Solène Rousseau était dans ce bureau depuis peu, elle était en train de déballer ses cartons et de ranger un peu ses paperasses. Il y avait tellement de papiers partout qu'elle avait un peu honte de son bureau. Soudainement, quelqu'un frappa à la porte et demanda s'il y avait quelqu'un, c'était un homme, et plus précisément.... Jack O'Neill, elle arrêta de ranger et répondit :

"Je suis là, vous pouvez rentrer c'est ouvert !"

Le major-général rentra alors dans le bureau de Rousseau, celle-ci lui répondit alors et avec le sourire obligé :

"Bonjour général O'Neill, je suis bien le docteur Rousseau. Merci beaucoup pour cet accueil, je suis très heureuse de vous rejoindre parmi-vous, j'espère que je me ferais vite à ces lieux car c'est un peu dur au début.... J'espère que vous allez bien, en tout cas c'est un plaisir de vous voir me souhaiter la bienvenue..... Vous pouvez vous asseoir, je vous en prie."

Léger moment de silence puis elle s'assit et lui demanda :

"Comment vous sentez-vous aujourd'hui ? Vous avez l'air en forme en tout cas..."

Elle écouta sa réponse par politesse puis continua en demandant :

"J'ai une petite question à vous poser, vais-je voir tous vos hommes un par un ? Je pense qu'il serait bon pour moi comme vous vos hommes que je les vois individuellement un par un ?

Le niveau 19 n'était pas vraiment l'endroit idéal pour le bureau du Docteur Solène Rousseau mais elle n'avait pas vraiment le choix, elle ne s'en plaignait pas trop car au moins ici elle avait de la place. Elle reprit alors le rangement dans son bureau, elle ouvrit le prochain carton qui contenait les tests physiologiques.

"Désirez-vous quelque chose ?"

*S'il veut, je peux même lui faire un test psychologique. À mon avis il ne voudra jamais mais bon, on ne sait jamais après tout.... Parfois on a des surprises !*

"Vous souhaitez faire un test psychologique ? Connaître votre QI ou autre ?"

Lorsqu’il était entré dans la pièce, Jack avait senti un léger malaise, celui qu’il ressentait toujours quand il entrait dans le bureau de quelqu’un qui était spécialisé en médecine ou en autre sciences sur l’humain, comme la psychologie ou la thérapie. C’était dans l’odeur qu’il sentait, dans le confort et le silence qui régnait, qu’il se représentait cet endroit particulièrement mal à l’aise pour lui. Même si les cartons n’étaient pas encore tous défaits, il pouvait déjà ressentir cette sensation. Et dès qu’elle lui adressa la parole, il avait déjà l’impression d’être un patient parlant à son médecin. Il était dans une sorte de position de faiblesse, surtout quand il s’agissait d’une belle blonde bien gaulée. Celle-ci l’accueillie avec beaucoup de joie, ravie de rejoindre le SGC. Elle avait été briefée concernant le travail des gens ici, il n’avait donc rien à lui expliqué. Il fut surpris quand elle lui annonça qu’il semblait être en forme. Elle qui ne l’avait jamais vu, se montrait déjà très amicale à son sujet. Ca en effrayait presque le Général, qui accepta de s’asseoir pour quelques minutes.

« Eh bien oui je vais très bien, merci. Vous n’avez pas à vous en faire pour moi. Même si j’ai l’air d’être un de ces officiers vétéran qu’il faut vite envoyer à la casse, je vous assure que je tiens toujours la route. »

Avec un œil en moins et une prothèse à la place de sa jambe gauche, il y avait de quoi se poser des questions après tout. O’Neill supportait bien cette vie malgré les rudes périodes qu’il avait pu connaître. Et il n’avait pas besoin de paraître fragile ou faible devant la psy, sinon il allait avoir le droit à une petite discussion sur lui-même, qu’il n’avait pas particulièrement envi d’avoir.
D’ailleurs, elle demanda si c’était possible de voir tous ses hommes un par un. Le Général pouffa de rire légèrement, étonné par une telle proposition.

« Désolé, hum… Beaucoup de mes hommes ont sans doute besoin d’un spécialiste comme vous. Mais beaucoup d’autres, non… Je pense que c’est à eux de choisir, de venir délibérément. Je ne vois pas pourquoi je les obligerais à venir, c’est à eux de le vouloir même si ce n’est pas toujours évident, je vous l’accorde. »

Et voilà qu’elle profitait de sa présence ici pour lui sortir un de ses tests psychologiques à la con. Jack aurait pu le parier, mais il ne s’était pas attendu à ce qu’il soit emmerdé aussi vite, dès le premier jour, dès leur première conversation… La prochaine fois, il resterait dans son bureau à lui et enverrait un fax de bienvenue.

« Ca va aller, c’est gentil à vous mais… J’ai eu ma dose par le passé. Vous vous doutez que pour qu’un homme dans mon état puisse commander cette base, c’est qu’il m’a fallu passer pas mal de tests pour prouver que je ne suis pas fou. »

Il resta assis, à jouer avec les accoudoirs de son siège. Il lui avait demandé s’il voulait quelque chose, mais rien de ce qu’elle pouvait avoir ne l’intéressait. Il ne pouvait pas fumer dans l’enceinte de la base sans que ça se fasse remarquer, et boire un coup n’était sûrement pas envisageable ici. Jack n’espérait pas de voir une bouteille de whisky cachée sous le bureau de la dame. Pourtant c’était bien les seules choses dont il avait besoin sur l’instant immédiat, boire et fumer.
Ne pouvant faire ni l’un ni l’autre, il décida de ne rien faire, ne bougeant presque plus mis à part ses yeux, qui tournèrent lentement pour se poser sur les fessiers de Rousseau, puis descendant le long de ses jambes. Tout ça discrètement bien sûr, tandis qu’elle sortait d’un carton quelques dossiers sur la psychologie.

« J’ai cru apprendre que vous étiez astrologue, n’est-ce pas ? … C’est une chance pour vous de venir travailler sur une base qui a pour habitude d’envoyer des hommes et des femmes voyager à travers les étoiles, pas vrai ? » Il sourit un peu, pensant que la réalité rattraperait vite les illusions et les prévisions du docteur Rousseau en terme d’astrologie.

« Vous ne verrez jamais les étoiles d’aussi prêt, croyez-moi. »

Une fois de plus, la Docteur avait montré son enjouement, son euphorie même, à l’idée de travailler dans cette base. Sa motivation n’allait probablement pas durer éternellement, quand elle entrerait dans le vif du sujet, elle verrait que ce n’était pas un travail comme les autres. C’était dur parfois, et si elle risquait de partir en mission une fois ou deux, elle comprendrait bien vite qu’il fallait être préparé psychologiquement ou être fort mentalement pour tenir bon. Jack était un soldat qui côtoyait trop souvent les civils et scientifiques et il avait appris à les connaître. C'était simple, il ne donnait pas trois mois à Rousseau avant qu’elle ne craque et ne remette sa démission sur son bureau. Il tint donc les paris avec son autre lui, sans enjeu bien sûr.

« Je suis sûr que vous trouverez facilement votre place parmi nous. » Derrière son sourire de façade, il pensait bien évidemment le contraire. C’était comme ça, dans sa nature… Il était déjà persuadé qu’elle n’irait pas loin dans sa nouvelle fonction au SGC.

« Un chiffre ? Euh eh bien… » Il attendit qu’elle termine sa phrase, l’ayant pris au dépourvu sur ce coup. « Euh alors, euh… »

Jack se demanda si c’était une blague. Il essaya un bref instant de faire le premier calcul, puis il renonça. Non mais, il n’avait pas le temps de jouer aux petites devinettes ! Si c’était son trip, il aurait déjà été faire joujou en maison de retraite avec des vieilles reliques de la société. Et puis il avait la flemme, surtout. Un peu désabusé par ce petit test de magie, car pour lui ce n’était rien d’autre que de la magie, une illusion créée grâce à une entourloupe et des techniques de trucages discrètes, il fit mine de réfléchir dans sa tête et de jouer le jeu. Il ne voulait pas décevoir, ou ne serait-se froisser, cette si jolie femme à peine arrivée au SGC.

« C’est bon, je l’ai. »

Son mensonge fut presque trahi par un léger sourire qui failli naitre au coin de sa bouche. Mais Jack se retint et garda un air sérieux, faisant comme s’il était impliqué à cent pourcent dans cette démarche.
Quand elle lui annonça que les Kiwis ne poussaient pas au Danemark, il failli éclater de rire mais fit preuve d’une force et d’une volonté extraordinaire pour rester de marbre, et accueillir cette réponse avec étonnement, l’œil grand ouvert et bouche bée.

« C’est exactement ce que je pensais… »

Un sifflement d’admiration et de respect se fit entendre de la bouche du Général, qui fit comme s’il n’en revenait pas. Et tout ça pour faire plaisir à Rousseau, et aussi parce que ça l’amusait de se payer sa tête sans qu’elle ne s’en rende compte. Il était bon acteur quand il savait garder son sérieux.

« Je suis impressionné, docteur… Par contre, sans vouloir vous mettre la pression, vous savez bien évidemment qu’il va falloir plus que ça pour soigner les… souffrances, de mes hommes. La plupart d’entre eux ont besoin d’être écouté et soutenu, pas d’assister à un tour de passe-passe. »

Il lui fit un grand sourire afin qu’elle digère un peu mieux ses paroles. Il attendit sa réponse, en espérant au fond de lui qu’elle ne l’occuperait pas trop longtemps. Il ne croyait pas aux techniques du docteur, les ayant déjà expérimentées lui-même. C’était un domaine qu’il ne connaissait pas, qu’il ne comprenait pas... O’Neill était un homme de terrain qui avait besoin de concret. Et pour lui, l’arrivée de Rousseau ne représentait qu’un salaire en plus à payer, rien d’autre, et encore moins un réel avantage tactique dans la guerre contre les goa’ulds.

Finalement, O’Neill était moins bon acteur qu’il ne l’avait pensé. Le Docteur Rousseau semblait avoir remarqué qu’il s’était joué d’elle, ne la prenant pas au sérieux. Mais pourtant, elle lui fit la morale à propos d’un compromis entre le sérieux, la rigueur, et entre la rigolade et la hiérarchie de cours d’école. Bref, cela mis mal à l’aise le Général car il ne pensait pas avoir été si vexant que ça à l’égard du doc, sauf peut-être dans sa tête, mais en aucun cas il ne l’avait formulé à haute voix.
Elle avait deviné semble-t-il, par son attitude ou son ton ironique qu’il avait tant de mal à cacher, qu’il se souciait peu de son avenir au SGC et qu’il pensait qu’elle aurait du mal à faire son trou ici, dans cette base. Et apparemment, elle avait eu du mal à digérer le « tour de passe-passe », terme qu’il avait employé juste avant.

« Est-ce que j’ai dit que vous étiez incompétente ? Je vous fais confiance… Si j’ai approuvé votre arrivée ici ce n’est pas pour faire beau ou pour respecter la parité dans ma base. Aux dernières nouvelles, j’engage des gens compétents pour faire marcher ce programme. »

Le ton de Jack était monté d’un cran, légèrement énervé par la tournure que prenait la conversation. Elle n’avait pas tout à fait tort, mais certaines choses ne se disaient pas, encore moins lors d’un premier jour d’activité au sein du service. O’Neill s’appuya sur les accordoirs pour commencer à se relever, doucement, soupirant de fébrilité au moment de pousser sur sa prothèse jambière pour se redresser.

« Et sachez que ce sont avec des bras en métal, comme vous dites, et des cerveaux fins stratèges, qu’on arrive à défendre cette planète contre la menace Goa’uld. » Il fit une légère pause, se demandant si cette femme ne vivait pas dans un autre monde.

« Je ne critiquerais pas vos méthodes, et je ne vous jugerez pas. Mais ne venez pas me faire la leçon sur le courage, la peur et la mort… Moi trop sérieux ? Vous ne me connaissez pas… Vous ne savez rien de moi et c’est très bien comme ça. Faites votre job utilement, c’est tout ce que je vous demande. Je pense qu’on est d’accord ? »

Il était sur le point de faire demi-tour et de s’en aller. Cette première conversation avait été un peu musclée, mais Jack détestait qu’une civile sortie de nulle part lui fasse la morale de cette manière. Elle aurait plutôt du faire profil bas et attendre de faire ses preuves, avant d’ouvrir sa grande bouche pleine d’arrogance et de naïveté.

« Un test de nervosité ? » Décidemment, O’Neill avait tout entendu dans cette conversation.

« J’ai l’impression que vous vous jouez de moi comme ça vous arrange, docteur… Et si je vous disais que moi, je vous avez fais passé un petit test de confiance ? Oui, non ? » Il s’était retourné avec un air de défis, sans se montrer trop énervé, mais loin d’être amical pour autant.

« Je vous dis que vous aurez facilement votre place, que je vous ferais confiance, et vous me répondez comme si j’étais contre vous… Je ne sais pas ce que vous cherchez à faire mais votre méthode ne marche pas avec moi. Pas plus que ça ne marchera avec mes hommes. Croyez-moi. »

O'Neill n'était pas le plus diplomatique des officiers supérieurs. Mais il n'avait pas à se jusfitier non plus, il avait accepté de joeur le jeu et elle s'était retournée contre lui, comme s'il lui avait mis des batons des les roues. Il avait déjà trop d'ennui pour en plus se prendre la tête avec cette gonzasse. Il salua donc brièvement cette sociopathe en manque d’autorité et se dirigea vers la porte, marmonnant des dernières paroles, calmement, quand à la réponse pour savoir s’il allait bien.

« Ca ne regarde que moi. Je n’ai plus de temps à perdre ici. Bonne chance docteur. »

Il franchi les derniers pas qui le séparèrent de la porte d’une vitesse raisonnable vu son état. Il poussa la porte, passa le seuil et la referma derrière lui. Il laissa le docteur Maboule seule avec ses tests à la con et sa paranoïa envers les militaires, et parcourut le couloir pour retourner au niveau 27. Tout de suite, l’air lui parut plus frais et agréable, oubliant vite cette première rencontre assez spéciale entre lui et la psy… Une chose était sûre, il ne remettrait pas les pieds aussi tôt dans le bureau du Docteur Rousseau.