe de militaire, le traître qui s’était infiltré parmi eux…

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