L’annonce d’Andy Riedel avait été des plus pénibles. O’Neill avait enduré son discours comme un torture, une lame de couteau qu’on avait planté et retourné plusieurs fois dans sa chaire. Il n’était pas dupe, l’attaque à Washington avait été très bien calculée et avait réussi à mettre Layer et Davis hors de nuire. Là où ils avaient échoué, c’était que lui était toujours en vie et assez lucide pour se rendre compte que seule une organisation dangereuse et puissante pouvait être capable d’un tel coup, en pleine rue de la capitale.
Le Général entra dans la salle d’embarquement, épuisé et submergé par les évènements qui se passaient. Il sentait un changement, un changement crucial dans le fonctionnement de cette base. Quelque chose dont il fallait se méfier et dont il fallait se tenir prêt, au risque de tomber dans le chaos total. La plupart du personnel ne se rendrait peut être pas compte de l’importance de cette transformation, du moins pas au premier coup d’œil…
Quand Riedel affirma être du NID, Jack ferma les yeux pendant quelques secondes, encore plus exténué et écœuré. Ses doutes s’étaient confirmés et il était déjà trop tard pour intervenir dans quoi que se soit. Cet homme avait reçu la bénédiction du CIS et le président de ce pays ne devait pas se rendre compte de l’importance du changement qui se tramerait au SGC. Les paroles du nouveau commandant étaient futiles, chaque mots étant un mensonge cachant la réelle nature de cet homme : dangereuse et sans pitié.
Quand il eut terminé, il partit de la pièce et invita Jack à le suivre à son bureau. Le Général accepta, prêt à tout désormais. Il aperçut Evans Dablord parmi les potes à Riedel et il ressentit un profond sentiment de traitrise, comme si on l’avait poignardé dans le dos. Jack se souvenait encore du rapport qu’il avait lu sur une planète qui avait été occupée par une cellule du NID, et Evans y avait été longuement retenu prisonnier et torturé. Décidemment, O’neill ne comprenait plus rien à ce qu’il se passait et accepta de suivre Riedel, n’ayant pas vraiment le choix de toute manière… Il se laissa emporter dans cette mascarade, impuissant et découragé.

Quand ils arrivèrent au bureau, le nouveau commandant du SGC prit place sur le siège en cuire normalement occupée par le Général. Ce dernier s’assit sur le siège d’en face. Deux agents en costume étaient près de la porte, qui était ouverte. Cette discussion n’avait pas l’air d’être privée et cela gêna grandement O’Neill. Il s’attendit à être caressé dans le sens du poil par son interlocuteur, et c’est exactement ce qu’il se passa au début de leur conversation.

« Si vous le dites. » Répondit seulement le Général, encore épuisé de ce qu’il avait vécu ces derniers jours.

« Je peux vous assuré Général, que vos hommes sont entre de bonnes mains, vous pouvez partir tranquille. »

Cela fit « tilt » dans la tête de Jack, qui ne lâcha pas Riedel du regard. Il mit un temps à saisir l’information, entre-ouvrant la bouche pour essayer de parler, mais coupé par l’homme du NID qui lui annonça implicitement qu’il était temps pour lui de déposer les armes et de finir sa vie « tranquillement » dans sa maison de campagne. Un choc pour l’officier militaire qu’il était, au point qu’il crut avoir une crise cardiaque.

« Quoi ? C’est une blague ? »

Il était temps de profiter ? Profiter de quoi ? Il était revenu exprès dans le service actif car il savait que sans le SGC et l’armée il n’était plus rien. Il était revenu car il avait trouvé un but et un objectif dans sa misérable existence alors de quoi pouvait-il bien profiter si on le voulait plus de lui ici ? C’était un moyen bien poli de l’écarter du pouvoir de cette base avant la prochaine nomination d’un commandant permanent au sein de cette base. L’idée d’abandonner ce bureau et ses hommes à un membre du NID lui donnait envi de gerber.

« Moi partir tranquille ? Après tout ce qu’il s’est passé ? » Jack ria au nez de Riedel. « Vous me connaissez mal... Donnez-moi une seule bonne raison de croire à vos mensonges et de vous laisser les rênes de cette base, mon cher... collègue. »

Jack se retint de lui envoyer son poing en plein figure. Il savait que la provocation était l’une des marque de fabrique du NID mais il avait toujours autant de mal à y faire face, à accuser le coup et à faire profil bas. Il se faisait traiter, dans son propre bureau, et prêt à se faire mettre à la porte par ce bouffon. Riedel parlait comme s’il savait tout alors qu’il ne savait rien. Un tissu de mensonges se propageait à chacune de ses paroles, telle une araignée tissant sa toile. O’Neill n’entra pas dans son jeu, difficilement, et fit comme s’il se fichait royalement de l’avis de Riedel quant à son état physique.

« Vous vous trompez, je tiens trop à mes hommes pour les laisser pourrir entre les mains du NID comme de vulgaires marionnettes. » Evidemment, Evans Dablord n’était plus concerné par ses dires.

Mais sa réplique s’évapora en quelques secondes, telle la mouche prise au piège dans la toile de l’arachnide. Andy se moqua presque de lui et lui proposa la retraite à nouveau. Il lui conseilla de partir à la pêche, une manière subtile de faire comprendre au Général qu’il ne pouvait pas cacher grand-chose à son ennemi. Ils avaient des espions partout, ici et en dehors du SGC. Les murs avaient des oreilles et les arbres des yeux. Jack s’attendait déjà à subir une attaque criminelle, une fois qu’il partirait au Minnesota avec son poncho et son équipement de pêche. Il n’était pas dupe. Il avait vécu cette situation que trop de fois déjà auparavant… Mais le NID attendra avant d’agir, jouant d’abord sur ce moyen de pression pour l’obliger à se découvrir et à le pousser à l’erreur.

« Je n’aime pas pêcher l’anguille vous savez. » Répondit-il pour jouer un peu avec lui, montrant par ailleurs que cette nouvelle provocation n’avait eu aucun effet sur lui.

Puis Riedel sortit un dossier où le nom du Général était inscrit en son centre. Il le lui tendit la paperasse et un stylo, pour qu’il signe un document officiel stipulant qu’il voulait céder sa place au SGC et dans toute activité militaire pour partir à la retraite, et qu’il serait décoré pour les services rendus à la nation. Une piètre plaisanterie de mise en scène, mais qui était signée par la main du Président des Etats-Unis lui-même. Cette découverte laissa Jack sans voix, qui tenait fébrilement le stylo dans ses mains.

« Je DOIS l’accepter… » Il répéta plusieurs fois les mots prononcés par Andy, comme s'il s'agissait d'un révélation.

« Je dois.. ? » O’Neill se leva de son siège, reprenant sa béquille et vérifiant que les deux gorilles étaient toujours à la porte, ce qui était le cas. Il fixa de son seul œil le visage de l’imposteur qui se tenait en face de lui et balança le stylo sur son bureau, roulant le long de celui-ci avant de tomber par terre.

« Je suis Jack O’Neill, Général de l’US Air Force. Et je le resterais. J’ai un passé militaire et un palmarès qui surclasse largement le votre, si tel il existe… Je tuais déjà des rebelles afghans en masse et je m’en servais comme sac de couchage avant même que vous ayez eu votre premier poil sur le bide. » Le regard de Jack était enragé, le mettant au défi de le provoquer une nouvelle fois. Il exagérait un peu dans ses propos bien que symboliquement, il n’avait pas tord. Il reprit lentement son calme, regardant Andy Riedel de haut.

« Je suis devenu un militaire au service de mon pays et de la planète entière… Je l’ai sauvée des dizaines de fois et vous ? Qu’avez-vous fait pendant tout ce temps ? » Jack cracha par terre et commença à faire demi-tour, son visage traduisant toute la haine et la colère qu’il pouvait ressentir à ce moment là.

« Vous savez où me trouver. » Dit-il en quittant la pièce, passant entre les agents du NID comme s’il se foutait de leur présence.

Il fallait qu’il quitte cet endroit remplis de taupes, de traitres et de connards… Et qu’il réfléchisse à l’avenir l’esprit tranquille.