« Des nuages de cendre… Une pluie acide, sous un soleil mourant… Et tant d’âmes parties au ciel, au grand damne des dieux de l’univers… »

Svarog gribouillait des bouts de phrases sur un vieux parchemin. La poésie, sous toutes ses formes, avait toujours suscitée beaucoup d’attention chez lui. Autrefois, il était un artiste, un spectateur et un amoureux de la vie, où la clémence se mélangeait avec la compétence, se servant de ce seul moyen pour exprimer ses sentiments cachés, comme la peur ou la tristesse, la joie ou la haine…

« Ces nuages gris… » Continua-t-il d’écrire avant de s’arrêter subitement. L’encre sur la plume était sèche, à l’instar de son inspiration. Son imagination n’était plus aussi débordante et il ne savait plus quoi mettre dans sa poésie, tel un ange à qui on aurait coupé les ailes, Svarog ne volait pas bien haut…
Depuis qu’il avait sombré dans le camp d’Anubis, nul doute que son esprit belliqueux s’était développé au détriment de ses anciennes valeurs artistiques. Il était devenu un guerrier sanguinaire, tout ce qu’il avait dénoncé et critiqué le plus auparavant.
Que lui arrivait-il ? Et qui était-il vraiment ?
Un étrange doute le parcourut quand il se posa cette question. Un long frisson parcourut son échine. Sa main trembla et s’il y avait encore de l’encre sur la plume, il s’en serait mis sur ses gants pourpres.
Aussi calmement qu’il put et avec toute la patience qu’il possédait encore, il posa le parchemin sur le bureau.
L’instant d’après, il brisa la plume et la jeta par terre. Il s’agenouilla en levant les mains au ciel, contractant ses trips et hurlant toute la douleur qu’il pouvait ressentir. Il se leva ensuite et, tirant son épée de son fourreau, il trancha la tête en pierre de la statue créée à son image, posée contre le mur et qui symbolisait ce culte de la personnalité dont il faisait l’objet ici.
Son amour de l’art semblait si loin et inexistant, c’était une véritable torture pour le goa’uld qui ne savait plus qui il était devenu et quelles étaient ses vraies valeurs. Son goût du sang et des conquêtes l’avait métamorphosé en un tyran abominable, d’énormes sacrifices avaient été fait pour lancer son peuple dans cette guerre et maintenant, il le regrettait presque car il était conscient du mal ultime que cela engendrait.
Mais il était impossible de faire marche arrière maintenant. Il était différent et tout avait changé…

« Eekuin !! »

Le prima arriva à grand pas dans la pièce, surpris par le rugissement soudain de son maître. Au moment où il se présenta, Svarog rangea son épée, qui émit un crissement déplaisant. Le contact du sang manquait à l’acier de la lame, tel un démon assoiffé, cela ne faisait aucun doute…

« Il est temps de partir avec l’armée principale… Allons au front… Frappons là où l’ennemi s’y attend le moins… » Il réfléchit un instant avant de prononcer un mot… un nom : « Ramius. »

« Oui… Oui ! » L’excitation gagna Eekuin dans les secondes qui suivirent. Le prima, fidèle serviteur de Svarog, n’avait cessé ces derniers mois d’essayer de convaincre son maître de partir au cœur de la guerre, rejoindre les armées des Fils de Svarog qui combattait sur plusieurs fronts. Certes, la plupart des conquêtes rencontraient des résistances vaines de quelques peuples faiblards, mais il y avait eu des défaites à quelques moments et il était temps de corriger le tir en faisant entrer en jeu le plus gros de l’armée jaffa, la réelle puissance de Svarog. Les Fils de Svarog avaient été efficaces grâce à leur rapidité et à leur nombre, surtout quand il s’agissait de soumettre des petits peuples. Voilà venu l’heure de passer à l’étape suivante, le dieu forgeron était déterminé maintenant.
Ce fut donc avec une immense exaltation qu’Eekuin apprit la nouvelle de leur départ. Svarog lui fit signe de disposer et le prima s’empressa de descendre les escaliers, d’empoigner son cor et de sonner le rassemblement dans toute la citée. Quelques minutes plus tard, le ciel fut occupé d’une panoplie de vaisseaux de guerre essayant de se poser sur la place de la citée. Des centaines de jaffas se rassemblèrent pour embarquer, tous aussi impatients de partir au combat, tous drogués par la médecine malsaine de Brokhal et endoctriné par la folie sanguinaire d’Eekuin.
Cette guerre… Elle les attendait, et ils allaient la gagner.

Svarog jeta un ultime coup d’œil sur le donjon de la citée céleste, avant d’entrer dans son vaisseau mère et de s’envoler vers d’autres cieux…


~ Quelques jours plus tard ~

Sur son trône de fer, Svarog observait l’étendue de l’espace sidéral. Il avait l’impression de voir le bout de l’univers alors qu’en réalité, sa vision ne percevait qu’une toute petite zone de cette galaxie. Un jaffa apporta une pierre de communication ronde et lisse. Svarog enregistra son message après avoir fait signe au jaffa d’activer l’objet.

« Toutes mes salutations, puissant Ramius. Cela fait très longtemps que nous ne nous sommes pas retrouvés pour parler affaire… Je sais que la guerre a eu de grosses conséquences sur nos relations, ainsi je te propose une trêve entre nos deux empires car sache-le, tu n’es pas mon ennemi, Ramius, j’ai toujours eu beaucoup de respect envers toi et l’influence que tu as dans plusieurs secteurs. Je propose qu’on se rencontre sur un vaisseau cargo où il n’y aura que toi, moi et notre garde personnelle respectif. Je t’enverrais les coordonnées du lieu. Pour te prouver de ma bonne volonté et de ma confiance, je t’accorde le droit de venir avec un ha’tak. » Svarog fit une pause, remarquant discrètement le mécontentement de son prima sur le côté. Ce dernier avait soupiré assez fort. Heureusement, celui-ci se tint calme et n’intervint pas.

« Répond-moi au plus vite, trop de vies ont déjà été sacrifiées pour cette guerre stupide entre Anubis le tout puissant et Sokar le tyran. Nous ne sommes que des pions et j’ai besoin de ton appuie. Réfléchis bien à ma proposition… J’attends ta réponse. »

Il fit signe au jaffa d’éteindre le communicateur et d’envoyer le message vers le territoire de Ramius, en espérant qu’un de ses vaisseaux l’intercepte rapidement. Il n’y avait plus qu’à attendre maintenant.
Svarog se leva de son trône et fit quelques pas en avant pour se rapprocher d’Eekuin.

« Je ne suis pas stupide. Je t’expliquerais tout le moment venu… Mais la prochaine fois… La prochaine fois que tu montres ton désaccord ou que tu contestes mes paroles en public… Ca sera la dernière fois que tu respireras. »

S’il y avait bien une chose que le dieu forgeron voulait éviter, c’est d’être tellement aimable avec ses guerriers que ceux-ci viennent à être désobéissants, ce qui était assez paradoxal.

« Il est l’heure de vous recueillir… »

Eekuin acquiesça et partit chercher la troupe d’esclave de son maître pour commencer les prières, faire les sacrifices, s'amuser avec quelques catins et entonner les litanies guerrières afin de présager un avenir plein de réussite et de victoire pour Svarog et son Empire…

Le vide spatial était vraiment un phénomène naturel étrange. Aucun son ne pouvait y être entendu, pas même le cri d’une voix qui se noierait dans toute cette obscurité. Et pourtant, il paraissait bien plus calme que d’habitude aux oreilles de Svarog.
Le calme avant la tempête…
Au moment où il le pensa, un bruit étouffé d’une bête agonisante brisa ce profond silence. Un des esclave venait de planter son couteau dans la chair d’un cochon, offrande faite en l’honneur du Dieu forgeron. En même temps, une dizaine d’autres humains formaient un chœur et entamaient un nouveau chant de guerre. Leurs voix se mêlèrent à l’incompréhension surprise du cochon avant que celui-ci ne lâche son dernier soupir. L’esclave devant lui fouilla dans son corps, coupa quelques boyaux et en ressortit le cœur de l’animal.
Svarog sourit de toutes ses dents. Toujours assis sur son trône, il se baissa légèrement et embrassa le cœur du cochon qu’on lui tendait. Il mordit dedans juste après, tel un chien goûtant timidement à la nourriture. Le goût du sang était le plus plaisant.

« Monseigneur. » Fit Eekuin en faisant un pas en avant. « Ramius a accepté votre offre. »

« Bien… Continuez de chanter. » Dit-il à l’intention des esclaves. Les voix graves et aigues se mélangeaient, formant un tout plein de puissance, des voix éternelles préparant le combat à venir. Svarog se leva et fit signe à des humains de retirer le cochon. Le sacrifice était terminé, il voulait à présent changer de tenue pour sa petite réunion avec Ramius.
Il avait encore du sang sur ses gants. Aidé par ses jaffas, il enfila une cape au bord verdâtre par-dessus son armure en cuir, ayant un rôle plus esthétique que protecteur.
Enfin, on lui apporta son épée, forgée au cœur des montagnes bordant la citée céleste. Celle-ci reposait dans son fourreau, qu’il attacha autour de sa taille. Enfin, il mit de nouveaux gants verts sombre, tels les yeux perçant d’un serpent, tandis que d’autres esclaves venaient le maquiller. Ils dessinèrent deux bandes vertes sur son visage, peintures représentant les rayons du soleil de la citée céleste le soir. Mais elles signifiaient aussi qu’il venait en paix, en temps de guerre, la peinture serait rouge. C’était le genre de détail qui pouvait tromper ses anciens alliés.
Ramius était un goa’uld influent mais faible par rapport aux principaux membres du grand conseil. Il avait un rôle d’intermédiaire dans les échanges commerciaux et une emprise assez importante sur des petites planètes intéressantes, mais son armée était à la hauteur de sa taille et de sa carrure : petite et frêle. Ramius n’était pas très dangereux mais il était quand même un obstacle entre Svarog et Sokar. C’était le genre de goa’uld qui n’avait plus sa place dans un tel conflit. Il ne méritait pas de vivre, mais ne voulant pas sacrifier des troupes pour ce gland, Svarog préféra jouer la carte de la stratégie.

« Nu'La ! Pel’tak ! Kree ! »

Sa garde prétorienne se mit en rang et commença à partir vers les anneaux de transports. Parcourant les couloirs décorés de statues et de peintures d’anciens temps, Svarog s’adressa à son prima.

« Tu resteras ici… J’ai besoin de toi pour contrôler la flotte. Je partirais avec ma garde personnelle, les meilleurs. » Svarog vit l’incompréhension d’Eekuin dans son regard.

« Écoute-moi bien… Le rendez-vous a lieu à un endroit que je connais bien. Le genre d’endroit où personne ne craint d’être découvert, pas même par les brigands qui rôde. Pendant que je serais avec Ramius dans le vaisseau cargo, je veux que tu dises à une partie de la flotte d’attendre derrière la lune d’Unar. Tu auras très bien compris, c’est un piège que je veux tendre à Ramius… La réunion pourrait durer un moment. A mon signal, tu diras à nos vaisseaux de sortir de l’ombre de la lune et de se tenir face aux ha’taks de Ramius. Je ne lui ai dis d’en ramener qu’un par sécurité mais ce lâche va probablement en prendre plus. Surtout, tu devras faire vite… Une fois que je me serais occupé de Ramius, il va falloir que je compte sur vous. Votre arrivée surprise déclenchera la panique chez eux et ils se rendront en apprenant la mort de leur maître. »

« Combien de vaisseaux dois-je prendre ? »

« Le plus possible que tu pourras cacher derrière la lune. Elle est assez grande, il faut qu’on puisse être en supériorité numérique. »

« Et pour le signal ? »

« Nous resterons en contact. »

Svarog arriva dans la salle des anneaux. Il mit ses mains sur la tête d’Eekuin et lui embrassa le front. Ensuite, le Dieu slave et sa garde personnelle furent transportés par les anneaux vers le vaisseau cargo qui lui attendait. Eekuin tapa du poing sur sa poitrine et repartit vers la salle des commandes.

Le vaisseau cargo atteignit le point de rendez-vous une bonne heure après. De loin, on pouvait voir la lune d’Unar. Celle-ci se trouvait au-delà du vaisseau cargo, ce qui serait idéal en cas de retraite. Peu après son arrivé, trois vaisseaux ha’taks sortirent des cieux. Il y en avait plus d’un, comme l’avait prédit Svarog.
L’un d’eux se plaça pas loin du vaisseau cargo et les rayons de transferts furent actionnés après vérification de l’identité de l’équipage. Un message de Svarog fut même envoyé à Ramius pour lui prouver qu’il était venu en tant que diplomate. Pendant que sa garde prétorienne se rangeait sur le côté d’un pas surentrainé, deux esclaves s’occupaient de mettre des plats sur une petite table qu’il partagerait avec Ramius, historie de l’amadouer un peu et de faire disparaître le doute et la méfiance chez son adversaire.
Le bruit des anneaux de transports retentit avant que l’ombre de Ramius, suivit de sa garde personnelle, n’arrive dans la salle principale du vaisseau…

La lune d’Unar n’était qu’un vulgaire rocher tournant autour d’une planète située bien loin d’ici, n’apportant quasiment aucun avantage stratégique, du moins c’est ce qu’avait pu penser Eekuin en venant ici. Le Prima de Svarog attendait depuis quelques temps déjà, caché derrière la face cachée de la lune, avec une belle petite armada sous ses ordres. Celle-ci était constituée de pas moins de dix Ha’taks et cinq al’kesh, sans compter tous les jaffas qui se trouvaient à l’intérieur prêt à aborder les vaisseaux ennemis. Mais d’après ce que son Maître lui avait dit, leur but était de dissuader les vaisseaux ennemis, pas de les détruire. Un sentiment de déception avait traversé Eekuin, qui allait devoir tenir en laisse ses hommes et retenir sa soif de sang. Il attendait donc avec beaucoup d’impatience le signal de son maître, en espérant que celui-ci savait très bien ce qu’il faisait car il ne disposait pas d’autre protection à proximité.
La main sur les panneaux de commandes, le regard d’Eekuin observait attentivement cette lune. L’idée d’y construire une base lui traversa l’esprit. Elle pouvait être un point de ravitaillement efficace.
Il continua de rester silencieux même si à l’intérieur de lui, tout son corps bouillonnait de l’envie de se battre. Malgré tout, un miracle médical de Brokhal faisait battre son coeur à vitesse régulière et à intervalle de temps plus long, au rythme des coups de fouet claquant sur le dos d’une esclave au fond de la pièce.


Dans le vaisseau cargo, le calme était le premier maître des lieux. Svarog l’appréciait et l’entendait, telle une douce mélodie qui allait de plus en plus vite, annonçant l’approche d’un évènement terrible qui briserait ce silence. C’était le calme avant la tempête et ce genre de moment, le dieu forgeron le chérissait plus que tout. A l’approche de Ramius, il sourit et fit un petit signe de tête à sa garde prétorienne.
Les jaffas de Svarog s’écartèrent puis se tournèrent vers la scène de rencontre, alignés parfaitement comme lors d’une cérémonie. Il y en avait quatre à gauche et quatre à droite. Pendant ce temps, le pilote s’était levé pour chuchoter à l’oreille de Svarog le nombre de Ha’taks prit par Ramius pour venir. Le Dieu nordique le congédia et garda son mince sourire.
Il se un ami dans ses bras.

« Ramius… Ca faisait longtemps. » Dit-il en joignant ses mains devant lui et en se courbant légèrement pour le saluer.

Svarog jeta un coup d’œil aux jaffas de son meilleur ennemi. Pas de quoi paniquer, l’heure venu et ils ne poseraient pas de problème.

« Prends place, je t’en prie. » Dit-il en s’asseyant autour de la table qui avait été amenée à l’occasion. Plusieurs plats de nourritures y étaient posés avec des carafes de vin.

« Tout d’abord, j’aimerais te présenter mes excuses pour les pertes que tu as subies à cause de cette guerre. Je sais que quelques uns de tes territoires ont été la cible de ma nouvelle armée de barbares humains mais tu comprends, Sokar et même Anubis ne me laissent que peu de choix… J’aimerais connaître ton point de vue sur ce conflit. Je suppose que si tu as accepté ma demande de rencontre, c’est que tu es disposé à m’écouter et à me parler, n’est-ce pas ? »

Svarog piocha dans un panier de fruit et en sortit une belle pomme rouge, qu’il coupa net avec un couteau. Deux esclaves arrivèrent en même temps pour servir la boisson aux deux goa’uld et disposer les plats de manière à ce qu’ils puissent manger à leur guise.

Svarog écoutait attentivement les paroles de Ramius avant d’être convaincu que celles-ci soient futiles et exaspérantes, chaque mot étant porteur d’une arrogance et d’une autosuffisance dégoutante. Ce que disait Ramius ne faisait pas avancer la conversation et la rendait bien moins intéressante, Svarog n’aurait aucun avantage à s’en faire un allié tellement cette larve avait un niveau intellectuel à l’image de la puissance de son armée, c'est-à-dire très faible. Pourtant il n’en montra rien, préférant rester calme et souriant avec beaucoup de difficulté afin de se prononcer sur une éventuelle trêve. Evidemment, c’était une excuse pour pouvoir le rencontrer et la naïveté de Ramius allait lui coûter cher.

« En effet. C’est une sage décision… » Svarog voulut prendre son verre de vin lorsqu’un des esclave l’en empêcha, sans faire exprès, en posant sur la table un plat de légumes verts assez rares dans la galaxie. Leurs bras s’entrechoquèrent et les yeux du dieu forgeron se posèrent lourdement sur la silhouette fébrile du serviteur humain.

« Dégage ! » Sa voix résonna dans toute la pièce et l’esclave sursauta de peur avant de prendre congé. Le regard de Svarog revint sur le visage enfantin de Ramius.

« Je t’offre une trêve, pas une paix éternelle. Mon ennemi est Sokar et j’en ai que faire de ses chiens comme toi qui pleurent à sa botte ! »

Le dieu nordique but une gorgée de vin et aperçu avec beaucoup de plaisir le désarroi sur le visage de Ramius. Il l’avait choqué par ses paroles peu diplomatique, ce qui était rare venant de Svarog qui avait pourtant la réputation d’être un beau parleur qui caressait les autres goa’ulds dans le sens du poil. Mais les temps avaient changé depuis…

« Les conditions sont les suivantes : je veux que tu laisses le passage ouvert à mon armée et à ma flotte, qu’elle puisse utiliser ta porte des étoiles en cas de besoin immédiat et que mes vaisseaux puissent se ravitailler chez toi. Je veux aussi que tu me livres tes territoires conquis et que tu me lègues tes accords commerciaux. En échange, je te garanti que tu n’auras plus rien à craindre de moi et des autres. Le temps que cette guerre finisse, tu resteras sur ta planète mère et une fois tout ça terminé, tu reprendras tes territoires et ton petit commerce galactique. Qu’en penses-tu ? »

C’étaient de très grosses conditions qu’avaient fixé Svarog et le dieu forgeron était quasiment persuadé que Ramius n’acceptera pas, c’était trop risqué pour lui de faire confiance à son ancien ennemi de la sorte. Mais en même temps avait-il d’autres choix ? Celui de pleurer aux pieds de Svarog pour souhaiter sa protection ? Peut être… Mais il abandonnerait son peuple et sa planète et Svarog le connaissait trop pour savoir que cette crapule aimait trop son petit château avec ses petits jardins misérables. Ramius était donc susceptible d’accepter et s’il le faisait, il perdrait toute crédibilité à tel point que Svarog l’éliminerait quand même, donc dans les deux cas Ramius allait mourir, tout ceci n’était qu’une question de temps maintenant…

« Réfléchis bien. » Ajouta Svarog en mangeant un bout de pomme et en lançant un regard très rapide vers ses jaffas, tellement vite et discret que seuls ses guerriers le remarquèrent. Ils étaient habitués à ce genre d’ordre silencieux venant de leur Maître et ils savaient qu’ils devaient se tenir prêt, la situation pouvant dégénérer d’ici peu…

Svarog écouta peu attentivement Ramius, son haleine de chacal dégageant une odeur à couper l’appétit. Il s’empara d’une fourchette et s’en servit pour prendre un morceau de pomme qu’il avait coupé, mais il ne le mit dans sa bouche, dégoûté par l’odorat qui trainait. Il regarda le visage maladif de Ramius et ne put s’empêcher d’esquisser un rictus. Il baissa ensuite le regard très rapidement, assez pour vérifier la portée de son couteau de cuisine à sa droite et de sa fourchette à sa gauche. Heureusement, Svarog était quelqu’un d’habile avec ses deux mains.

« Je suis ici avec une offre généreuse. Tu me pousses à être très patient et diplomate avec toi. Soit, je suis de bonne humeur aujourd’hui… »

Quelque chose avait changé dans l’attitude de Ramius. Svarog l’avait trop bien connu par le passé lors de leurs petites réunions pour savoir qu’il cachait quelque chose. Il était trop à l’aise, trop confiant, trop provocateur… Quelque chose clochait. S’il comptait lui tendre un piège, le carnage en serait que plus grand. Mais le dieu forgeron avait appris à éviter les bains de sang depuis le temps et savait qui éliminer au bon moment. Il ne se précipitait pas et prenait son temps pour bien faire. Pour le moment, il s’imagina comment neutraliser Ramius rapidement sans qu’il puisse se défendre ou même envoyer un signal à son vaisseau ha’tak. Il en était de même pour ses jaffas.

« C’est d’accord. Mais tu me donneras des vivres pour alimenter mon armée. Rien de bien méchant, juste de quoi garder la ligne. » Fit-il avec un sourire charmeur.

Svarog lança un ultime regard de travers à sa garde prétorienne avant de lever les mains au ciel en signe d’approbation et de trêve. Toujours le sourire aux lèvres, il se leva de quelques centimètres pour embrasser son nouvel ami au dessus de la table. C’est à ce moment là qu’il sentit la respiration de Ramius s’accélérer. Ce lâche puait le mensonge, il cachait quelque chose, nul doute qu’il allait tenter une attaque mais Svarog ne le laisserait pas frapper le premier. Il se détacha des bras de son ami et l’invita à trinquer avec son verre de vin.

« A notre nouvelle amitié et surtout… » Dit-il avant que son sourire ne disparaisse brutalement. Svarog s’empara du bras de Ramius et le tira vers le milieu de la table, bloquant son adversaire entre la chaise sur laquelle il s’était installé et la table.

« Va en enfer ! »

Svarog s’empara du couteau sur la table et le planta dans la main de Ramius, traversant la paume du goa’uld dans une giclée de sang qui éclaboussa les fruits alentours.
Au même moment, les jaffas du dieu artiste armèrent leurs armes et firent feu sur les jaffas ennemis. Les trois esclaves se mêlèrent aussi au conflit, armés de couteaux longs, ils sautèrent sur un des jaffas du dieu ennemi et le transpercèrent de toute part. L’un d’eux fut cependant tué par un tir ami venant des jaffas de Svarog, qui n’avaient que faire de la vie d’un pauvre esclave.
Enfonçant bien le couteau dans la main de Ramius, Svarog ria de bon cœur avant de prendre sa fourchette cette fois-ci et de la planter dans la gorge de son faux allié. Ramius émettaient des gargouillements atroces à peine audibles à l’oreille à cause des tirs de lance jaffa dans la pièce. Svarog vit un de ses garde tombé, touché en pleine poitrine, avant de se relever difficilement en chancelant. La drogue de Brokhal portait ses fruits même si vu la gravité de la blessure, le guerrier mourrait à cause d’un manque de soin important.
Le combat dura quelques instants, très bref, où tous les jaffas de Ramius connurent une mort rapide, surpris par le renversement de situation et désavantagés par leur infériorité numérique. Quant à Ramius, il était toujours en train de souffrir, la main plantée sur la table et des filets de sang giclant par sa gorge, éclaboussant le mur du vaisseau cargo. Svarog avait tapé au bon endroit pour ne pas le tuer aussi vite.

« Envoyez le signal à Eekuin et ouvrez une communication avec le Ha’tak ennemi. » Ordonna-t-il à ses jaffas, qui agirent immédiatement. On lui fit signe qu’il pouvait parler au vaisseau de Ramius.

« Jaffas ! Votre Dieu a essayé de me duper mais sa tentative de me tuer a échoué. Il est actuellement gravement blessé et je lui épargnerais une longue et pénible souffrance si vous vous rendez sur le champ. »

La vérité n’était racontée que par ceux qui étaient en vie, et Svarog comptait bien raconter des bobards pour semer la confusion dans les rangs ennemis, même s’il était quasiment sûr que Ramius cachait quelque chose et qu’il aurait tenté un coup bas à un moment où un autre de leur rencontre.
Svarog s’assit sur son siège et fit signe à ses esclaves d’attacher Ramius et de ralentir l’hémorragie. Celui-ci allait mourir sans sarcophage à portée mais le dieu nordique voulait gagner du temps afin de permettre à Eekuin et à la flotte de venir dissuader les jaffas de Ramius d’une vengeance futile et stupide…

La perfidie de Ramius fut révélée au grand jour lorsque deux vaisseaux Ha’taks arrivèrent par hyperespace pour porter main forte à au vaisseau d’origine. Ce piège était prévu et Svarog avait bien fait de frapper le premier. Le prima de Ramius lui pria de renvoyer son dieu sur son vaisseau au risque d’ouvrir le feu. Cette larve à peine mature avait osé le tutoyer, chose que Svarog n’aima guère.

« Ah oui… Et tu tuerais ton dieu ? Même s’il n’est pas loin de la mort, tu oserais faire ça de ta propre volonté ? » Svarog le mettait à l’épreuve car si le jaffa était un peu intelligent, il saurait que son dieu Ramius ne survivrai pas longtemps sans soin et qu’il était mieux de l’achever. Mais ce n’était pas psychologie habituelle des jaffas, et cette petite discussion, c’était aussi pour gagner du temps.

« Je te conseil de ne plus me parler de la sorte. Si Ramius est ton dieu, comment ça se fait qu’il soit dans cet état, explique moi… »

Svarog se rapprocha de la carcasse de son ennemi, tremblotant, dont le visage était recouvert d’une couche d’hémoglobine toute fraiche. Prenant la fourchette toujours plantée dans sa gorge, il la retira violemment. Ramius s’écroula à terre, prit de convulsion tandis que ses yeux brillaient de mille flammes tellement la souffrance était grande.
Svarog jeta un œil vers les radars du vaisseau cargo. Un sourire victorieux apparut sur son visage. Il se retourna vers l’écran de communication en ressuyant le sang sur ses mains sur une serviette rapportée par un esclave.

« De toute manière tu n’es pas en mesure de me faire une telle demande. »

Les vaisseaux de Ramius avaient du le voir sur leurs écrans de contrôles : une dizaine de points venaient d’apparaître sur leurs radars et face à une telle force d’opposition, avec leur dieu entre leur main, le résultat final était prévisible. Les jaffas de Ramius n’était pas fou, et Svarog pouvait même sentir la peur émaner de celui qui lui parlait par communication.
L’équilibre des forces avait été boulversé et la balance tendait de l’autre côté, celui du dieu forgeron. Alors que la flotte de Svarog était sortie de l’ombre de la lune pour se rapprocher inéluctablement du point de rendez vous, il fit signe à ses jaffas de finir le travail concernant Ramius. Ils planèrent le goa’uld agonisant contre le mur et s’alignèrent à quelques pas de lui. Devant l’écran de communication, ils tirèrent tous en même temps et une salve de tirs à énergie vinrent toucher l’ennemi de Svarog. Le corps brisé de Ramius s’écroula au sol. Ce dernier faisait parti du passé maintenant.

« Comme vous le voyez, vous n’avez plus de soutien divin. » Svarog ria fortement pendant quelques secondes. Il reporta son attention sur le prima ennemi.

« Qui plus est, vous êtes en infériorité numérique. Soit vous vous rendez et je vous promets de bien m’occuper de vous et de votre planète, soit vous prenez le risque d’ouvrir le feu sur moi… Et dans ce cas là… Non seulement vous mourrez, mais pas seulement après avoir été torturé et capturé pour admirer ce qu’on fera à votre planète et à votre peuple. A vous de réfléchir et de prendre vos responsabilités au nom de votre peuple, jaffa… Sachez que je ne vous pas une telle offre une seconde fois. »

Pendant qu’il avait parlé, les vaisseaux ha’taks contrôlés par Eekuin s’étaient rapprochés et l’un d’eux était très proche du vaisseau cargo, prêt à se mettre devant pour encaisser les tirs ennemis, au cas où. Personne ne pouvait savoir comment réagirait ces jaffas suite à la mort de leur dieu. Svarog savait la réponse si c’était lui qui se serait fait tué : tous ses jaffas auraient offert leur vie en sacrifice, dans l’art de la destruction du kamikaze. Mais concernant Ramius il avait une chance pour que tout ça se termine tranquillement, le défunt goa’uld n’étant pas un éleveur de fanatique comme l’était Svarog…

Les flammes se dressaient dans le ciel de cette planète agonisante.
Le territoire de Ramius, autrefois grand seigneur de ces terres, brûlait de milles feux et disparaissait doucement sous les rafales de vents éternelles… Tel un tourbillon emportant tout sur son passage, il ne restait plus rien à part un tas de cendre. Tel un artiste observant son œuvre, Svarog regardait le spectacle de mort et de destruction sous ses yeux. Sous l’ombre du crépuscule, sa posture de conquérant victorieux cachait celle du tyran… Un tyran aux mains ensanglantées et aux lèvres sèches.

« Que fait-on de tous ces gens ? » Demanda Eekuin dans un grognement respectueux mais pressé.

« Tuez les tous. »

Il n’en fallut pas plus pour que le prima de Svarog ne donne les nouveaux ordres à ses guerriers. Les jaffas et Fils de Svarog se précipitèrent pour accomplir leur devoir. Après la mort de Ramius, le peuple de celui-ci avait finalement choisi de tourner le dos au Dieu vainqueur. Svarog allait donc sévir… et leur punition serait la mort. Après avoir essayé de les convertir depuis de longs mois, et ayant eu comme seule réponse une résistance ardue, sa patience s’en était allée et son instinct sauvage avait tranché dans ses décisions. Toute la vermine humaine avait été rassemblée pour un nettoyage catégorique et sans conditions.
Alignant chaque prisonniers le plus près possible les uns derrière les autres, les jaffas tiraient des salves meurtrières entrainant l’exécution de plusieurs humains à la fois. Un tir suffisait pour que quatre d’entre eux soient touchés et tués sur le coup. Les Fils de Svarog finissaient brutalement le travail d’extermination. Achevant les prisonniers et regroupant leur dépouille, ils s’occupaient de transporter tout ça vers une énorme fosse de plusieurs centaines de mètres de longueur.
Les corps désarticulés, torturés, meurtris, étaient transportés dans de grands chariots et jetés au fond de la fosse afin d’en faire un énorme tas avant d’y mettre le feu… Des milliers de corps sans vie y furent balancés.
Consumés par les flammes, ce qui était autrefois le peuple de Ramius ne serait plus que des cendres balayées par un mélancolique vent d’automne…
Certains avaient essayés de résister ou même de fuir. De nombreuses familles de paysans, des femmes et des enfants, avaient couru dans les bois dans l’espoir de s’y cacher et d’y vivre secrètement… Mais les Fils de Svarog furent déployés en nombres, les pourchassèrent dans la nature et les rattrapèrent, égorgeant et piétinant d’abord les plus jeunes avant de violer et d’abattre violemment les femmes une fois le plaisir sadique et sexuel terminé. Aucune mort ne s’était faite sans torture psychologique. Terrorisant leurs futures victimes et jouant avec elles, les fanatiques du Dieu Nordique passèrent la journée à décimer cette population. Et ce ne fut pas les larmes des hommes et soldats de Ramius, prisonniers et attendant leur tour pour être exécuté, qui vinrent mettre fin à leur supplice.
Svarog leur avait tendu la main et en signe de reconnaissance, ces esclaves s’étaient rebellés en croyant fortement à un retour de leur maitre pour les sauver. N’étant pas d’humeur à pardonner ni à patienter, ce fut cette décision radicale qui mit fin à de longs mois de labeurs passés en vain.
Plus aucune pierre de palais de Ramius n’était posée sur ces terres. Et alors que la fosse à cadavres se remplissaient sous les regards amusés et euphoriques des jaffas, le ciel continuait inlassablement de s’assombrir…

Plusieurs jours plus tard, Svarog reçut des nouvelles du monde extérieur et des réactions suscitées par ses travaux. Face à cette barbarie absolue, Anubis l’avait encouragé, Zipacna l’avait félicité, Ba’al était resté vigilant et réservé… Quant au Grand Conseil, les rumeurs disaient que les méthodes irrévocables du Dieu artistes ne plaisaient pas aux plus grands d’entre eux. Paraitrait que Bastet et Yu aient été choqués d’apprendre la réalité de ces évènements. Cela n’était guère étonnant, des Goa’ulds séniles comme eux ne connaissaient pas l’art de la guerre et de tout ce qu’elle impliquait. Aries s’était montré indigné, perdant de son mordant au fur et à mesure que le temps passait… Et Sokar était resté muet… Il n’avait fait aucun commentaire à ce sujet, ce qui était une preuve de l’efficacité des actions commises par Svarog.
Quelques semaines plus tard, l’effet de crainte avait porté ses fruits, quand la nouvelle de la mort de Ramius et de son peuple décimé fut confirmée dans tout le royaume Goa’uld.
Presque immédiatement, les commerces et réseaux de communications furent ouverts à Svarog. Le ravitaillement n’était plus un problème. Les planètes neutres lui ouvrirent les bras et accueillirent ses armées chaleureusement. Quelques Goa’ulds mineurs durent battre en retraite devant l’avancée de sa flotte et d’autres déposèrent les armes à ses pieds. Son prochain challenge de taille restait la Terre, qu’il n’oubliait pas et qu’il gardait soigneusement dans ses ambitions pour ses œuvres prochaines…
Afin d’être respecté et pris au sérieux, Svarog avait du employer les grands moyens… Et le prix du sang avait été versé…
Celui de l’Humanité.