Cela faisait désormais un certain temps que Julia était rentré de la froide planète sur laquelle les Jaffas rebelles s'étaient installés. Jusqu’à présent sa formation de diplomate avait alterné entre exercices physiques pour se maintenir en forme, et long cours théorique afin de permettre à la pilote de devenir une brillante ambassadrice de la Terre . Les "professeurs" c’étaient jusqu’à présent tous montré assez dur, n’hésitant pas à brimer à la moindre erreur de protocole. Plusieurs fois, Julia avait eu envie de leur envoyer à la figure les gros manuels qu'on lui demander de potasser.

Mais cependant aujourd’hui et pour la première fois, la monotonie de sa formation avait été brisée. En effet contrairement à l’habitude, cet après midi elle n’avait pas un long cours théorique sur le leader ship, mais un rendez-vous avec Helena. Bon il ne s’agissait que d’un vulgaire exercice de tir, mais c’était nettement bien mieux que de suivre les cours du sergent Golum, un homme chauve, maigre, au teint pâle et qui avait une nette tendance à parler tous seul. Certains officiers riaient même de lui en raison de sa tendance à appeler le Manuel des "Us et Coutumes des Allien": mon précieux. Mais cependant malgré ses bizarrerie son cours était tout à fait cohérent et compréhensible, bien que profondément ennuyeux.

Toute contente d’avoir échappé au supplice, et sachant que la linguiste serait une excellente enseignante qui pourrait lui faire assimiler le langage jaffa, elle poussa la porte de la sale de tir.

- Bonjour Helena! Comment allez-vous ?

Julia se réjouissait sincèrement de voir l'Anglaise. Elle appréciait beaucoup son caractère. Pas fâchée non plus de porter à nouveau son uniforme, elle sortit de son logement un zat, qu'elle venait d'emprunter à l'armurerie pour l'entraînement. C'était l'arme classique utilisée dans toutes les missions.

- Je pensais que l'on pouvait commencer avec ça. C'est standard et c'est aussi ma préférée.

Elle se passa une main dans les cheveux

- Enfin en réalité, on ne l'utilise pas si souvent puisque vous avez pu remarqué qu'en mission on se fait systématiquement désarmer dés notre arrivée!

Enfin, Julia entra.

- Bonjour Helena! Comment allez-vous ?

Elle se tourna vers elle.

-Ça va, comme vous pouvez le voir. Je suis enfin sur mes deux jambes et ça fait un bien fou. Et vous, vous avez changé de boulot. Pas trop difficile ?

Elle regarda ensuite l'arme que lui tendait Julia. Des zat, elle en avait déjà vu, d'un peu trop près parfois, mais jamais tiré avec.

-Euh...ça fonctionne comment ?

Apparemment Helena allait bien. Et elle voulait savoir si le nouveau job de Julia n'était pas trop difficile

- Non non ça va merci. Qu'était-il arrivé à vos jambes ?

La linguiste regardait le zat un peu étrangement et semblait avoir plein de questions à ce sujet.

- C'est mon arme de poing préférée. Vous tirez une fois elle immobilise la cible et la seconde fois elle la désintègre. Quand vous ne savez pas si vous devez tuer ou juste "ramener quelqu'un à la raison" c'est un bon compromis. En plus il n'y a pas de recul.

Julia pouffa un peu quand Helena lui avoua que c'était une balle dans la cuisse qui l'avait décidé à accepter sa proposition. Il y avait parfois des arguments percutants! Et sans la moindre transition, la linguiste prit le zat et tira sur la cible...qu'elle manqua de peu. Elle demanda ce qui ne convenait pas.

- Je sais que ça fait très film d'action de ne tirer qu'avec une seule main mais dans la réalité ce n'est pas pareil.

L'apprentie diplomate passa derrière la linguiste et replaça le zat puis la main gauche en soutien de la main droite de Helena puisque celle-ci semblait être droitière. Une fois la jeune-femme en place, elle desserra son emprise et se recula.

- Maintenant prenez le temps de trouver la position qui vous parait la plus confortable et la plus stable. Vos pieds doivent être légérement espacés. L'un devant l'autre derrière de façon à assurer le meilleur équilibre possible.

La cible était là, figée à attendre que l'on veuille bien lui tirer dessus. Ce qui n'était pas le cas en mission. Mais pour une première étape c'était nécessaire.

- Vous n'avez aucune raison de vous précipiter Helena. Prenez le temps qu'il vous faut pour être prête.

Helena prit le temps de tester son équilibre avant de tirer. Il faudrait travailler la position pour qu'elle devienne quasiment automatique, elle n'aurait pas tout ce temps en mission, canardée par les go'aulds ou autres joyeux extraterrestres du même genre.

Quand elle fut sûre de son équilibre, elle tira. Cette fois, la cible fut atteinte, mais pas en son centre.

-Ah, c'est mieux quand même, même si ça n'est pas encore parfait...

Elle revint jambes serrées, reprit la position le plus rapidement possible et essaya de tirer à nouveau. La cible fut atteinte de l'autre côté, mais pas au centre. Elle abaissa l'arme.

-Bon, ça n'a pas l'air trop difficile à utiliser, même si j'ai encore à travailler, mais est-ce qu'il y a des restrictions pour en posséder un ? Je veux dire...est-ce que c'est réservé aux militaires ? Parce que ça a l'air pratique à transporter dans une poche et j'aimerais pouvoir en emmener un sur le terrain...

Sur ce, elle sortit son petit pistolet automatique de petit calibre, quelque chose qui aurait pu presque s'apparenter à un pistolet de secours.

-Ne riez pas mais jusque-là, j'utilisais ça. C'était le seul truc avec lequel j'arrivais à peu près à viser et qui était facile à recharger...

Elle saisit l'arme, vérifia qu'elle était chargée et voulut faire une démonstration à Julia. Elle tint compte de ses conseils et changea sa position de tir. Cette fois, la balle se rapprocha un peu de la cible.

-Bon, vous comprenez pourquoi j'avais besoin de vos lumières. J'essaie toujours de viser en fermant un oeil mais ça n'arrange rien, et pour des cibles en mouvement c'est pire. Avez-vous quelques conseils à ce sujet ?

(PS HP: veux-tu que je cherche la marque et le type du pistolet ?)

hp : non ça devrait aller

Julia n'était pas une spécialiste dans le tire d'élite. C'était plutôt le crédo d'Anthony. Il aurait certainement approfondi les choses et expliqué d'une autre façon. Elle se remémora que c'était avec lui, lorsqu'elle était arrivée à la base, qu'elle s'était exercée en premier. Dans un simulateur de parcours. Et ça avait été une expérience intense et sympathique. Ils s'étaient bien amusés. Ce simulateur d'ailleurs devait encore exister et peut être qu'à la prochaine séance Helena devrait y faire un tour. Mais d'abord il fallait que la linguiste maîtrise les bases. Et ça commençait à venir. Helena sembla déplorer le fait que la balle n'atteigne pas le centre de la cible.

-  Lorsque vous tirez sur quelqu'un ce n'est pas forcément pour le supprimer. Ca peut être pour le désarmer ou le ralentir.

Elle se retint de dire que, parfois en mission, il pouvait arriver que l'on doive tirer sur des collègues sous l'emprise de télépathie.

- En règle générale mieux vaut tirer dans la tête, au niveau des yeux, car la zone du cerveau commandant les mouvements se trouvent juste derrière. Ainsi non seulement votre adversaire sera tué sur le coup, mais en plus il ne pourra pas vous tirer dessus en mourant. Mais cependant si vous n'êtes pas assez sûre autant tirer droit dans l'abdomen.

Une fois de plus Helena parvint à atteindre la cible. Elle s'en sortait vraiment bien !! L'Anglaise lui fit alors part d'une arme qu'elle possédait et qu'elle utilisait en mission. Intriguée Julia la regarda faire. Et effectivement elle semblait plus à l'aise avec celle là.

- Si vous vous sentez mieux avec ce pistolet peut être que vous devriez continuer à vous entraîner avec ? Comme je vous l'ai dit j'apprécie le zat parce qu'il laisse le bénéfice du doute. Mais ce n'est qu'une question d'affinités pas une obligation.

Helena demanda alors si elle avait le droit de posséder son pistolet. La diplomate se gratta la tête.

- J'avoue que ça me surprend de voir que les types de la sécurité vous laissent vous promener à la base avec ça. Normalement toutes les armes sont à l'armurerie, sur les équipes en missions ou...sur les gardes. Vous n'imaginez pas les formulaires que j'ai du remplir pour obtenir ce simple zat. Et je peux vous assurer que si je ne le ramène pas dans une heure on ne me ratera pas.

D'ailleurs cela démontrait une grosse faille dans la sécurité de la base. Helena ne devait pas être la seule dans cette situation.

- Je suis en train de me demander...est ce que, vous, les scientifiques vous passez au scanner à l'entrée ?

Helena se sentit un peu rassurée. Finalement, rater le centre de la cible, ce n'était pas si grave, surtout si on ne voulait pas tuer la personne en face. Cela pouvait en effet être très utile d'incapaciter, pour les empêcher de les poursuivre par exemple. Et pour avoir eu des jaffas aux trousses pas mal de fois déjà, Helena savait que ça pouvait vraiment faire la différence pour sauver l'équipe.

-Merci, c'est vraiment rassurant. A vrai dire, je n'aime pas avoir à tuer, mais je me suis déjà trouvée dans la position où c'était eux ou moi. Du coup, le zat me permettrait de ne pas avoir forcément à tuer si je n'y suis pas obligée et cet aspect de l'arme me plaît vraiment.
S'il n'y a pas de restrictions pour moi en tant que civile, je ferai une demande en bonne et dûe forme pour en emmener un à la prochaine mission. Est-ce que je dois passer par vous avant, avoir une formation supplémentaire avant d'être autorisée à en porter un ? Ils rechigneront peut-être à en donner une à une civile, non ? Je sais qu'ils n'aiment pas beaucoup qu'on soit armés...

Une fois sortie ensuite sa petite arme, Julia se trouva étonnée qu'elle puisse la porter dans la base. Helena alors expliqua:

-Vous n'imaginez pas les difficultés que j'ai eu pour l'avoir. Déjà, il m'a fallu obtenir un permis de port d'armes, ça encore, c'était le moins difficile. Ensuite, quand je l'ai ramenée, en tant que civile, j'ai dû signer une tonne de papiers et j'ai interdiction de me balader avec en dehors de la base. Je n'ai le droit de la porter dans la base que dans deux conditions: entraînement et mission. C'est tout. Si je contreviens à une de ces règles, ils me la confisqueront sans états d'âme et je n'aurai plus le droit d'être armée en mission.
Et bien sûr, ils contrôlent régulièrement qu'elle est bien là où elle doit être, dans mon casier et déchargée. Quand je la sors, je dois le mentionner dans un carnet spécial qui se trouve à l'armurerie, en présence d'un des gardes qui me donne alors les munitions que je n'ai pas le droit de posséder moi-même. C'est très contrôlé.
Et bien sûr, tous les jours en arrivant je passe sous le scanner à l'entrée et mes sacs sont vérifiés ainsi que les objets électroniques que j'utilise au quotidien. Je pense qu'il est en de même pour les autres scientifiques. Tout le monde est à la même enseigne lorsqu'il s'agit de la sécurité, vous ne pensez pas ?

Elle fronça les sourcils.

-Je pensais vraiment que c'était plus facile pour vous en tant que militaire d'obtenir une arme, après tout c'est logique que vous soyez armés non ?

Elle dit alors en récapitulant mentalement le conseil donné par Julia.

-Tirer dans la tête, oui, je vois pourquoi en effet, mais ce qui me pose un peu problème c'est tirer rapidement avec précision. Le zat résoudrait en effet ce problème puisqu'il anesthésie proprement au premier tir. Cependant, si je n'ai que mon arme et qu'on est attaqués, je n'ai pas le temps de viser correctement et je me loupe encore plus que d'habitude. Bon, je sais que dans ces cas-là toutes les balles n'atteignent pas leurs cibles, ce qui est logique, mais auriez-vous un conseil pour améliorer ma précision ? Je sais que je n'y arriverai pas du premier coup, qu'il me faudra encore de l'entraînement, mais quelque chose qui puisse m'aider pour commencer...

Décidément, cette séance serait vraiment très instructive et elle se sentait plus à l'aise maintenant avec le fait de tirer. Cela n'avait jamais été très facile pour elle mais les explications de Julia la rendaient à présent un peu moins réticente à ce genre de choses, malheureusement nécessaires sur le terrain...

Helena se sentait vraiment comprise par Julia. Elle n'aurait pas pensé qu'une militaire pourrait ainsi comprendre ses réticences de civile à tuer. Elle avait déjà dû le faire et, pire, ça avait été des humains une fois. Mais nécessité avait fait loi, même si cela lui avait tourné dans la tête plusieurs semaines.

-Merci pour vos explications, je ne manquerai pas de me munir d'un zat à ma prochaine mission maintenant que je sais m'en servir. Je comprends toutes ces démarches de sécurité, nous sommes dans un endroit sensible et je ne me vois pas porter une arme quotidiennement, je n'en aurais pas l'utilité de toute façon, on n'est jamais venu me tirer dessus au fin fond du département de linguistique...

Mais elle n'ignorait pas que, plusieurs fois, la base avait été envahie, c'était donc quelque chose à envisager, même si, avec le relèvement de la sécurité, cela n'était pas arrivé depuis un moment. Mais, vu la vastitude de l’univers, ils n’étaient à l’abri d’aucune invasion par une race monomaniaque du genre goa’uld ou Oris. La Terre était marquée d’une croix rouge sur les objectifs de quelques races, et elle en avait parfaitement conscience.

Elle écoutait attentivement ce que lui disait Julia. Elle n'était pas encore au bout du chemin, loin de là, mais elle était résolue à enfin pouvoir se défendre par elle-même, car l'expérience lui avait appris que les militaires, à qui on demandait de s'occuper de protéger les civils en plus d'eux-mêmes, n'étaient pas toujours disponibles ou étaient occupés ailleurs. Pas question d’être encore surprise et de se reprendre une balle, ça avait été suffisamment désagréable pour qu’elle ne veuille pas renouveler l’expérience.
Pour ça, comme le lui dit Julia, pas de secrets: pour tirer vite, de l'entraînement, encore de l'entraînement, toujours de l'entraînement.

A ce moment-là, elle s'attendait à continuer à tirer sur des cibles noires, mais visiblement Julia la pensait prête à passer au niveau supérieur. Cette fois, les cibles représentaient des personnes en tous genres, certaines à l'air gentil, d'autres méchantes, et elle avait trente secondes pour tirer.

Une sueur froide dévala sa colonne vertébrale. En si peu de temps, comment faire la différence entre "méchants" et "gentils" ? Il ne s’agissait pas d’abattre des innocents en prétendant tuer des terroristes, de quelque planète qu’ils soient. Tentant de retrouver ses techniques de yoga de respiration ventrale pour apaiser sa respiration et éclaircir son esprit, elle commença à viser le plus précisément possible en prenant le moins de temps possible. De droite à gauche, méthodiquement, elle visa les cibles qui avaient l'air méchant, humains comme extraterrestres, en évitant le plus largement possible les «gentils » terrorisés, mais c'était difficile dans l'action de ne pas se tromper.

Trente secondes passaient très vite, beaucoup plus vite quand on se concentre, et une sonnerie vit signaler à l’apprentie tireuse que son quota de temps était écoulé, même si elle n'était pas allée au bout des "terroristes". Elle se tourna vers Julia.

-Alors ? J’ai été comment ?