Tic… tac… tic… tac… tic… t… BAM !

La main du docteur Lee tenta d’écraser une mouche agaçante, en vain. Sa main resta collée quelques secondes contre le plan de travail alors que son regard suivait à la trace l’envol de l’insecte, dont la trajectoire chaotique ne cessa que lorsqu’il trouva un autre point d’ancrage.
Le claquage de la main dont le bruit aurait pu faire croire à un coup de feu, avait attiré l’attention de Léon Smith, qui disposait d’une expérience assez grande maintenant pour identifier ce son comme n’étant pas un tir d’arme à feu.

« Nerveux ? » Demanda l’anglais qui était posté dans l’encadrement de la porte.

« C’est cette mouche qui me rend nerveuse. » Attesta le scientifique en essayant difficilement de cacher son irritation à propos de la question du militaire. Cela avait tendance à l’énerver encore plus.

*Cette mouche… ou ce prisonnier* raisonna Léon en gardant un œil attentif sur le troisième homme présent dans cette pièce. Ou plutôt, cette troisième personne, qu’on ne pouvait pas vraiment qualifier d’homme…

Shaq’rel était un jaffa anciennement au service de Svarog, puis d’Anubis. Cela faisait deux mois qu’il était arrivé au SGC et maintenant, en tant que prisonnier de guerre, il aidait l’équipe scientifique du SGC à finaliser l’arme anti-kull. Et aujourd’hui, Smith était chargé de sa sécurité… Et surtout, de garantir la sécurité des autres membres du SGC qui étaient amenés à côtoyer le prisonnier. Ce dernier était connu pour être très dangereux, pour avoir aidé à créer les super soldats. Mais on disait aussi qu’il était maintenant repenti et qu’il souhaitait aider le SGC pour réparer ses crimes du mieux qu’il pouvait. Léon y croyait à moitié, acceptant la situation sans être convaincu…
Postés en face de lui, droits comme des piquets contre le mur, deux gardes du SGC étaient aussi assignés à la surveillance du prisonnier. C’étaient deux gars désignés par le Général O’Neill. Léon était là, lui, parce que le Colonel Narah lui avait demandé. Il préférait qu’un membre des Black Eagles soit présent pour ce prisonnier sensible, et un relai se faisait toutes les trois heures. La fin de cette garde allait toucher à sa fin pour Smith.
Pour le moment, tout avait l’air de bien se passer. Seule la nervosité du docteur Lee, peu habitué à travailler en commun avec un scientifique ennemi, venait perturber la petite ambiance intimiste qui s’était installée dans la pièce. Habituellement, c’était le Docteur Anderson qui était chargé du dossier, mais l’aide et l’expérience de Lee s’étaient montrées indispensables pour épauler le chef de la section scientifique, occupé à régir tous les travails des labos du SGC.

« Ne faîtes plus jamais ça… » La voix profonde de Shaq’rel créa un profond frisson qui parcourut l’échine de Lee. Le jaffa n’était pas du genre à parler pour rien, ce qui était rare, pour un scientifique…

« Un problème ? » Réagit Smith afin de désamorcer une éventuelle future discorde entre les deux personnes. Cela n’était pas inhabituel. Lee s’était déjà disputé avec le prisonnier pour une question futile remettant en cause leur propre égo. Cela avait été difficile de raisonner Lee. A présent, Léon anticipait le moindre échange qui pourrait mal tourner.  

« Je voulais juste préciser au Docteur Lee, que je suis actuellement en train d’équilibrer la charge d’énergie présente au cœur de l’arme, et que la moindre secousse pourrait me faire bouger, ou déplacer une pièce, même d’un petit millimètre, ce qui pourrait causer un problème de fonctionnement, voire la destruction du prototype au moment de son activation. »

Lee répliqua presque immédiatement en balbutiant une excuse qui aurait pu le débarrasser de toute injustice, mais Léon refusa d’insister à cette nouvelle parade et aperçut, non sans une grande joie intérieure, la relève arriver.

« Sergent, ravi de vous voir. » Salua-t-il l’arrivée de James Biggs, frère d’arme appartenant lui aussi aux Black Eagles.

« Tout le plaisir… n’est pas pour moi ! » Répondit en grognant cet homme habituellement si jovial, ou tout du moins, le plus jovial des Black Eagles.

Intérieurement, Léon poussa un soupir de soulagement à l’idée d’être libéré par cette tâche ennuyante, bien qu’il était nécessaire d’assurer une surveillance humaine auprès du prisonnier et des scientifiques. Mais il en avait assez d’assister aux échanges juvéniles entre Lee et Shaq’rel. Et quand bien même ces deux-là parlaient sérieusement, en termes scientifiques, Smith ne comprenait pas grand-chose et sa curiosité n’était pas particulièrement attirée par le sujet de conversation.  

Il salua les gardes, souhaita bon courage à Biggs et partit dans le couloir. Mais à peine fit-il quelques pas qu’il s’arrêta, son regard posé sur une porte de bureau à moitié fermée, contenant l’inscription « Docteur Elizabeth J. Hash ». Smith s’était stoppé net en réalisant qu’il connaissait ce nom, avant de se souvenir de l’échange qu’il avait eu avec cette scientifique, il y a quelques temps.
Il marcha en avant et lança un regard dans l’entrebâillement de la porte. Discrètement, comme il savait si bien le faire, il se glissa vers l’entrée et observa une jeune femme qui lui tournait le dos, occupée à faire quelque chose que Léon ne pouvait voir. Elle était vêtue d’une blouse blanche, au style très protocolaire. Cela faisait vraiment scientifique de laboratoire.

Devait-il perturber la jeune femme dans son travail ? Il ne le souhaita pas et quand il voulut s’éclipser, un éternuement très bruyant et involontaire provenant de Biggs, dans le couloir, fit retourner la scientifique.
Et là, le choc… Si de dos, la personne en question présentait des ressemblances avec la Elizabeth de ses souvenirs, de face en revanche, elle ne lui ressemblait pas du tout, et Léon fut certain qu’il ne s’agissait pas là d’Elizabeth mais d’une assistante de laboratoire qu’il ne connaissait pas. La jeune femme se leva, prit des dossiers et sortit en saluant le soldat.

Un poil déconcerté et déçu, Léon fut malgré tout poussé par la curiosité et pénétra dans le labo pour voir ce qui s’y trouvait, mais son envie fut vite avortée et il décida de partir d’ici. Après tout, ce n’était pas son bureau ! Mais, lorsqu’il se retourna pour s’en aller, il tomba nez à nez avec une autre jeune femme qui, cette fois-ci, rentrait bien dans son propre bureau : Elizabeth.

Terriblement gêné d’être pris aussi facilement, presque en effraction dans ce lieu qui n’était pas le sien, il eut du mal à prononcer ses premiers mots devant une Elizabeth probablement surprise de le voir ici.

« Euh, bonjour… Je… » Il se racla la gorge. « Je pensais vous trouver ici… Et, euh… Vous n’étiez pas là. Mais vous voilà, maintenant ! »

*Léon, tu es d’une tristesse…*